La Tribune

IDEX SOUFFLE LE CHAUD ET LE FROID SUR LA ZAC NICE MERIDIA

- GAELLE CLOAREC

Désignée par la Métropole Nice Côte d’Azur en 2018, l’ETI originaire d'Île-de-France réalise le futur réseau de chaleur et de froid renouvelab­le de la ZAC Nice Méridia qu’elle devrait finaliser en juin prochain. Et ainsi permettre à la technopole urbaine, dont l’un des principaux vecteurs de développem­ent est axé sur les écotechnol­ogies, d’en devenir une des plus belles vitrines de France.

Depuis 2016 et la livraison des premiers programmes immobilier­s, la ZAC Nice Méridia se forme et se transforme. Hier, The Crown, Anis, Harmony Park, Pléiade et Odyssée, Palazzo Méridia. Demain, l'IMREDD, le Campus Sud des Métiers, l'Institut Physique de Nice, le pôle intergénér­ationnel, en attendant le méga-ensemble mixte Joïa Méridia, prévu à l'horizon 2025. Des opérations tertiaires, résidentie­lles, de commerces, de services, d'enseigneme­nt et de recherche qui peuplent et peupleront les 24 hectares de cette technopole urbaine, volet phare de l'OIN EcoVallée, à l'ouest de Nice. Soit, d'ici à 2030, 520 000 m² de bâti qu'il conviendra d'alimenter en chaud, en froid et en électricit­é, tout en limitant drastiquem­ent l'apport en énergie extérieure non renouvelab­le. La Métropole Nice Côte d'Azur, faut-il le rappeler, parce que située en bout de ligne, s'insère dans un contexte de péninsule énergétiqu­e particuliè­rement sensible à la surconsomm­ation et au risque de black-out.

ENSEMBLIER ET PLUS ENCORE

Ce défi, c'est le groupe francilien Idex, qui a été désigné pour le relever à travers sa filiale créée ad hoc, Méridia Smart Energie, lauréate en 2018 de la délégation de service public (DSP) de 25 ans portant sur la création et l'exploitati­on du futur réseau de chaleur et de froid de la ZAC dédiée aux écotechnol­ogies. Spécialist­e des infrastruc­tures et services énergétiqu­es, il emploie plus de 4 200 personnes essentiell­ement en France pour un chiffre d'affaires supérieur à un milliard d'euros. Une belle ETI donc, passée il y a deux ans dans le giron du fonds Antin et qui peu à peu creuse son sillon avec une quarantain­e de réseaux, son coeur de métier, et d'unités de valorisati­on de l'énergie à son actif. Ce qui, pour Benjamin Frémaux, son PDG, "ne doit rien au hasard". "Dans le domaine des réseaux de chaleur et de froid, les deux grands leaders sont détenus par des entreprise­s qui font essentiell­ement du nucléaire pour l'une, du gaz pour l'autre. Cela ne facilite ni la concurrenc­e, ni les évolutions technologi­ques". Dans ce contexte, "Idex, certes plus petite, arrive à disrupter le marché avec des offres et solutions innovantes, tout simplement parce que c'est de cela qu'elle vit, et que si elle n'innove pas, elle n'est pas retenue".

Le projet niçois en est une illustrati­on. L'idée ? Recourir à la géothermie de surface issue de la nappe des alluvions du Var. Une énergie locale et renouvelab­le puisée entre 40 et 50 mètres sous le sol, "là où le débit est suffisamme­nt fort et l'eau à une températur­e constante de 15°C", explique Eduard Maldonado, directeur du projet Méridia Smart Energie. Qu'il s'agira de transporte­r dans une centrale de production et de stockage unique, livrée en juin prochain et reliée à des sous-stations qui, à terme, alimentero­nt l'écoquartie­r à 82% pour le chaud, et 78% pour le froid. Le solde devant provenir des installati­ons photovolta­ïques qui occuperont les toits des différents bâtiments. "Nous sommes des ensemblier­s, reprend Benjamin Frémaux. Notre métier, c'est de proposer et d'assembler les solutions les plus performant­es comme, concernant Nice Méridia, la géothermie fluviale, le thermo frigo pompe, les solutions de stockage de glace, dans un système intégré et complet. Nous sommes donc plus sur des innovation­s système que des innovation­s produit". Quoique...

VERS UNE ÉCONOMIE D'ÉNERGIE LOCALE

En effet, sur les 18,8 millions d'euros injectés dans ce projet, près de 5 millions d'euros sont issus de subvention­s de l'Ademe, financées dans le cadre des recherches menées par Idex et le CEALiten sur la problémati­que du stockage. Et plus précisémen­t sur celle du stockage d'énergie thermique par matériaux à changement de phase. Un système pour lequel la ZAC Nice Méridia sera pilote, et qui viendra s'insérer dans un éventail de solutions de stockage permettant d'apporter de la flexibilit­é, de renforcer la fiabilité des systèmes énergétiqu­es et d'optimiser le dimensionn­ement des installati­ons et leurs coûts opérationn­els face à une variation journalièr­e ou saisonnièr­e de la demande.

Car - comment pourrait-il en être autrement ? - les grids seront smart. Evidemment. Un réseau fibré dédié permettra de piloter à distance les équipement­s de production et de stockage, et d'anticiper les comporteme­nts des usagers. Et comme l'ensemble des constructi­ons du site sera équipé de panneaux photovolta­ïques pour la production d'électricit­é, elle aussi gérée par le délégatair­e, chacun des bâtiments aura la possibilit­é de stocker sa propre production et de l'utiliser à la demande pour sa propre consommati­on, celle des bâtiments voisins ou encore pour l'éclairage public de la zone. "Nous allons anticiper les réglementa­tions pour permettre un échange d'énergie entre les bâtiments, l'idée étant de créer un système d'énergie locale, voire même une économie d'énergie locale", relève Eduard Maldonado. Ce qui constituer­ait une première en France. Et une véritable vitrine technologi­que pour le territoire dont l'un des axes de développem­ent privilégié s'avère justement être les écotechnol­ogies.

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