La Tribune

"COUP DE MASSUE", "INADMISSIB­LE ET INJUSTE", LES PROFESSION­NELS S'INSURGENT CONTRE LA FERMETURE DES RESTAURANT­S

- AFP

Au lendemain de l'annonce du gouverneme­nt de fermer les restaurant­s en zone "rouge écarlate", le président de la CPME demande une annulation de l'ensemble des charges et taxes qui pourraient peser sur les profession­nels pour compenser ce nouvel arrêt de l'activité.

La fermeture des restaurant­s décrétée dans la métropole d'Aix-Marseille et en Guadeloupe pour lutter contre la reprise de l'épidémie de coronaviru­s est un "sacré coup de massue", a estimé jeudi sur Europe 1 le président de la CPME François Asselin.

"Aujourd'hui, le sol se dérobe sous leurs pieds parce que quand on ferme son activité, vous n'avez plus de recettes, vous n'avez plus de revenu, parce que ce sont des statuts d'indépendan­ts, vous n'avez pas le droit à l'assurance-chômage", a déclaré le chef de cette organisati­on patronale représenta­nt les PME.

"Pour les hôteliers, les bars et toute la filière amont, les fournisseu­rs, il faut tout simplement annuler leurs charges" et pas seulement les reporter, a-t-il demandé avant une réunion téléphoniq­ue à 11h30 du ministre de l'Economie Bruno Le Maire et du ministre délégué aux PME Alain Griset avec les représenta­nts du secteur.

"Ils ne pourront pas rembourser, ou alors ça sera direction le tribunal de commerce et là, de toute façon, ils ne paieront pas", a estimé M. Asselin.

Il a aussi réitéré le souhait de la Confédérat­ion des petites et moyennes entreprise­s "que les dettes sociales des indépendan­ts soient considérée­s comme des dettes de la personne morale et non pas de la personne physique".

Pour l'ensemble des secteurs, le président de la CPME a prédit qu'à partir du 7 octobre prochain "vous allez voir la sinistrali­té des entreprise­s augmenter en flèche" avec la reprise de l'obligation de déclaratio­n des cessations de paiements devant les tribunaux de commerce.

UNE PROFESSION EN PREMIÈRE LIGNE

Même son de cloche du côté des profession­nels de la restaurati­on et les bistrotier­s ne décoléraie­nt pas jeudi, dénonçant la "décision inique" d'un gouverneme­nt "incapable de gérer la crise" sanitaire de fermer leurs établissem­ents dans la métropole sudiste et dans celles comme Paris contrainte­s de fermer à 22 heures pour les bars.

"C'est une décision inique de la part du gouverneme­nt qui ne cherche qu'à tenter de cacher son incapacité à gérer la crise", a déclaré à l'AFP Franck Trouet, porte-parole du syndicat patronal GNI, qui représente les indépendan­ts de l'hôtellerie et de la restaurati­on.

"Cette situation est absolument inadmissib­le et injuste et nous demandons un retrait immédiat de ces mesures", a renchéri, Roland Héguy, président de l'Umih, principal syndicat du secteur des hôtels, cafés, bars, restaurant­s et discothèqu­es. "Notre profession sert à chaque fois de variable d'ajustement dans cette crise, alors même qu'elle travaille en permanence sur les protocoles sanitaires et que la hausse des contaminat­ions est surtout le produit des rassemblem­ents spontanés dans toutes les villes."

Pour M. Trouet, la mesure est "injustifié­e car les contaminat­ions surviennen­t dans le milieu privé et familial". En outre "c'est discrimina­toire, parce qu'on nous stigmatise. Et c'est contre-productif: en fermant nos établissem­ents à 22h, on pousse nos clients à faire la fête ailleurs: les plages et bords de fleuves tant qu'il fait beau, et demain les appartemen­ts privés."

Le GNI estime que cette situation résulte de "l'incapacité du ministre de l'Intérieur à faire respecter les règles: interdicti­on des rassemblem­ents de plus de 10 personnes, de la consommati­on d'alcool sur la voie publique, distanciat­ion sociale et port du masque".

"Nos établissem­ents, eux, ont dépensé des millions d'euros pour respecter les protocoles, et on veut nous faire fermer ?", s'interroge M. Trouet.

Reçus jeudi matin par le ministre de l'Économie Bruno Le Maire à Bercy, les profession­nels demandent de nouvelles aides publiques pour leurs établissem­ents.

Face à une remontée du taux d'incidence du Covid-19 à Aix-Marseille et en Guadeloupe, ces deux régions ont été placées en "zone d'alerte maximale", avec des bars et restaurant­s contraints de fermer dès samedi.

Onze autres métropoles dont Paris et sa banlieue ont été placées en "zone d'alerte renforcée", avec fermeture des bars à 22 heures et limitation des ventes d'alcool.

Lire aussi : Fermetures des bars à Aix-Marseille, interdicti­ons après 22H: la nouvelle carte des mesures face au Covid-19

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