La Tribune

POUR FINTEL, L'AVENIR DE SON ALGORITHME EST DANS LE PRET

- REMI BALDY

La start-up marseillai­se utilise un algorithme qui passe au peigne fin une centaine de critères pour établir le profil des demandeurs de crédits. Un moyen de gagner du temps pour les banques et de ne plus passer à côté de certaines typologies. L'ambition est maintenant de permettre la contractio­n d'un prêt directemen­t en ligne.

A l'heure où la plupart des banques vantent leur transforma­tion numérique, des démarches se réalisent toujours à la main. Comme l'analyse du profil des demandeurs de crédits. Une étape qui pour Jonathan Dahan, ancien data scientist dans le secteur bancaire, n'a pas besoin d'une interventi­on humaine. "Le banquier se sert des documents qu'on lui donne, et qui peuvent être falsifiés, les recoupe puis décide d'accorder ou non le prêt sur la base de trois ou quatre critères, cela peut s'automatise­r", explique-t-il.

Pour passer des paroles aux actes, il fonde en janvier 2019 avec Nick van Roekel la société Fintel. "Nous proposons un bouton à intégrer sur un parcours de souscripti­on de crédit, dans un email ou même un SMS, en appuyant dessus cela autorise le partage de certaines sources de données à Fintel. Il s'agit des relevés bancaires et du profil Linkedin, s'il existe, pour faire office de CV", détaille Jonathan Dahan.

"LES BANQUES ÉVITENT DE RATER DU MONDE"

Ce processus permet à la start-up marseillai­se de six personnes de profiter de la directive sur les services de paiement, dit DSP2, qui oblige une banque à fournir ces éléments si son client le demande. "Cela évite de se baser sur des fausses pièces car elles viennent directemen­t de la banque", précise le dirigeant.

Une fois tous éléments récupérés, Fintel utilise un algorithme pour analyser une centaine de critères. Parmi lesquels le revenu, l'endettemen­t, s'il y a des traces de comporteme­nts à risque comme une trop grosse dépense d'argent dans les jeux et les achats compulsifs ou encore le secteur d'activité de l'emprunteur. Le but final étant de décréter si le profil identifié est solvable ou non.

"Cela permet pour les demandeurs de crédits qui ont des profils qui ne sont pas dans les standards, comme les free-lances, alors qu'ils sont solvables de ne pas être écartés, défend Jonathan Dahan. Pour les banques cela leur évite de rater du monde, ce qui est très important parce que l'emprunt est l'un des principaux moyens pour acquérir de nouveaux clients". Le dirigeant note également que la définition des profils permet aux créanciers de proposer des produits plus adaptés selon les comporteme­nts.

ET BIENTÔT LE PRÊT DIRECTEMEN­T EN LIGNE

La start-up marseillai­se vend sa solution depuis septembre dernier aux banques, aux sociétés de leasing ou aux administra­teurs de biens. Elle compte actuelleme­nt un peu moins d'une dizaine de clients, dont 20 % à l'étranger notamment au Brésil. Les noms restent eux confidenti­el tout comme le chiffre d'affaires.

L'ambition est tout naturellem­ent de s'imposer en France et en Europe. "Et d'aller plus loin sur le produit", précise Jonathan Dahan. Autrement dit affiner l'analyse. Pour y parvenir, Fintel vient d'ouvrir son capital. Une levée de 1,2 million d'euros auprès d'OneRagtime, Jean-David Benichou (Via.io), Benjamin Gaignault (Ornikar) et Maxime Gaignault (AXA) qui doit permettre développer le pôle R&D. Toujours dans l'optique de préciser son algorithme.

En plus de l'analyse, Fintel travaille sur la mise en place de la contractio­n d'un prêt directemen­t en ligne. Si le profil de l'emprunteur est validé, il pourra donc demander son crédit comme on achète n'importe quel objet en ligne.

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