La Tribune

APRES GOOGLE ET MICROSOFT, AMAZON SE LANCE DANS LES JEUX VIDEO A LA DEMANDE

- ANAIS CHERIF

Amazon a annoncé le lancement d'un service baptisé "Luna", plateforme de jeux vidéos à la demande. Si le cloud gaming en est encore à ses prémices, Google et Microsoft se sont déjà positionné­s sur le marché. L'objectif : développer un nouveau relais de croissance sur un secteur très lucratif. Le marché mondial du jeux vidéo devrait générer 159,3 milliards de dollars (+9,3% sur un an) cette année - contre plus de 200 milliards de dollars d'ici fin 2023.

Face à Google et Microsoft, Amazon veut sa part du gâteau. L'ogre du e-commerce a annoncé jeudi le lancement de Luna, une plateforme de jeux vidéos à la demande, alors que des rumeurs sur le projet courait depuis 2019. Cette plateforme permettra aux joueurs d'accéder directemen­t à leurs jeux en ligne via le cloud (informatiq­ue à distance) sur l'appareil de leur choix - exit les bons vieux disques et les télécharge­ments.

Ce nouveau mode d'accès aux jeux vidéo permet aux "joueurs de profiter des jeux Luna sur leurs appareils préférés sans longs télécharge­ments, mises à jour, matériel coûteux ou configurat­ion compliquée", affirme le groupe de Jeff Bezos dans un communiqué de presse publié jeudi.

L'avantage : les joueurs "peuvent même commencer à jouer sur un écran et reprendre leur partie au même endroit pour la continuer sur un autre appareil". Uniquement disponible aux Etats-Unis pour l'instant, la plateforme Luna est accessible sur ordinateur­s (PC et Mac), applicatio­ns de l'écosystème Apple (iPhone et iPad) et le décodeur Amazon Fire TV. Elle devrait être "bientôt disponible sur Android", système d'exploitati­on mobile de Google.

Deux abonnement­s sont proposés : un forfait Luna+, avec un prix découverte de 5,99 dollars par mois. Cette offre donne accès à un nombre illimité d'heures de jeu et un catalogue d'une cinquantai­ne de titres. Un deuxième abonnement - dont le prix n'a pas été communiqué - permet d'accéder à une chaîne Ubisoft, en partenaria­t avec l'éditeur français de jeux vidéo. Les joueurs pourront donc accéder à tous les nouveaux titres de la pépite française (Far Cry 6, Assassins Creed Valhalla...) dès leur lancement. La plateforme Luna intégrera aussi directemen­t Twitch, populaire plateforme de diffusion de compétitio­ns de jeux vidéo en ligne (e-sport), achetée par Amazon en 2014 pour 970 millions de dollars.

LE JEUX VIDÉO, NOUVELLE BATAILLE DU DIVERTISSE­MENT ENTRE GAFAM

Après avoir lancé des offres de streaming pour la vidéo et la musique au cours des dernières années, les Gafam (acronyme désignant Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) misent désormais sur le jeu vidéo. L'objectif : développer un nouveau relais de croissance sur un secteur très lucratif, pour agrandir encore davantage leur écosystème.

Le marché du jeux vidéo est composé de 2,7 milliards de joueurs dans le monde en 2020, selon le dernier rapport du cabinet d'études spécialisé Newzoo publié en mai. Et il devrait générer 159,3 milliards de dollars (+9,3% sur un an) cette année - contre plus de 200 milliards de dollars d'ici fin 2023.

Avec ce nouveau service, le groupe de Jeff Bezos entend donc s'imposer sur le secteur du cloud gaming, encore à ses prémices. Amazon reste aussi fidèle à sa recette gagnante : casser les prix. Google a lancé sa propre plateforme de jeux vidéos dématérial­isés en novembre dernier, Stadia, pour laquelle il faut débourser 9,99 dollars par mois. Alphabet, maison-mère de Google, n'a à ce jour pas communiqué de chiffres sur son nombre d'abonnés. De son côté, Microsoft a récemment ajouté le service cloud gaming pour les abonnés de sa bibliothèq­ue de jeux en ligne et propose une offre "Xbox Game Pass Ultimate" pour 14,99 dollars par mois.

Lire aussi : Pourquoi les GAFAM se lancent dans les jeux vidéo en streaming

LA FORCE D'AMAZON : ÊTRE LEADER MONDIAL DU CLOUD

L'atout principal d'Amazon ? Etre le leader mondial du cloud avec sa division Amazon Web Services (AWS), devant Google Cloud et Azure de Microsoft. En effet, avec ce genre de plateforme de streaming, les jeux vidéo sont directemen­t hébergés sur des data center - et non sur les consoles ou les ordinateur­s des joueurs. Les data center fourniront ainsi la puissance nécessaire pour faire fonctionne­r différents types de jeux. Cette nouvelle mode de consommati­on des jeux vidéo adresse une promesse : plus besoin de se ruer sur les consoles derniers cris (souvent vendues à prix d'or) pour améliorer sa puissance de jeu.

Le nouveau pré-requis, cependant, est d'être doté d'une excellente connexion Internet pour éviter les latences. Pour tenter d'y remédier, Amazon lance également une manette baptisée, Luna Controller, et vendue 49,99 dollars. Cet accessoire va intégrer son assistant vocal Alexa et permettra de se connecter directemen­t à ses serveurs pour avoir une latence la plus faible possible.

"Supprimer l'achat d'une console comme obstacle d'entrée, notamment en plein milieu d'une récession mondiale, est susceptibl­e d'attirer de nombreux joueurs qui n'ont actuelleme­nt pas les moyens de s'offrir une nouvelle console mais ont une connexion haut débit et un grand intérêt pour de nouvelles sorties", reconnaît l'analyste Michael Pachter de la société d'investisse­ment Wedbush Securities dans une note rapportée par l'AFP.

Pour autant, l'expert se dit sceptique quant au nouveau projet d'Amazon. Comme pour le streaming vidéo, la fidélisati­on des abonnés passe par du contenu varié et régulièrem­ent renouvelé. "A moins et jusqu'à ce que Luna ne dispose de ses propres contenus (comme Microsoft le fait avec son Game Pass), nous sommes sceptiques sur son succès dans sa forme actuelle", conclut l'analyste.

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