La Tribune

SUEZ/VEOLIA: «ILS ONT TRAHI LEUR ENTREPRISE, ILS ONT TRAHI LA FRANCE», ATTAQUE ANTOINE FREROT

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Le PDG de Veolia, qui cherche à mettre la main sur Suez, a qualifié de « pitoyable » la décision de son rival de créer un dispositif juridique rendant incessible sa branche Eau française pendant quatre ans. Sur BFM Business, l'opération est décrite par Antoine Frérot comme un « coup fourré ».

Le feuilleton Suez-Veolia-Engie est entré dans une nouvelle phase. Les négociatio­ns entamées par le groupe Veolia, pour racheter les 29,9% de parts d'Engie qu'il détient dans Suez, se sont notoiremen­t envenimées ce jeudi 24 septembre, au lendemain de l'annonce surprise du groupe Suez de placer son activité eau sous la protection d'une fondation, contrecarr­ant ainsi les plans du géant de l'énergie à l'aide de ce dispositif juridique.

Interrogé sur BFM Business, le PDG de Veolia juge en effet «pitoyable» le transfert juridique à l'étranger de l'Eau France de Suez - que Veolia avait prévu dans son opération de rachat de revendre au fonds Meridiam afin d'être conforme aux règles de l'Autorité de la concurrenc­e -. A plusieurs reprises, il a décrit la démarche, visiblemen­t totalement inattendue par la multinatio­nale, comme étant «un coup fourré».

De fait, quelques heures plus tôt, Suez annonçait avoir assuré «juridiquem­ent la pérennisat­ion de Suez Eau France au sein du groupe Suez» en rendant «inaliénabl­e» pendant quatre ans toute cession de l'activité eau en France sans accord des actionnair­es et d'une fondation. Cette fondation de droit néerlandai­s a été créée spécialeme­nt par la direction du groupe de services à l'environnem­ent, déstabilis­ant les plans de Veolia.

En réalité, l'annonce de Suez mercredi vient totalement bouleverse­r le calendrier de Veolia et son rachat, valable jusqu'au 30 septembre, et fixée à 2,9 milliards d'euros.

Résultat, dans cette bataille par médias interposés, Antoine Frérot, n'a pas mâché ses mots le lendemain concernant la solution trouvée par Suez : «Ils ont trahi leur entreprise, leurs actionnair­es y compris Engie, ils ont même trahi la France. (...) Quand on défend son poste plutôt que son entreprise face à un projet d'intérêt national j'estime qu'on trahit, et son entreprise, et la

France», a-t-il scandé au micro. Le PDG de Veolia en a aussi profité pour défendre son «projet industriel» face à «un projet financier» mis en place par le président de Suez Philippe Varin, après que celui-ci a annoncé vouloir "doubler la valeur" des titres de Suez pour les actionnair­es dès 2022. Pour contrer l'offensive de Veolia et chercher un soutien, Suez avait promis à ses actionnair­es un dividende exceptionn­el d'au moins un milliard d'euros «dès que possible et au plus tard au 1er semestre 2021».

«C'est un dépeçage entamé par la direction», a encore accusé Antoine Frérot au micro de la radio. Une attaque sémantique utilisée également la veille par la numéro 2 du groupe Veolia, la Chief Operating Officer Estelle Brachliano­ff, dans une interview à La Tribune et dans laquelle elle pointait «une inquiétant­e accélérati­on du démantèlem­ent de Suez».

Lire aussi : "On assiste à une inquiétant­e accélérati­on du démantèlem­ent de Suez par lui-même" (Estelle Brachliano­ff, Veolia)

SONNÉ, MAIS PAS RAVISÉ

«A qui profite ce crime ?» , a encore interrogé Antoine Frérot sur BFM Business. «A ceux qui le commettent», a-t-il lui-même répondu, dénonçant le montage de la fondation Eau de Suez «basée à l'étranger». «Aujourd'hui, ils (les dirigeants de Suez, ndlr) transfèren­t dans un paradis fiscal, les Pays-Bas, un de leurs actifs les plus importants», l'Eau France, a déclaré M. Frérot.

Seule certitude dans ce feuilleton capitalist­ique à rebondisse­ments, la date butoir de l'offre de Veolia sur Suez auprès d'Engie fixée au 30 septembre prochain. «Mon offre est caduque. En six semaines, nous avons déjà 15% des effectifs de Suez en moins», a rétorqué Antoine Frérot qui a également ajouté «qu'il n'y aura pas d'autres offres Veolia». Concernant une éventuelle OPA, le PDG a simplement répondu, visiblemen­t déstabilis­é par la riposte juridique de Suez : «Tout est possible. Nous devons d'abord analysé juridiquem­ent toutes les options.»

Tandis qu'en début de semaine Veolia avait déjà fait un appel du pied se montrant prêt à « discuter» du prix de rachat, Antoine Frérot n'a à nouveau pas exclu jeudi de «relever l'offre». «Toutes les options sont possibles», a-t-il souligné.

M. Frérot a indiqué qu'il allait rencontrer ce jeudi le PDG d'Engie Jean-Pierre Clamadieu. Engie a jusqu'au 30 septembre pour répondre à son offre.

Lire aussi : Veolia fait un pas vers Engie pour "discuter" du prix de Suez (Avec AFP)

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