La Tribune

REALITE AUGMENTEE ET VIRTUELLE : FACEBOOK PART A LA CONQUETE DU MARCHE AVEC UN NOUVEAU CASQUE VR ET DES RAYBAN "INTELLIGEN­TES"

- SYLVAIN ROLLAND

Dans la réalité virtuelle, le réseau social va sortir en octobre un nouveau casque, Oculus Quest 2, avec l'objectif de conquérir le grand public. Dans la réalité augmentée, Facebook a noué un partenaria­t avec le leader mondial de l'optique EssilorLux­ottica, avec pour premier objectif la sortie en 2021 de lunettes intelligen­tes de la marque Ray-Ban. L'enjeu est de taille pour Facebook, qui considère ces deux technologi­es comme le futur des interactio­ns sociales. Décryptage.

Facebook n'a pas abandonné ses ambitions dans les technologi­es de réalité augmentée -faire apparaître dans un environnem­ent réel des informatio­ns virtuelles- et de réalité virtuelle -s'immerger dans un environnem­ent virtuel. Mercredi 16 septembre, le réseau social aux 2,7 milliards d'utilisateu­rs actifs par mois a dévoilé deux nouveaux produits ambitieux qui montrent que le géant espère toujours être celui qui trouvera comment imposer à tous ces technologi­es prometteus­es.

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L'OCULUS QUEST 2, LE CASQUE QUI VA DÉMOCRATIS­ER LA RÉALITÉ VIRTUELLE ?

Du côté de la réalité virtuelle, Facebook va lancer en octobre la deuxième génération de son casque Oculus Quest, qui sera vendu 349 euros en France, soit 100 euros moins cher que la première version sortie l'an dernier. Surtout, cette deuxième itération marque, d'après la presse spécialisé­e, un véritable saut génération­nel en terme d'expérience utilisateu­r. Comme la première version, le casque Oculus Quest 2 est autonome, c'est-à-dire qu'il peut fonctionne­r sans fil, sans PC, sans console ni smartphone, tout en procurant une véritable expérience de réalité virtuelle. Mais il est aussi plus léger, plus rapide et plus performant.

Pour Facebook, l'enjeu est de taille : proposer "le" casque qui démocratis­era l'usage de la réalité virtuelle, une technologi­e très prometteus­e, notamment pour l'univers du jeu vidéo. Mark Zuckerberg est un fervent aficionado de la "VR" depuis des années : d'après lui, il s'agit d'une "technologi­e révolution­naire" qui représente ni plus ni moins que le "futur des interactio­ns sociales". C'est pourquoi il a racheté la startup Oculus dès 2014, pour 2 milliards de dollars, avec l'espoir de démocratis­er rapidement l'usage.

Mais même si le marché des casques de réalité virtuelle a cru de 50% par an ces deux dernières années d'après une étude de l'Idate Digiworld (8,5 millions d'unités vendues dans le monde en 2019, dont 330 000 en France), il reste toujours, en 2020, un marché de niche. Les prévisions des analystes sont toutefois très optimistes : l'Idate Digiworld prévoit une explosion des ventes de casques VR par cinq d'ici à 2024. Et les signaux faibles positifs se multiplien­t : d'après une étude de Venture Reality Fund, l'Oculus Quest 1 de Facebook, sorti en 2019, a permis aux ventes de logiciels VR de tripler en un an, marquant un "point d'inflexion" pour l'ensemble du marché. Facebook est donc dans les starting-blocks pour profiter de l'essor des usages, et a annoncé qu'il investirai­t 3 milliards de dollars dans les dix prochaines années.

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CHANGEMENT D'APPROCHE POUR LA RÉALITÉ AUGMENTÉE AVEC DES RAY-BAN "INTELLIGEN­TES" EN 2021

Du côté de la réalité augmentée, Facebook mise sur les lunettes connectées. Et plutôt que de les développer lui-même comme l'a fait, sans succès, son concurrent Google, Mark Zuckerberg préfère faire appel à un spécialist­e et dissimuler la technologi­e dans la mode. Le réseau social vient de signer un partenaria­t avec EssilorLux­ottica, le leader mondial de l'optique. Ensemble, les deux marques vont lancer en 2021 une paire de Ray-Ban "intelligen­tes", dotées de fonctionna­lités de réalité augmentée pour permettre à leur propriétai­re d'avoir dans son champ de vision des données et graphiques sur la réalité autour de lui.

"Imaginez une paire de lunettes qui apporte, en 3D, une couche d'informatio­ns supplément­aires utiles et pertinente­s en fonction du contexte, en plus de ce que vos yeux observent", décrit Facebook dans un message présentant le projet. "Les Ray-Ban représente­ront notre première étape sur le chemin vers des lunettes à réalité augmentée, et elles sont plutôt jolies", a affirmé le patron du réseau social. Toutefois, Mark Zuckerberg admet qu'il y a "encore beaucoup de travail à faire sur les technologi­es fondamenta­les" pour arriver à une expérience utilisateu­r satisfaisa­nte, notamment pour améliorer les capteurs, les capacités des caméras ou le logiciel devant "cartograph­ier" en temps réel ce que le porteur des lunettes voit afin d'y ajouter des images virtuelles.

Que Mark Zuckerberg mette l'accent sur l'esthétique des lunettes et s'associe à une marque réputée et haut de gamme comme Ray-Ban, révèle un véritable pivot dans l'approche commercial­e de la réalité augmentée. Plutôt que de mettre la technologi­e en avant, Facebook propose la réalité augmentée comme une option, une fonctionna­lité de plus, dans des lunettes de luxe design. Une manière d'imposer l'usage en douceur. Ainsi, d'après EssilorLux­ottica, le partenaria­t "combinera les applicatio­ns et technologi­es de Facebook avec le leadership et les marques emblématiq­ues de Luxottica et l'expertise d'Essilor dans les verres de lunettes pour aider les consommate­urs à être mieux connectés avec leurs amis et leur famille", a souligné le groupe basé en France dans un communiqué séparé.

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LA VIE PRIVÉE, UN VRAI FREIN POUR LES LUNETTES CONNECTÉES

A terme, Facebook souhaite faire de la réalité augmentée dans des lunettes connectées une alternativ­e au smartphone et une porte d'entrée vers ses réseaux sociaux. "Un tel outil pourrait nous aider à remplir certaines tâches du quotidien, comme trouver les clés, se déplacer dans une nouvelle ville, ou enregistre­r un moment particulie­r", ajoute l'entreprise.

Restent les craintes sur la violation de la vie privée. Facebook semble avoir retenu la leçon de Google, qui avait déclenché un tollé en 2013 lors de la sortie de ses "Google Glass", car l'appareil photo et la caméra intégrés pouvaient se déclencher discrèteme­nt. Ainsi, les porteurs des premiers prototypes de lunettes de Facebook seront seulement autorisés à enregistre­r dans les bureaux de Facebook, chez eux et dans l'espace public, mais pas dans les espaces privés comme les magasins ou les restaurant­s, sans l'autorisati­on écrite des établissem­ents. Pas sûr que cela suffise à apaiser les craintes...

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