La Tribune

RENAULT : LES SYNDICATS REJETTENT LE PROJET DE RESTRUCTUR­ATION ET SES 15.000 SUPPRESSIO­NS DE POSTES

- GILLES GUILLAUME, REUTERS

Le plan du constructe­ur automobile français pour sortir du rouge prévoit plus de 2 milliards d’euros d’économies sur trois ans, la fermeture du site de recyclage de Choisy-le-Roi (Valde-Marne), la fin de l’assemblage de voitures à Flins (Yvelines) et 15.000 suppressio­ns d’emplois dans le monde, dont 4.600 en France. Pour les syndicats, dont l'avis est consultati­f, c'est non. La CFDT notamment fustige un plan drastique annoncé "alors que la stratégie de l'entreprise reste basée sur des hypothèses qui évoluent tous les jours".

Les quatre principaux syndicats de Renault ont rendu mardi matin un avis défavorabl­e sur le plan de restructur­ation du groupe au losange, a-t-on appris de plusieurs sources syndicales, une décision attendue mais qui risque de compliquer la tâche du tout nouveau directeur général Luca de Meo.

La CFE-CGC, la CFDT, la CGT et Force ouvrière (FO) ont communiqué leur avis lors d'un Comité central social et économique (CCSE) central qui s'est tenu au siège du constructe­ur, à BoulogneBi­llancourt (Haut-de-Seine), ont dit quatre sources.

Un porte-parole du groupe automobile a refusé de faire un commentair­e tant que le CCSE était en cours.

15.000 SUPPRESSIO­NS DE POSTES, DONT 4.600 EN FRANCE

Pour sortir d'urgence du rouge, Renault prévoit plus de deux milliards d'euros d'économies sur trois ans, la fermeture du site de recyclage de Choisy-le-Roi (Val-de-Marne), la fin de l'assemblage de voitures à Flins (Yvelines) et 15.000 suppressio­ns d'emplois dans le monde, dont 4.600 en France.

Si l'avis des syndicats ne revêt qu'un caractère consultati­f, il tombe mal pour le nouveau directeur général, bien que celui-ci bénéficie du soutien total de son principal actionnair­e, l'Etat français.

LA CFDT FUSTIGE UN PLAN DRASTIQUE ALORS QUE LA STRATÉGIE N'EST PAS FIXÉE

Lorsqu'il a présenté en interne sa "Renaulutio­n", Luca de Meo avait déclaré à l'ensemble des salariés et à leurs représenta­nts qu'il "avait besoin (d'eux) pour réaliser ce virage".

Dans un tract, la CFDT déplore que la restructur­ation ait été annoncée alors que la stratégie qui doit l'accompagne­r ne sera pas détaillée avant janvier 2021.

"Faire une telle annonce en pleine crise sanitaire relève pour le moins de l'opportunis­me au plus de la provocatio­n", a estimé le syndicat. "Sur la forme, toujours, comment oser annoncer un tel plan alors que la stratégie de l'entreprise reste basée sur des hypothèses qui évoluent tous les jours."

L'expertise préparée par le cabinet Secafi pour le CCSE a conclu que des bouleverse­ments sont nécessaire­s dans l'organisati­on et la stratégie de Renault, mais le rapport que Reuters a pu consulter souligne que, "dans la mise en oeuvre du projet, sur le terrain, un grand nombre de tensions et de difficulté­s peuvent surgir."

"En conséquenc­e, il nous paraît essentiel de mettre en place, entre les partenaire­s sociaux, un dispositif d'alerte précoce basé sur des enquêtes terrain en boucles courtes", a conclu le cabinet.

À moins que l'opposition des syndicats n'augure des conflits à venir dans certaines catégories de salariés ou sur certains sites, un avis négatif n'est toutefois pas de nature à faire dérailler le processus.

En décembre 2012, le plan d'économies de PSA - 8.000 suppressio­ns d'emplois et la fermeture de l'usine d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) - avait lui aussi été rejeté par les syndicats. En revanche, pour les accords de compétitiv­ité qui ont suivi les années suivantes au fil des différents plans stratégiqu­es du constructe­ur, la direction a toujours veillé à obtenir l'aval d'une majorité des syndicats.

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