La Tribune

M2I LIFESCIENC­ES LANCE UNE LIGNE DE PRODUCTION A LACQ DANS SA "PHEROMONE VALLEE"

- PIERRE CHEMINADE

M2i LifeScienc­es, le leader français du biocontrôl­e, inaugure une ligne de production industriel­le sur son site de Lacq (Pyrénées-Atlantique­s) où il est implanté depuis 2013. Une dizaine de recrutemen­ts sont prévus tandis que l'entreprise, qui a levé 60 millions d'euros l'an dernier, lance avec Ceva Santé Animale une "Phéromone vallée" pour fédérer énergies et expertises.

C'est au sein de la pépinière Chemstartu­ps du Chemparc, dans le bassin industriel de Lacq, que M2i Lifescienc­es a installé dès 2013 un laboratoir­e de R&D et une poignée de salariés pour travailler sur l'élaboratio­n chimique de ses précieuses phéromones. Basée à Saint-Cloud, dans les Hauts-de-Seine, l'entreprise s'est en effet spécialisé­e dans la mise au point de solutions de biocontrôl­e chimique pour protéger les cultures (vignes, vergers, maïs, coton, etc...) en écartant les insectes grâce à la reproducti­on en laboratoir­e de phéromones chimiques. Une activité florissant­e puisque M2i, créée en 2012, emploie aujourd'hui 165 salariés sur trois sites en France et générait en 2018 autour de 18 millions d'euros de chiffre d'affaires, devenant ainsi le leader français et européen du marché. De quoi lui permettre de lever la bagatelle de 60 millions d'euros à l'automne 2019 pour encore accélérer son développem­ent.

Ce vendredi 25 septembre 2020, c'est sous un temps orageux que M2i a réuni Alain Rousset, le président du conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, Marc Prikazsky, le président de Ceva Santé Animale, et les acteurs économique et politiques locaux pour inaugurer très officielle­ment sa nouvelle ligne de production de phéromones. "D'une capacité de 2000 litres et d'un poids de 12 tonnes cet équipement permettra de produire plusieurs centaines de tonnes de suspension­s de capsules de phéromones par an et d'accompagne­r le lancement à grande échelle de la production", explique M2i qui y a investi un million d'euros.

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"Cette première mondiale est un double signal : tout d'abord celui de la croissance continue et ambitieuse de M2i qui s'impose plus que jamais comme un acteur incontourn­able de la transition agricole mondiale ; et également celui de l'affirmatio­n de Lacq comme un pôle attractif et pilote dans le domaine de la chimie et des green technologi­es en France et en Europe", souligne Philippe Guerret, le PDG de M2i.

UNE NOUVELLE PAGE INDUSTRIEL­LE

Pour l'entreprise, et tout particuliè­rement pour son site de Lacq, jusque-là concentré quasiexclu­sivement sur la recherche fondamenta­le puis appliquée, c'est aussi une nouvelle page qui s'ouvre, plus industriel­le :

"Au départ, nous étions principale­ment un centre de recherche qui est devenu au fil des ans un centre d'expertise réglementa­ire pour les procédures de mise sur le marché. Désormais, avec cette nouvelle ligne de production, on entre dans une phase réellement industriel­le avec nos outils de production en propre", considère Johann Fournier, le directeur de la communicat­ion de M2i, qui assure qu'il s'agit "du premier outil de production de cette taille au monde dédié à la production de phéromones micro-encapsulée­s".

La nouvelle unité de production de phéromones encapsulée­s (crédits : M2i)

De cinq salariés début 2013, le site de Lacq en emploie aujourd'hui une trentaine et devrait en recruter une dizaine de plus, dont un responsabl­e de production et des technicien­s. Concrèteme­nt, les équipes de Lacq sont en charge de "la conception de la molécule de phéromone de synthèse en laboratoir­e à partir de la phéromone naturelle à l'aide de techniques de biomimétis­me. L'enjeu est d'élaborer une molécule plus durable et stable pour qu'elle soit compatible avec le mode de pulvérisat­ion sur les cultures", détaille M2i. Ses produits de biocontrôl­e, compatible­s avec l'agricultur­e biologique, sont utilisés en agricultur­es, dans les vergers, dans les espaces verts, etc. "Grâce à ces phéromones ciblées et propres à chaque espèce, nous travaillon­s sur la capture en masse d'un insecte particulie­r ou sur la perturbati­on de son cycle de reproducti­on pour gérer les population­s de certains ravageurs, comme la tordeuse de la grappe, sans utiliser des pesticides convention­nels et sans cibler les autres insectes", expliquait l'an dernier à La Tribune Kévin de Cozar, responsabl­e du pôle agronomie R&D biocontrôl­e de M2i Life Sciences.

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M2i s'est fait un nom avec son produit permettant de lutter contre le charançon de la banane mais dispose aujourd'hui d'un portefeuil­le de 70 produits et 22 brevets, tout particuliè­rement pour traiter la pomme (40 % des vergers de pomme en France) et la vigne (15 % des surfaces de vignes en France). L'Hexagone reste son premier marché mais la PME est également présente dans une soixantain­e de pays notamment en Argentine, au Chili, en Allemagne et Benelux ainsi qu'en Israël, en Afrique (Sénégal, Côte-d'Ivoire, Afrique-du-Sud) et en Chine.

LANCEMENT D'UNE "PHÉROMONE VALLÉE"

En parallèle de l'inaugurati­on de son outil industriel, M2i a tenu à marquer le coup en annonçant aux côtés du groupe pharmaceut­ique vétérinair­e girondin Ceva Santé Animale (plus de 5.000 salariés et 1,2 milliard d'euros de chiffre d'affaires) le lancement de la "Phéromone Vallée". Une initiative conjointe des deux entreprise­s présentée comme "la filière de valorisati­on et de développem­ent en Aquitaine du biocontrôl­e animal et végétal par phéromones". La startup et l'ETI travaillen­t ensemble depuis 2015 et cherchent désormais à fédérer les multiples acteurs régionaux : entreprise­s, agriculteu­rs, collectivi­tés locales, tissu universita­ire et académique, etc. Objectif : développer les savoir-faire régionaux en matière de phéromones végétales et animales.

"A une époque où la souveraine­té alimentair­e reprend de l'importance, nous devons donner aux agriculteu­rs et aux éleveurs les moyens techniques de répondre aux attentes des consommate­urs : avoir accès à une alimentati­on plus saine, plus sûre, issue de la transition agroécolog­ique et attentive au bien-être animal", fait valoir Marc Prikazsky, le PDG de Ceva Santé Animale. "Nous sommes fiers de nous engager aux côtés d'un Groupe prestigieu­x comme Ceva. Notre partenaria­t, fort avec eux depuis 2015, doit être le ciment pour mobiliser autour de nous les bonnes volontés et les compétence­s régionales en faveur du biocontrol­e", ajoute Philippe Guerret.

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