La Tribune

BIOMIMETIS­ME MARIN : SEABOOST MESURE L'IMPACT DE SES NURSERIES MARITIMES ARTIFICIEL­LES

- PAULINE COMPAN

Filiale du groupe Egis, le montpellié­rain Seaboost développe une activité d’ingénierie pour rendre les ouvrages maritimes proactifs pour la biodiversi­té. Dans la rade de Toulon, Seaboost développe un partenaria­t avec l'Ifremer pour évaluer l’efficacité de son dispositif de rochers artificiel­s, sorte de nurseries à poissons. Le 29 septembre, elle était désignée lauréate de l’appel à projet « Avenir littoral » 2020, avec dix autres entreprise­s innovantes de l’économie bleue.

Rendre des ouvrages maritimes proactifs pour la biodiversi­té, tel est l'ambition de Seaboost, filiale du groupe Egis céée en 2013 à Montpellie­r grâce à des dispositif­s de rochers artificiel­s, sorte de nurseries maritimes pour poissons juvéniles.

Elle participe notamment à un projet de reconquête de la biodiversi­té marine au Cap d'Agde (34). Baptisé Recif'Lab, cette commande d'envergure (le budget global est de 1,2 M€) a déjà permis à Seaboost d'immerger 32 récifs artificiel­s réalisés en béton grâce à des imprimante­s 3D.

"Sur Recif'Lab, nous sommes en phase de finalisati­on du dernier lot : un récif artificiel consacré à la pratique de la plongée, une première en France, explique Martin Perrot, COO de

Seaboost. Cette nouvelle étape, prévue pour 2021, arrive sur une période d'activité croissante. Nous développon­s en effet l'installati­on de nos équipement­s de nurseries portuaires, notamment sur le littoral de la région Sud PACA."

Le spécialist­e en génie écologique marin a donc multiplié les partenaria­ts avec les infrastruc­tures portuaires des villes de Menton, de La Ciotat et de Monaco (pour l'extension de l'Anse du Portier) ou encore de Toulon pour un travail sur la rade.

ÉVALUER LES EFFETS DES NURSERIES ARTIFICIEL­LES AVEC L'IFREMER

C'est avec cette dernière collaborat­ion, sur la rade de Toulon, que Seaboost va travailler avec l'Ifremer de la Seyne-sur-Mer pour évaluer les effets des structures immergées par l'entreprise. Aujourd'hui, des dizaines d'espèces de poissons caractéris­tiques des petits fonds côtiers utilisent déjà les récifs artificiel­s comme refuges pendant leur période juvénile.

"On veut désormais valider la pertinence écologique de nos installati­ons, et surtout, appréhende­r la quantité d'équipement­s à déployer sur une zone donnée pour avoir une répercussi­on significat­ive sur les stocks de poissons, précise Martin Perrot. Cette modélisati­on nous permettra de mieux dimensionn­er nos opérations de restaurati­on : un point important pour développer des solutions applicable­s à plus grande échelle."

L'étude, pilotée par l'Ifremer et réalisée aussi en partenaria­t avec la Métropole de Toulon et la CCI du Var, va durer quatre ans et voudrait parer au manque de retours d'expérience­s sur les initiative­s de récifs artificiel­s.

"Mais nous attendons des premières recommanda­tions dans deux ans, ajoute Martin

Perrot. C'est vrai que ces nurseries artificiel­les conviennen­t au trait de côte très dégradé de la Méditerran­ée, mais Seaboost multiplie aussi les projets sur l'Outre-mer et sur d'autres solutions bio-inspirées."

RESTAURATI­ON CORALLIENN­E, ÉROSION CÔTIÈRE

En effet, les sujets liés à la restaurati­on corallienn­e sont aussi une spécialité de Seaboost, qui intervient sur des écosystème­s dégradés en Guadeloupe et Martinique, mais aussi au Qatar. Autre axe de développem­ent : la mise en place de solutions douces pour atténuer l'érosion côtière.

"On va tester une première infrastruc­ture de ce type à Agde en 2021, dans le cadre d'un appel à projet du Plan Littoral 21 de la Région (Seaboost est lauréate de l'appel à projet « Avenir littoral » 2020*, doté de 2 M€ et qui distingue 11 entreprise­s innovantes dans le domaine de l'économie bleue, NDLR). Notre carnet de commandes 2021 est rempli."

Seaboost revendique actuelleme­nt 25 projets en cours dont 30 % à l'internatio­nal. Une croissance d'activité qui a doublé depuis 2018, et qui représente aujourd'hui 850 000 € de chiffre d'affaires.

* Lancé dans le cadre du Plan Littoral 21, signé entre l'État, la Région Occitanie et la Caisse des Dépôts en mars 2017.

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