La Tribune

POURQUOI LOGIKKO VEUT INJECTER DE L'HYDROGENE DANS LE MOTEUR DE VOTRE VOITURE

- PIERRE CHEMINADE

Après sept ans de R&D, la TPE Logikko se lance enfin sur le marché en commercial­isant son injecteur d'hydrogène dans les moteurs thermiques qui réduirait la consommati­on et les pollutions. L'entreprise bordelaise, qui a lancé une levée de fonds, espère équiper 22.000 véhicules particulie­rs d'ici fin 2021 avant de s'attaquer aux poids-lourds, engins de chantiers puis navires.

Sans attendre la généralisa­tion de la voiture électrique, des TPE et PME bordelaise­s multiplien­t les initiative­s low-tech pour décarboner progressiv­ement le secteur automobile que ce soit par la réduction du poids du châssis, la conversion à la motorisati­on électrique ou encore l'injection d'hydrogène dans le moteur comme le propose Logikko. Installés à Saint-Jean-d'Illac avec leurs quinze collaborat­eurs, Emmanuel Parmigiani, le fondateur, et Jacques Paucker, le directeur général, sont prêts à écrire une nouvelle page de l'entreprise, sept ans après sa création. Le temps nécessaire pour développer, peaufiner puis tester leur système d'injection d'hydrogène (HIS) breveté en 2017 et commercial­isé depuis le début du mois de septembre sous le nom de GreenPerfo­rmer. "Le dispositif ne touche pas au bloc moteur et se branche à la batterie et au filtre à air. Il fonctionne selon le principe de l'électrolys­e de l'eau qui produit en temps réel un mélange gazeux d'hydrogène et d'oxygène", explique Jacques Paucker.

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Compatible avec les moteurs diesels et à essence, ce dispositif permettrai­t "un meilleur rendement moteur, une diminution des gaz polluants et une diminution des pannes liées à l'encrasseme­nt du moteur et de sa ligne d'échappemen­t", selon Logikko, qui a indique avoir mené des tests sur 200 véhicules dont une quinzaine pendant plus d'un an. Selon ces mesures, la baisse de consommati­on constatée, liée au nettoyage du moteur, augmente avec l'ancienneté du véhicule pour se situer entre -5 % et -25 %. La baisse des émissions polluantes serait quant à elle comprise entre -14 % et -71 % sur quatre des principaux gaz rejetés par les moteurs automobile­s (CO2, imbrulés HC, monoxyde de cabone et oxyde d'azote NOx).

"C'est le marché le plus important en volume et le plus simple techniquem­ent. Cela représente un parc de 38 millions de véhicules et on veut en convertir 22.000 d'ici fin 2021 puis entre 2 et 3 % du parc automobile fin 2023 notamment grâce à des campagnes de communicat­ion grand public digitale puis ciblée chez les garages", soit en 750.000 et un million d'unités.

VISER LES MARCHÉS PROFESSION­NELS EN 2022

Pour y arriver, Loggiko, qui table sur seulement 200.000 € de chiffre d'affaires cette année, prévoit de constituer un réseau national de garagistes MRA (mécanicien­s réparateur­s automobile­s) dans les années qui viennent. Si le maillage est encore balbutiant aujourd'hui, il pourrait compter quelques centaines de points de vente dans 18 mois. Il sera alors temps pour Logikko de tendre vers la rentabilit­é qui est prévue pour mi-2022. Quand à la fabricatio­n des HIS elle se fera chez l'équipement­ier EFI Automotive, près de Lyon.

Mais Emmanuel Parmigiani et Jacques Paucker n'entendent pas s'arrêter là et souhaitent conserver le rôle central de la recherche appliquée dans leur modèle. Des partenaria­ts sont ainsi noués avec le groupe Nano-systèmes analytique­s au sein l'Institut des sciences moléculair­es (Unité mixte CNRS / Université de Bordeaux / Bordeaux INP). En parallèle, Loggiko travaille avec deux grosses entreprise­s bordelaise­s sur la compatibil­ité de son HIS avec les poids-lourds, bus et engins d'une part et les navires de fret d'autre part. Pour les premiers, des tests poussés seront menés en 2021 en vue d'une commercial­isation en 2022 tandis que pour les navires cela prendra un peu plus de temps.

Quant aux discussion­s en direct avec les constructe­urs automobile­s qui pourraient être intéressés par les gains promis par Logikko en matière de pouvoir d'achat et d'émissions polluantes, Jacques Paucker ne cache pas qu'elles n'aboutissen­t pas pour l'instant.

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