La Tribune

MALGRE SES ANNONCES DE SOUTIEN, LA FED LAISSE LES MARCHES DANS LE DOUTE

- AVEC AGENCES

La Bourse de Paris plongeait à l'ouverture jeudi, au même titre que les principale­s places européenne­s, et ce malgré la confirmati­on d'un changement de cap vers des mesures très accommodan­tes de la part de la Réserve fédérale américaine.

La Fed n'a pas réussi à rassurer les marchés. Ses annonces de soutien massif à l'économie et les incertitud­es latentes les laissent très dubitatifs. Ce jeudi matin, la Bourse de Paris se dirigeait vers une ouverture en nette baisse. A Paris, la Bourse broyait du noir à l'ouverture, en recul de 1,35%, de concert avec les principale­s places européenne­s.

Pourtant, la Fed a voulu donner quelques notes d'optimisme mercredi soir lors de sa conférence de presse. Côté taux d'intérêts d'abord, pas de surprise: ils demeurent inchangés, restant au plus bas, dans la fourchette de 0 à 0,25% où elle les avait abaissés en urgence en mars, face à la propagatio­n du Covid-19 aux Etats-Unis et à la mise en place des mesures de confinemen­t.

"Ce que nous disons dans les faits, c'est que les taux resteront très accommodan­ts jusqu'à ce que l'économie ait largement entamé sa reprise", a dit le président de la Fed, Jerome Powell, lors d'une conférence de presse.

Ils devraient le rester au moins jusqu'en 2023. L'objectif est d'atteindre rapidement l'objectif fixé à 2% d'inflation, tout en compensant les périodes d'inflation faible. Cela marque un changement de stratégie de la part de la Fed.

"Cela devrait constituer une déclaratio­n très puissante de soutien à l'activité économique" et favoriser un retour plus rapide à 2% d'inflation, a-t-il ajouté.

Aussi, l'institutio­n a expliqué ainsi qu'elle maintiendr­a ses achats d'obligation­s d'Etat au moins au rythme actuel de 120 milliards de dollars par mois afin d'assurer le maintien de conditions financière­s "accommodan­tes".

La veille, suite à ces annonces, Wall Street retrouvait le large, avant d'être aussi rattrapée par la baisse des valeurs technologi­ques. Les rendements des bons du Trésor montaient et le dollar s'appréciait face aux autres grandes devises, ramenant l'euro sous le seuil de 1,18.

L'ÉCONOMIE AMÉRICAINE DEVRAIT S'EN SORTIR UN PEU MIEUX QUE PRÉVU

Pourtant, l'économie américaine devrait s'en sortir un peu mieux que prévu en 2020, mais le retour à la situation florissant­e du début de l'année est encore loin et la crise touche les Américains de manière très inégale.

La récession sera moins forte que prévu et l'emploi devrait se redresser plus vite. Pour autant, le rythme de la reprise aux Etats-Unis est "hautement incertain", a reconnu le président Jerome Powell.

"Je dirais qu'il faudra du temps pour (retrouver) l'expansion" économique, a-t-il commenté.

La chute du produit intérieur brut des Etats-Unis devrait être moins brutale que prévu en 2020, avec une baisse de 3,7%, au lieu des 6,5% prévus en juin, lors des dernières prévisions de la Fed.

En revanche, le rebond qui suivra sera lui aussi moins fort: 4% en 2021 et non 5%, et 3% en 2022 au lieu de 3,5%, puis 2,5% en 2023.

"La reprise de l'économie va dépendre étroitemen­t de l'évolution du virus", a déclaré dans un communiqué la Fed, qui a conclu sa dernière réunion monétaire avant l'élection présidenti­elle du 3 novembre, théâtre d'un duel entre le républicai­n Donald Trump et le démocrate Joe Biden.

L'OBJECTIF DU RETOUR AU PLEIN EMPLOI

Le taux de chômage devrait aussi être moins élevé que prévu, à 7,6% en 2020, contre 9,3% estimés en juin.

Le mois de février semble loin, avec son taux de chômage au plus bas depuis 50 ans, à 3,5%, qui n'est toutefois "pas un chiffre magique", a-t-il dit. Il reste "un long chemin" avant de retrouver le plein emploi, a estimé Jerome Powell.

L'emploi maximum est l'objectif sur lequel la Réserve fédérale a décidé de concentrer ses forces. Permettre à tous les Américains d'avoir un emploi est en effet la meilleure manière pour la Fed de relancer durablemen­t la machine et de réduire les inégalités.

Pour y aboutir, elle a récemment procédé à un changement majeur dans sa politique monétaire, autorisant temporaire­ment une inflation supérieure à l'objectif de 2% annuel, sans augmenter les taux d'intérêts, comme elle l'aurait fait jusqu'à présent.

Ainsi, la Fed a révisé à la hausse son objectif d'inflation, et table désormais sur 1,2% en 2020, contre 0,8% prévu, et pense atteindre l'objectif des 2% en 2023.

Jerome Powell a aussi insisté sur l'importance de nouvelles aides gouverneme­ntales pour les ménages et entreprise­s, condition sine qua non pour relancer la machine économique.

Une nouvelle aide aux ménages et entreprise­s américains est "probableme­nt nécessaire" pour permettre à l'économie du pays de se relever, a-t-il insisté.

La Maison Blanche et les élus du Congrès négocient depuis un mois et demi, en vain. Les discussion­s piétinent notamment sur le montant de l'enveloppe, les républicai­ns refusant d'approuver l'ensemble des fonds demandés par les démocrates.

Le ton était toutefois bien plus optimiste mercredi et Donald Trump a pressé les élus de son camp au Congrès de proposer des enveloppes plus fournies afin d'aboutir à un accord.

(Avec AFP)

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