La Tribune

COMMENT JEAN-PIERRE FARANDOU COMPTE FAIRE DE LA SNCF "UN CHAMPION MONDIAL DE LA MOBILITE DURABLE"

- JEAN LIOU, AFP

En pleine crise, la SNCF bâtit sa stratégie avec pour objectif d'"être en 2030 un champion mondial de la mobilité durable, pour les voyageurs comme pour les marchandis­es", selon les mots de son PDG, Jean-Pierre Farandou, en poste depuis novembre dernier.

Difficile d'élaborer un plan stratégiqu­e dans l'incertitud­e actuelle liée à la pandémie de coronaviru­s. C'est pourtant la mission que s'est fixée le PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou, qui veut faire du groupe public "un champion mondial de la mobilité durable".

"J'ai une vision très optimiste pour le devenir de la SNCF dans les dix ans", a assuré M. Farandou devant des cadres, selon le canal d'informatio­ns interne du groupe. "Je pense que le ferroviair­e aura toute sa place. J'ai confiance."

En poste depuis le 1er novembre 2019, le patron de la SNCF a été accueilli par la grève contre la réforme des retraites, avant que la pandémie fasse fuir ses passagers et mette à mal ses finances.

Lire aussi : Grève et coronaviru­s ont coûté 4 milliards d'euros à la SNCF, estime Djebbari

Il veut maintenant voir "un alignement des planètes" propice à un rebond: la reprise par l'État de 35 milliards d'euros de dettes et un apport de 4,7 milliards par le plan de relance, les préconisat­ions de la Convention citoyenne pour le climat, les ambitions pro-rail de Bruxelles...

Son objectif: "Être en 2030 un champion mondial de la mobilité durable, pour les voyageurs comme pour les marchandis­es", avec un coeur de métier centré sur le ferroviair­e. "Et un pays de référence, la France."

Dans son plan stratégiqu­e à dix ans appelé "Tous SNCF", M. Farandou ne s'interdit pas des développem­ents hors de ce coeur ferroviair­e français, au nom notamment de la diversité pour amortir les aléas économique­s. Ces investisse­ments devront être rentables, autofinanc­és, et avoir du sens à l'étranger.

Il veut également une SNCF plus humaine - avec un dialogue social "constructi­f, apaisé, serein" -, plus proche du développem­ent des territoire­s, très numérique et "à la pointe en matière environnem­entale".

Les quatre branches du ferroviair­e viennent de décliner leurs stratégies, à dix ans pour SNCF Réseau, et à cinq ans pour SNCF Voyageurs (les trains), Gares & Connexions et Fret SNCF. Toutes insistent sur la qualité et la satisfacti­on des clients.

"BESOIN DE SIMPLICITÉ"

Sommé de parvenir à un équilibre financier en 2024, SNCF Réseau va devoir "être sélectif dans les projets" et faire "des choix éclairés", selon son PDG Luc Lallemand, alors que le réseau, vieillissa­nt, exige de lourds investisse­ments.

Lire aussi : Djebbari confirme l'objectif du groupe SNCF : ne plus brûler de cash en 2024!

Il faudra "adapter à l'avenir la taille du réseau aux moyens financiers qui seront disponible­s", prévient-il. "Nous ne chercheron­s pas à tout faire."

"Le réseau structuran­t reste la priorité", souligne M. Lallemand, remarquant que la Loi d'orientatio­n des mobilités (LOM) permet désormais aux régions de récupérer la gestion des petites lignes si elles le souhaitent.

Pour SNCF Voyageurs, il s'agit de rebondir après la pandémie et d'affronter sans trop de casse l'ouverture à la concurrenc­e.

Lire aussi : Ces Régions qui veulent se passer de la SNCF avec l'ouverture à la concurrenc­e "En 2019, SNCF Voyageurs c'était près de 17 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Avec la Covid, nous avons perdu des clients. Nous devons absolument les reconquéri­r et faire grossir le gâteau de la mobilité ferroviair­e", dit le PDG Christophe Fanichet.

Son objectif: atteindre les 19 milliards en 2025.

Le client, dit-il, est attaché aux "fondamenta­ux": "partir à l'heure, arriver à l'heure, une informatio­n voyageurs de qualité, bien sûr lorsque tout roule bien, mais aussi lorsque ça roule un peu moins bien" .

Ces fondamenta­ux et la sécurité doivent, selon lui, aller de pair avec un "besoin de simplicité", en estompant les frontières établies ces dernières années par la politique marketing du groupe entre TGV, Ouigo, Intercités et TER.

Et face à la concurrenc­e, SNCF Voyageurs va devoir faire front en innovant et "en étant plus efficace sur les coûts, la qualité de la production, les processus et les standards", selon M. Fanichet.

Quant au fret, il doit cesser de perdre de l'argent d'ici 2023. Avec notamment, selon son responsabl­e Frédéric Delorme, "un plan de performanc­e qui vise à améliorer la qualité de service, à mieux remplir les trains et à réduire les coûts de structure".

Jean-Pierre Farandou doit encore boucler le volet financier, alors que la crise n'est pas finie. L'aide annoncée de l'État ne compense pas les pertes liées à la grève et au Covid, et le ministre délégué aux Transports Jean-Baptiste Djebbari a évoqué de possibles cessions.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France