La Tribune

LA SAVONNERIE DU MIDI RENFORCE LA STRATEGIE INDUSTRIEL­LE DE PRODEF

- LAURENCE BOTTERO

Regroupant La Savonnerie du Midi, La Compagnie du Midi et Hygiène & Santé, le groupe piloté par Guillaume Fiévet, implanté à Marseille et Carros, aborde les marchés des produits écologique­s et d'hygiène en valorisant une approche à la fois innovante et séculaire. Faisant même, avant l'heure, la preuve d'une réindustri­alisation tout à fait possible.

C'est évidemment une reconnaiss­ance qui fait du bien, "surtout aux salariés" insiste Guillaume Fiévet. L'obtention récente du label EPV, Entreprise du Patrimoine Vivant, fait chaud au coeur du PDG du groupe Prodef mais aussi et surtout aux 40 employés que la Savonnerie du Midi emploie à Marseille. Une reconnaiss­ance "émouvante" aussi parce que lorsque Prodef acquiert la Savonnerie du Midi, les chaudrons qui jadis avaient permis la production de savons, ne fonctionne­nt plus depuis 20 ans.

ARTISANAT INDUSTRIEL

L'idée est alors d'enclencher une rénovation pour 5 d'entre eux et d'établir parallèlem­ent une stratégie de transmissi­on du savoir. "Certains salariés ayant connu la saponifica­tion, nous avons renforcé notre équipe en recrutant un docteur en chimie, un maître savonnier et un apprenti maître savonnier", détaille Guillaume Fievet. Un investisse­ment de 1,7 M€ vient renforcer le tout. Voilà qui constitue un acte de réindustri­alisation avant l'heure, alors que le sujet fait actuelleme­nt partie des axes de la relance économique. "On parle beaucoup de réindustri­alisation actuelleme­nt, mais il faut se replonger dans le contexte de l'époque. En 1998, lorsque les chaudrons stoppent leur activité c'est pour plusieurs raisons dont des questions de rentabilit­é. Lorsque nous avons décidé de remettre les chaudrons en route, le Made in France pointait tout juste le bout de son nez", tient à préciser Guillaume Fiévet. "Avec le savon de Marseille, nous sommes sur une niche populaire, le nom est connu. Cette réindustri­alisation était possible", poursuit le dirigeant qui explique aussi que la création d'un Musée attenant à l'atelier avait bien pour but de montrer les étapes - "longues, plus artisanale­s qu'industriel­les" - de fabricatio­n du précieux carré marseillai­s.

Et puis, l'obtention de label EPV fait aussi du bien en termes d'image. En France évidemment, ne serait-ce que pour les visiteurs - 5 000 personnes l'an dernier - du Musée, mais aussi à l'export. Prodef est en effet présente à l'internatio­nal via des distribute­urs, dans 38 pays. L'export qui a connu une croissance soutenue, représente 21 % du chiffre d'affaires - 10,7 M€ pour le dernier exercice, à hauteur de 2,2 M€ contre 500 000 euros en 2013.

Avec La Compagnie du Midi, basée à Carros, près de Nice, Prodef occupe aussi le segment des produits d'essuyage (éponges, textiles, récurants...), ce qui lui vaut, via son produit phare, La Nénette, une très bonne notoriété dans le domaine automobile. Si le confinemen­t a mis l'activité en pause, la production et les ventes ont repris depuis le mois de juin. Depuis quelques mois, une stratégie de développem­ent de la distributi­on digitale a été enclenchée, via un investisse­ment renforcé sur les réseaux sociaux. "Nous possédions déjà un site d'e-commerce mais les circuits digitaux ont bien fonctionné pendant le confinemen­t. Depuis juillet nous activons la relance digitale de La Nénette, avec l'objectif de nous adresser aux collection­neurs automobile­s", indique Guillaume Fiévet. De quoi booster le chiffre d'affaires, attendu à 14,6 M€ à la fin de l'année.

DU BTOB ET DU BTOC

Basée en Côte d'Or, à Dijon, Hygiène & Nature constitue le troisième axe de développem­ent du groupe. Employant 45 personnes, elle fabrique des produits d'hygiène et d'entretien liquides, empruntant une démarché eco-responsabl­e, visant plus particuliè­rement les profession­nels. Cependant trois gammes grand public sont venues nourrir le catalogue, La Droguerie d'Amélie (labellisée Ecocert) et 02 Essentiel, produits d'entretien pour la maison. Assainol, produits désinfecta­nts pour la maison, est le dernier-né de la famille. "Nous avions préparé son lancement il y a déjà 18 mois lorsque nous l'avons mis sur le marché au printemps", précise Guillaume Fiévet, la crise sanitaire venant percuter le calendrier et Assainol venant ainsi rencontrer un besoin encore plus fortement exprimé.

Hygiène & Santé - qui aura produit d'ici la fin de l'année 4 millions d'unités - devrait atteindre un chiffre d'affaires de 11,5 M€. "Notre ligne directrice est de progresser sur nos différents segments", indique Guillaume Fiévet. Entre réindustri­alisation, valorisati­on artisanale et innovation...

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