POLE EMPLOI, LE HACKATHON ET LE BESOIN D'INNOVATION
Fédérer les forces innovantes du territoire pour créer l'outil qui soit capable d'aller vite et bien sur l'identification des profils adéquats, c'est le sens de l'initiative menée avec l'incubateur La Ruche, à Marseille. Si l'idée est plutôt bien pensée en termes de communication, elle dit aussi autre chose sur les besoins de recrutement de compétences. Où il faut en finir vraiment avec les anciens modèles.
On pensait le hackathon un peu aux oubliettes, tant il a été, durant une longue période, l'exercice auquel toutes les jeunes pousses et les jeunes développeurs, startupeurs ou électrons libres innovants se sont prêtés. Pôle Emploi, avec l'incubateur La Ruche Marseille, réitère l'exercice, évidemment pour la bonne cause.
Et ici la bonne cause concerne un sujet primordial, d'autant plus dans le contexte actuel qui a bouleversé et bouleverse encore les acquis, les habitudes prises et les manières redondantes de s'y prendre : l'emploi.
On le sait déjà, on ne recrute pas (plus) comme avant, il est désormais question de soft kills, de compétences acquises au cours de sa vie professionnelle mais pas forcément validées par un diplôme en bonne et due forme. Les nouveaux métiers arrivent - on ne les connaît pas tous, loin s'en faut - et beaucoup donc, restent à imaginer. Il n'en reste pas moins que les entreprises ont besoin de compétences, de se préparer elles aussi à la relance à enclencher, à ces évolutions que l'on pressent mais que l'on ne maîtrise pas. Bref, embaucher ne se fait plus sur (simplement) sur CV. Là aussi, il faut penser autrement.
L'IVRESSE DE L'INNOVATION UTILE
C'est donc l'idée et le fondement du hackathon organisé ce mois d'octobre par Pôle Emploi. Le but est de créer un outil - de n'importe quelle forme - utilisant l'IA, la blockchain et toutes les nouvelles technologies qui vont bien, qui soit capable d'identifier les compétences acquises... dans la vie de tous les jours.
C'est ça, la nouveauté. Identifier ces expertises acquises au cours de sa vie, des talents peut-être non révélés mais qui sont tout à fait capables de répondre aux besoins futurs et actuels des entreprises. "L'Etat nous a demandé de faire différemment", souligne Thierry Lemerle, rappelant que l'initiative s'inscrit dans le cadre du PRIC, ce Plan régional d'investissement dans les compétences dont l'un des axes privilégie l'innovation, PRIC soutenu évidemment par le Conseil régional. Faire différemment c'est faire aussi avec une autre pédagogie. Ce qui est attendu du hackathon c'est clairement une solution - un "Révélateur de compétences" dit-on officiellement - qui disrupte ce qui est connu. Et qui peut prendre toutes les formes, de l'appli au chatbot en passant les jeux... Qu'importe le flacon, pourvu qu'il y ait l'ivresse de l'innovation utile.
ASSOCIER LE MONDE ÉCONOMIQUE
"Nous voulons simplifier la vie des entreprises. Nous bénéficions d'un large tissu de PME. Dénicher les habilités et les compétences de chacun, c'est ce qui nous intéresse. On peut même imaginer l'adapter à d'autres enjeux", poursuit le directeur régional de Pôle Emploi.
De ce qu'il ressortira du hackathon, nul ne le sait encore mais il est une porte ouverte sur une nouvelle façon d'appréhender le recrutement en entreprise. Un recrutement nouveau dont on parle beaucoup, mais pas toujours évident à mettre en place au sein des entreprises. La forme ludique de l'exercice devrait attirer les profils innovants curieux. Ce qui devrait avoir tendance à donner des solutions totalement nouvelles. Du côté du monde économique, on devrait applaudir à deux mains. Car c'est bien lui qui est en première ligne et qui pourrait être le premier aussi à s'emparer de ce nouvel outil magique. La solution retenue pourrait aussi - pourquoi pas - être accompagné en termes de développement, dit Thierry Lemerle. Car il ne faudrait pas que l'innovation demeure une simple bonne idée sur le papier, mais qu'elle soit éprouvée, testée, acquise, utilisée dans la vraie vie. C'est ça aussi, s'inscrire dans la relance et ses notions de compétitivité.