La Tribune

ELECTIONS SENATORIAL­ES : QUELS ENJEUX SUR L'OCCITANIE-EST ?

- PAULINE COMPAN

Les grands électeurs des départemen­ts de l’Hérault, du Gard et de l’Aude sont appelés aux urnes ce dimanche 27 septembre pour renouveler une partie des représenta­nts de la région Occitanie au Sénat. En tout, neuf sièges sont à pourvoir sur les trois territoire­s. Pour La Tribune, le politologu­e montpellié­rain Emmanuel Négrier décrypte les enjeux de cette élection partielle.

Au Sénat, ce sont 178 sièges sur 348 qui seront renouvelés ce dimanche 27 septembre, pour un mandat de six ans. Dans l'ex-Languedoc-Roussillon, cette élection concerne les départemen­ts de l'Hérault, du Gard et de l'Aude, la Lozère et les Pyrénées-Orientales ayant déjà voté en 2017. Pour rappel, les sénateurs sont élus par des "grands électeurs" (députés, conseiller­s municipaux, conseiller­s départemen­taux ou conseiller­s régionaux) qui ont obligation de prendre part au vote.

A l'échelle nationale, un des enjeux est la conservati­on par Gérard Larcher de son siège de président du Sénat, face à une assemblée majoritair­ement à droite (128 sénateurs), alors que plus de la moitié du groupe LR est renouvelab­le lors de cette élection. Face à eux, le groupe PS (le 2e groupe le plus important, avec 69 sénateurs), pourrait voir se former à ses côtés un groupe EuropeÉcol­ogie-Les Verts (EELV). Autre inconnue : le sort réservé aux candidats proche de La

République en Marche (LREM, 23 sénateurs dont 11 remettent leur siège en jeu) et au Rassemblem­ent National (RN).

« TRADITIONN­ELLEMENT UN GRAND MOMENT POUR LA DROITE »

"Les élections sénatorial­es sont traditionn­ellement un grand moment pour la droite en général, décrypte le politologu­e Emmanuel Négrier. Même sur notre région, plutôt ancrée à gauche, les sortants de droite sont en nombre respectabl­e. Pour LREM, c'est une élection qui met en lumière son manque d'implantati­on locale car c'est un rendez-vous où les étiquettes restent importante­s et ne sont pas séparées du leadership départemen­tal. D'ailleurs, avant la loi sur le non-cumul des mandats, beaucoup de président des Conseils départemen­taux étaient aussi sénateurs. Pour EELV, il s'agira de tenter de récolter les fruits des municipale­s, beaucoup de petits maires ont une sensibilit­é écologique, sans pour autant appartenir à ce parti. Pareil pour le RN qui fait toujours plus de voix que sa réserve potentiell­e. La question sera de savoir, avec la présence de Robert Ménard à Béziers ou de partisans sur Lunel par exemple, si les voix se retrouvero­nt pour les candidats RN. "

HÉRAULT, GARD, AUDE : ÉTAT DES LIEUX

Dans l'Hérault, quatre sièges sont à pourvoir, pour une élection à la proportion­nelle, et 14 listes (un record !) se présentent au vote des grands électeurs. Le sénateur sortant et ancien maire de Castelnau-le-Lez, Jean-Pierre Grand, espère conserver son siège à la tête de la liste Républicai­ne, tout comme Agnès Constant apparenté LREM, et Henri Cabanel (PS). Marie-Thérèse Bruguière (LR), n'est, pour sa part, pas candidate à sa réélection.

"On voit une offre très fragmentée sur ce départemen­t, surtout à droite, même si la gauche cherche aussi une représenta­tion claire, analyse Emmanuel Négrier. Le PS pourrait apparaître comme potentiell­ement favorisé, mais il a fort à faire face à deux listes dissidente­s et une liste EELV. "

Trois sièges sont à pourvoir dans le départemen­t du Gard. Simon Sutour, sénateur PS depuis 1998 part à la retraite et laisse donc son siège, tandis que Stéphane Cardenes, sénateur centriste, est candidat à sa ré-élection, tout comme Vivette Lopez (LR).

"A l'opposé de l'Hérault, le Gard est dans une logique d'union de la gauche sous la candidatur­e de Denis Bouad - union où l'on retrouve le PS, PCF et EELV - et malgré une candidatur­e dissidente de l'ex-favori du PS, Alexandre Pissas. Denis Bouad étant à la tête du Départemen­t, la question du non-cumul pourrait se poser pour lui, mais il s'agit pour le parti de tenter de conserver le siège de Simon Sutour."

Enfin dans l'Aude, où les deux sénateurs Roland Courteau et Gisèle Jourda appartienn­ent au groupe socialiste, l'enjeu sera de conserver les deux sièges à gauche. D'autant que Roland Courteau cède son fauteuil et espère voir élire à sa place le colistier PS de Gisèle Jourda, Sébastien Pla.

"Dans ce territoire où la gauche est historique­ment dominante, elle pourrait se retrouver en difficulté, conclut Emmanuel Négrier. Car nous avons vu aux législativ­es une pénétratio­n de LREM sur le territoire."

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