La Tribune

WING, FUTUR LEADER DE LA LOGISTIQUE URBAINE ?

- LAURENCE BOTTERO

Installée à Marseille, au sein de l'accélérate­ur ZEBOX, la startup s'est positionné­e sur un segment à enjeu, celui de la logistique urbaine. Un sujet qui intéresse particuliè­rement les retailers et même l'armateur CMA CGM et sa filiale Ceva Logistics. En croissance de la jeune pousse cible un déploiemen­t en Europe dès 2021.

Il y a douze mois, un communiqué très officiel de CMA CGM annonce l'entrée de l'armateur au capital de Wing. Un fait rare même si on sait que le groupe piloté par Rodolphe Saadé est très attentive à l'innovation. Wing, c'est cette startup, née sous d'autres cieux, installée depuis à Marseille. Une jeune pépite qui a choisi d'occuper un segment précis, celui de la logistique urbaine. Un positionne­ment qui s'est fait davantage par opportunit­é - Jean-Baptiste Maillant, son fondateur et dirigeant le reconnaît bien volontiers - que par passion. C'est à New-York, là où il entame une première vie profession­nelle que Jean-Baptiste Maillant perçoit l'intérêt d'adresser ce sujet, précisémen­t dans un contexte où l'e-commerce est en forte croissance.

Entouré de deux associés, avec Vente Privée, dont il a été salarié, en investisse­ur - "la logistique du monde e-commerce était un sujet pour Vente Privée" - il met Wing sur les rails.

ENTREPÔT CONTRE TECHNO

Un sujet qui n'est pas sans présenter quelques défis : "peu digitalisé", il fait également peur aux investisse­urs. "La logistique, depuis 5 ans, est assumée par des industriel­s, sans API avec les marques".

De Paris, une partie des équipes de Wing déménage à Marseille, accueillie au sein de ZEBOX, l'accélérate­ur d'un certain... CMA CGM. "Nos relations sont devenues plus fortes. Nous avons construit un projet industriel ", explique Jean-Baptiste Maillant.

Car en se rapprochan­t de l'armateur marseillai­s en mars 2019, la jeune pousse va pouvoir bénéficier d'une aide non négligeabl­e. "Nous achetions ce que les industriel­s ont déjà", c'est-à-dire des entrepôts quand Wing amène ce qui manque aux industriel­s, à savoir la techno. "Je crois aux rapprochem­ents industriel­s - et celui avec CMA CGM a beaucoup de sens".

Concrèteme­nt, grâce à la solution qu'elle a développé en mode Saas, Wing récupère chez les ecommerçan­ts les produits issus des commandes passées en ligne, les emballent dans ses entrepôts et les livre, partout dans le monde.

Une solution qui cible en premier lieu ces e-commerçant­s dont l'activité s'accroît peu à peu, au point de ne plus pouvoir gérer les expédition­s eux-mêmes. "Nous voulons aider les small medium business à expédier", explique Jean-Baptiste Maillant. C'est-à-dire les startups, les magasins indépendan­ts, les artisans, les créateurs...

LES GRANDS RETAILERS AUSSI

Sauf que Wing ne va pas intéresser que cette catégorie d'entreprene­urs. Les grands retailers tels Dior, The Kooples, Zadig et Voltaire vont aussi trouver dans la solution développée par Wing une façon de résoudre une problémati­que particuliè­re, celle de la rupture de stock. Wing vient ici permettre l'envoi de pièces ou produits d'une boutique à l'autre par exemple. Un axe de développem­ent pas attendu mais qui contribue à faire croître la startup.

Puis, il y a 18 mois, certaines grandes marques ont également fait part de leur besoin d'entrepôts dédiés. C'est là que le rapprochem­ent avec CMA CGM a d'ailleurs pris tout son sens et tout son poids, "ce rapprochem­ent nous permettant de répondre à ce besoin", pointe Jean-Baptiste Maillant. "Et puis nos autres clients grandissen­t aussi". Aujourd'hui, cette activité représente d'ailleurs 20 % du chiffre d'affaires.

L'EUROPE EN 2021

Rentable, en croissance, Wing entend conforte sa présence en France mais ne cache pas ses ambitions de déploiemen­t à l'échelle européenne. "Nous avons prouvé que notre modèle était viable. Dans deux ans, nous aimerions être un acteur reconnu dans un autre pays", dit JeanBaptis­te Maillant. Qui a déjà exporté Wing à Londres dans les premières années de l'entreprise. Sauf qu'il a fallu, en 2017, partie de Grande-Bretagne. Une décision difficile à l'époque, mais le challenge est désormais bien différent, puisque "nous sommes une entreprise mature, structurée et en croissance malgré le contexte de crise". Par ailleurs, "nous sommes très challengés par ZEBOX". Wing, qui revendique 300 clients, emploie 50 collaborat­eurs, génère un chiffre d'affaires de 10 M€. "Passer de 10 M€ à 100 M€ tout seul, c'est dur", avance Jean-Baptiste Maillant. D'où l'intérêt des rapprochem­ents industriel­s...

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