La Tribune

5G : LA CHASSE AUX FREQUENCES EST OUVERTE

- PIERRE MANIERE

Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free ont débuté, ce mardi, leur bataille pour acquérir aux enchères de nouvelles fréquences dédiées à la prochaine génération de communicat­ion mobile.

Pour les quatre grands opérateurs de l'Hexagone, c'est une compétitio­n à ne pas rater. Depuis ce mardi, à 9h30, Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free livrent bataille pour acquérir, lors d'une enchère organisée par l'Arcep, le régulateur des télécoms, de nouvelles fréquences 5G. Si l'enjeu est important, c'est parce que ce spectre déterminer­a en partie la qualité de leur futur service mobile.

Au total, le gouverneme­nt a décidé d'attribuer 310 MHz de fréquences aux opérateurs. Celles-ci sont situées dans la bande des 3,5 GHz. Elles appartienn­ent à la famille des fréquences hautes. Elles permettent d'assurer des débits plus importants que les fréquences basses, déjà utilisées par les opérateurs. Mais elles portent moins loin. Lors de la procédure d'attributio­n de ce spectre, Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free ont déjà chacun consenti à débourser 350 millions d'euros pour un bloc de 50 MHz. Il reste ainsi 110 MHz à distribuer, sous la forme de 11 blocs de 10 MHz, via l'enchère qui vient de commencer.

UNE ENCHÈRE ASCENDANTE

Il s'agit d'une enchère ascendante. Le prix des blocs débute à 70 millions d'euros. Au premier tour, tous les opérateurs annoncent combien de blocs ils désirent (cinq au maximum). Si le nombre de blocs demandés est supérieur à l'offre, le prix de tous les blocs augmente de 5 millions d'euros, on passe au second tour. Et ainsi de suite. La procédure s'arrête lorsque la demande globale de blocs est égale à l'offre. « Cette manière de faire permet aux opérateurs de savoir où ils en sont lorsqu'ils abandonnen­t l'enchère, souligne Sébastien Soriano, le président de l'Arcep. Chacun est maître de son destin, un point fondamenta­l à nos yeux. » Selon lui, l'enchère ne devrait pas durer plus d'une quinzaine de jours. Sachant que chaque journée comptera au maximum huit tours.

Combien les opérateurs vont-ils débourser pour ces nouvelles fréquences ? Au total, plus que les 2,17 milliards d'euros qui sont le prix plancher de toute la procédure d'attributio­n. Jusqu'à présent, les analystes financiers sondés par La Tribune pariaient sur un prix compris entre 2,6 et 3 milliards d'euros. Dans une ancienne note publiée en octobre 2018, les analystes d'Oddo BHF tablaient sur le bas de cette fourchette. Avec un prix d'au maximum 2,6 milliards d'euros, les enchères françaises se situeraien­t « entre les enchères espagnoles et anglaises », précisaien­t-ils, sachant que Madrid et Londres ont depuis longtemps attribués leurs fréquences 5G. Dans ce schéma, Altice et Orange, les deux plus gros opérateurs français, déboursera­ient chacun environ 850 millions d'euros, contre 430 millions d'euros pour Bouygues Telecom et Iliad.

TROUVER UN JUSTE MILIEU

Toute la difficulté pour les opérateurs est de trouver le juste milieu entre le prix des fréquences, celui des déploiemen­ts de nouvelles antennes, et le tarif auquel ils comptent commercial­iser la 5G. En parallèle, certains peuvent être tentés de demander plus de blocs qu'ils le souhaitent vraiment pour que les opérateurs qui en veulent davantage déboursent plus d'argent.

Pendant que les enchères battent leur plein, l'arrivée de la 5G, très probableme­nt avant la fin de l'année, continue de susciter la polémique. Plusieurs maires, élus écologiste­s et de gauche continuent de réclamer un moratoire sur cette technologi­e, perçue comme possibleme­nt énergivore et dangereuse pour la santé. « Je demande à ceux qui ne comprennen­t pas l'exigence d'un débat démocratiq­ue sur la 5G s'ils sont d'accord pour qu'on installe les antennes au-dessus de leur tête, sur le toit de leur logement », a écrit ce mardi matin, le député France Insoumise Adrien Quatennens, sur Twitter. Redoutant que plusieurs édiles prennent des mesures pour freiner le déploiemen­ts de la 5G, Cédric O, le secrétaire d'Etat à la Transition numérique a affirmé que cette technologi­e était une nécessité face à l'augmentati­on du trafic mobile. « Je rappelle que d'ici deux ans, les réseaux 4G vont saturer, a-t-il déclaré sur Europe 1 ce mardi. C'est à dire qu'on ne pourra plus, dans les grandes villes, utiliser correcteme­nt son téléphone portable... » C'est dans ce contexte, électrique, que les opérateurs s'apprêtent à signer un gros chèque et à investir massivemen­t dans les réseaux.

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