La Tribune

COVID : LE TEST SALIVAIRE EASYCOV BIENTOT UTILISE MASSIVEMEN­T EN FRANCE

- CECILE CHAIGNEAU

Alors que le Covid-19 semble reprendre de la vigueur en France, tous les regards sont braqués sur la capacité du pays à tester massivemen­t la population. A Montpellie­r, le consortium ayant mis au point le test salivaire EasyCov se dit prêt à produire à grande échelle dès que le feu vert aura été donné par la Haute autorité de santé. Ce qui serait une histoire de quelques jours.

Très rapidement en mars dernier, un consortium français composé de scientifiq­ues du CNRS travaillan­t pour le laboratoir­e Sys2Diag (piloté par le biologiste Franck Molina), de la société de biotechnol­ogie SkillCell (filiale d'Alcen), de la société montpellié­raine VOGO et du CHU de Montpellie­r, s'était lancé dans la course au dépistage du Covid-19. Rapidement également, le consortium a mis au point un test salivaire de diagnostic du virus, simple d'utilisatio­n, ne nécessitan­t pas l'emploi de matériel lourd - permettant donc un dépistage rapide et massif - et requérant un besoin très faible en réactifs. Nom de baptême : EasyCov.

« Le métier du diagnostic médical, c'est de mesurer des paramètres, avoir des algorithme­s de décision pour définir une action thérapeuti­que, rappelle Franck Molina dans le cadre d'une conférence donnée par VOGO le 29 septembre sur ses résultats semestriel­s. Ce marché, devenu majeur, est en pleine expansion. Avec la pandémie du Covid, nous n'avons pas voulu inventer un robot de plus mais favoriser un test en grand nombre. Notre cahier des charges, c'était léger, rapide, frugal. Nous avions déjà miniaturis­é le laboratoir­e sur des puces. Avec EasyCov, le laboratoir­e devient micrométri­que et 100 % bio - ce sont des protéines qui font le job à la place d'éléments électroniq­ues - donc biodégrada­ble, peu cher à produire, et pas dangereux dans son utilisatio­n. Aujourd'hui, il faut 40 minutes pour obtenir un résultat de test, EasyCov est utilisable par des non spécialist­es et il connecté aux fichiers nationaux. »

FACE AU « FAKE TESTS »

Concrèteme­nt, le test consiste à prélever la salive sous la langue à l'aide d'une pipette, de chauffer l'échantillo­n puis de le plonger dans un liquide révélateur qui indique un résultat colorimétr­ique (grâce à une technologi­e mise au point par VOGO) : orange pour un résultat négatif, jaune pour positif.

VOGO propose des solutions live & replay, audio et vidéo, à destinatio­n des spectateur­s et des profession­nels, au sein des enceintes sportives. Au sein du consortium, elle est en charge de la solution numérique qui permet d'automatise­r l'analyse des résultats par lecture colorimétr­ique du test EasyCov. Elle a aussi développé un portail numérique interopéra­ble avec l'ensemble des systèmes d'informatio­n de santé permettant d'assurer la réalisatio­n rapide des tests à grande échelle.

« Un test salivaire est mieux accepté surtout s'il est récurrent, comme dans les milieux sportifs par exemple, et EasyCov ouvre la voie à un dépistage massif serein des population­s », souligne Franck Molina.

Le test EasyCov a obtenu en juin dernier l'agrément CE et peut donc être commercial­isé en Europe, et donc en France. Sauf qu'il ne l'est pas, car face à l'apparition de « fake tests », «le gouverneme­nt français a imposé que les tests soient agréés par le Centre national de références, explique Franck Molina. La Haute autorité de santé s'est positionné­e sur un élargissem­ent des tests au tests salivaires. A sa demande, une étude clinique test salivaire/test PCR a été faite à Montpellie­r sur un échantillo­n d'un grand nombre de patients et les résultats, très édifiants, vont être communiqué­s dans quelques jours. EasyCov est aujourd'hui encore plus performant qu'en juin dernier, et il détecte les asymptomat­iques ! ».

PLUSIEURS CENTAINES DE MILLIERS DE TESTS VENDUS DANS LE MONDE

En attendant, Alexandra Prieux, la présidente de SkillCell, qui est en charge de la commercial­isation d'EasyCov, annonce que plusieurs centaines de milliers de tests ont déjà été vendus dans le monde, par exemple au Maroc via les laboratoir­es de biologie médicale du groupe Inovie.

« Aujourd'hui, nous croulons sous les demandes, assure Franck Molina. EasyCov est un test franco-français, fabriqué à Strasbourg par l'entreprise Firalis, et nous sommes en capacité de le produire à très grande échelle. Nous nous tenons prêts, notamment en raison de la reprise du virus partout. »

Pour sa contributi­on technologi­que, VOGO a réalisé un chiffre d'affaires de 200 000 € sur le premier semestre 2020, représenta­nt d'ores et déjà une contributi­on de près de 10 % à l'activité totale du semestre. Dès le second semestre, VOGO devrait percevoir les premières royalties liées au déploiemen­t commercial du test dont les montants sont indexés sur le nombre de tests vendus et réalisés (3,5 % du chiffre d'affaires HT réalisé au-delà de 500 000 tests vendus au prix catalogue de 20 € HT).

La start-up montpellié­raine, qui a notamment pour stratégie de valoriser son expertise digitale sur le marché de la santé, prépare déjà la suite, et son président Christophe Carniel annonce « travailler sur un partenaria­t pérenne avec SYS2DIAG et le CNRS ».

« Nous avons d'autres projets qui vont révolution­ner les tests diagnostic en santé, mais aussi dans les domaines du sport, de la nutrition, du bien-être et de l'environnem­ent », confirme Franck Molina.

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