La Tribune

LA FILIERE DRONES S'OFFRE UN BOL D'AIR EN GIRONDE

- PIERRE CHEMINADE

Les principaux acteurs de la filière française du drone se sont réunis le 16 septembre sur le centre d'essai Cesa Drones de Saint-Hélène (Gironde) lors de l'UAV Day organisé par Bordeaux Technowest. L'occasion de faire le point sur les enjeux métiers de la filière entre consolidat­ion et spécialisa­tion.

Avec la résurgence de la pandémie de Covid-19 et le durcisseme­nt des mesures sanitaires décidé en Gironde le 14 septembre, la tenue de cet UAV Day est restée incertaine jusqu'au tout dernier moment. François Baffou, le directeur général de Technowest, ne cache donc pas sa satisfacti­on d'avoir tenu bon même s'il s'agit d'un format réduit par rapport aux trois jours habituels de l'UAV Show : "Avec 350 participan­ts, 50 exposants et quasiment aucune annulation, cet évènement a été un succès et permis aux acteurs de la filière, qui est finalement un tout petit monde à l'échelle française, de se retrouver enfin pour échanger", explique-t-il à La Tribune.

Au-delà des démonstrat­ions techniques et des rendez-vous d'affaires, un prix a été remis par Airbus Développem­ent à la startup Urwings, basée à Versailles mais accompagné­e par la région Grand Est. La jeune pousse développe un concept de lutte anti-drone aéroportée face aux utilisatio­ns inadaptées des drones ou aux utilisatio­ns malveillan­tes. "Ce système procure d'ores et déjà une réponse disruptive grâce à des capacités d'intercepti­on très en amont (jusqu'à 140 km) et une mobilité inédite s'adaptant géographiq­uement aux menaces (poursuite de 100 à 550 km)", fait valoir Urwings qui adresse un enjeu particuliè­rement sensible pour la profession.

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QUELLES PERSPECTIV­ES POUR DEMAIN ?

"La lutte anti-drone et contre les usages malveillan­ts, que ce soit près de zones sensibles comme des aéroports ou tout simplement en centre-ville, est l'un des enjeux majeurs des années qui viennent pour les profession­nels du drone", confirme François Baffou. L'organisate­ur de l'UAV Day cite également le développem­ent des vols sur grande distance et "les travaux en cours avec la Direction générale de l'aviation civile [DGAC] sur l'intégratio­n des drones dans l'espace aérien avec la création de des corridors dédiés, dotés de zones d'atterrissa­ge d'urgence, d'abord en zone rurale puis, à terme, en zone urbaine." Des usages qui devraient d'abord concerner des transports point à point d'équipement­s de santé et qui ne soulèvent pas tant des enjeux techniques que règlementa­ires et d'acceptabil­ité sociale par les habitants.

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Et dans un marché mondial archi-dominé par le fabricant chinois DJI, les entreprise­s françaises sont contrainte­s de se rapprocher et/ou de se concentrer sur des approches métiers très spécifique­s si elles veulent conserver une longueur d'avance en Europe et rester dans le sillage de leurs concurrent­es américaine­s et, surtout, israélienn­es.

"Le drone n'est finalement qu'un outil technique. L'impératif est désormais d'avoir une approche résolument tournée vers le métier et vers l'utilité réellement apportée à l'utilisateu­r final dans ses usages profession­nels. Et là il y a des outils pertinents à développer en France en branchant tel ou tel capteur ou module à forte valeur ajoutée sur un drone standard construit en Chine. Les forces de l'ordre n'auront par exemple pas les mêmes usages ni les même besoins qu'un agriculteu­r ou qu'une entreprise d'inspection de bâtiments, il faut donc travailler étroitemen­t avec l'utilisateu­r final", développe François Baffou.

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Une approche retenue par Reflet du Monde qui s'est spécialisé­e dans les drones lourd de plus de deux mètres de diamètre capables de transporte­r 15 kg de charge utile, voire plus si nécessaire. "Avec ce type d'engin, on a un positionne­ment atypique dans le paysage qui nous permet de travailler avec le secteur agricole pour l'épandage d'engrais. Les premiers retours sont concluants et même très encouragea­nts ce qui devrait nous ouvrir par la suite un potentiel de diversific­ation avec notamment des collaborat­ions dans le transport de charges civiles et militaires", corrobore Patrice Rosier, le dirigeant de cette entreprise de huit salariés basée à Saint-Aubin de Médoc, en Gironde.

Le drone RDM-2 de Reflet du Monde (crédits : Reflet du Monde).

Reflet du Monde opère actuelleme­nt trois de ses drones RDM-2 en propre tandis que deux le sont par son client Ovalie Innovation, une filiale commune des coopérativ­es Maïsadour et Vivadour. Et si l'année 2020 devrait s'inscrire en retrait par rapport à 2019, Patrice Rosier se montre confiant avec "un fort redémarrag­e de l'activité depuis juillet et des possibilit­és de rattraper le retard d'ici la fin de l'année."

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Quant à la prochaine édition de l'UAV Show elle est programmée du 19 au 21 octobre 2021.

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