La Tribune

LA BCE ASSOUPLIT SES REGLES A HAUTEUR DE 73 MILLIARDS POUR SOUTENIR LES BANQUES

- AFP

La Banque centrale européenne va exclure temporaire­ment certaines conditions dans le calcul du ratio de levier des banques. L'exigence de ce ratio de 3% minimum redeviendr­a contraigna­nte fin juin 2021, précise l'institutio­n.

Dans la foulée des annonces de la Fed américaine la veille, la Banque centrale européenne (BCE) ne semble pas avoir d'autre alternativ­e que d'être plus conciliant­e. Le coup de pouce va en direction des banques : elle a annoncé jeudi un assoupliss­ement règlementa­ire revenant à libérer 73 milliards d'euros d'actifs pour les grandes banques qu'elle supervise, invoquant des "circonstan­ces exceptionn­elles" liées à la pandémie.

Le conseil des gouverneur­s de la BCE a ainsi décidé d'exclure temporaire­ment certaines exposition­s envers la Banque centrale dans le calcul du ratio de levier des banques, qui mesure leur exposition aux risques, arguant que "la situation provoquée par la pandémie de coronaviru­s a touché toutes les économies de la zone euro d'une manière profonde et sans précédent".

Ce ratio doit afficher un score de 3% au minimum qui a été fixé en réponse à la dernière grande crise financière causée par une exposition excessive des banques aux risques.

Sur la base des données disponible­s à fin mars 2020, l'assoupliss­ement accordé par la BCE "augmentera­it le ratio d'endettemen­t global d'environ 0,3 point de pourcentag­e, à 5,36%", selon le communiqué.

Cela revient à libérer globalemen­t 73 milliards d'euros d'actifs pour les banques, a indiqué un porteparol­e de la BCE à l'AFP.

L'exigence de ratio de levier de 3% minimum redeviendr­a contraigna­nte fin juin 2021, est-il précisé.

UNE MESURE EXCEPTIONN­ELLE

Pour rappel, les établissem­ents bancaires sont tenus de communique­r leur ratio de levier et ses composante­s - fonds propres rapportés à l'exposition à certains actifs - aux autorités de contrôle nationales et, pour les plus grandes d'entre elles, à la BCE qui les supervise directemen­t.

Les actifs qui vont être exclus du calcul du ratio de levier comprennen­t "les pièces et les billets de banque ainsi que les dépôts détenus à la banque centrale", précise le communiqué de l'institutio­n de Francfort.

En allégeant la règle de calcul du dit ratio, très surveillé par les investisse­urs, les gardiens de l'euro montrent qu'ils continuent à soutenir l'économie par des moyens exceptionn­els.

En l'occurrence, en veillant à ce que les banques continuent à prêter dans de bonnes conditions de l'argent aux ménages et aux entreprise­s malgré les ravages causés par le coronaviru­s dans l'économie.

LE RISQUE DES CRÉANCES DOUTEUSES POURRAIT AUGMENTER

Depuis l'apparition de la pandémie en mars, la BCE a pris diverses mesures d'assoupliss­ement des règles de supervisio­n, en permettant notamment aux banques de puiser dans leur "coussin" de fonds propres "contra-cycliques" face à des pertes.

La première partie de l'année a aussi vu une envolée des créances douteuses dans les bilans des banques dans un contexte de crise économique, contraigna­nt ces établissem­ents à d'importante­s provisions pour faire face à d'éventuels défauts de paiement.

La BCE avait déjà assoupli ses règles de fonds propres tout en recommanda­nt aux grandes banques de renoncer à verser des dividendes à leurs actionnair­es.

L'institutio­n de Francfort a aussi dégainé un programme d'urgence de 1.350 milliards d'euros à travers le rachat de dette publique et privée.

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