Plan de relance : le gouvernement estime que "les 100 milliards sont suffisants"
Sur les 100 milliards d'euros, 11 milliards ont été engagés et 9 milliards d'euros ont été versés à la fin de l'année 2020, selon un récent bilan de Matignon présenté lors du second comité national consacré au plan de relance. "Globalement, il a été relevé que les objectifs, les ambitions du pla ...
Sur les 100 milliards d'euros, 11 milliards ont été engagés et 9 milliards d'euros ont été versés à la fin de l'année 2020, selon un récent bilan de Matignon présenté lors du second comité national consacré au plan de relance. "Globalement, il a été relevé que les objectifs, les ambitions du plan, son rythme de déploiement ont été jugés satisfaisants" par le comité qui associe des parlementaires, partenaires sociaux, collectivités et experts, expliquent les services du Premier ministre.
L'épidémie donne des sueurs froides au gouvernement. L'arrivée du virus depuis près d'un an sur le territoire européen a bousculé l'agenda des réformes de l'exécutif confronté à une pandémie planétaire. La multiplication des vagues d'épidémie a obligé les autorités sanitaires à prendre des mesures drastiques pour tenter d'endiguer la circulation du virus.
Face à la persistance de cette maladie infectieuse et le prolongement de la crise, de plus en plus d'économistes et élus de l'opposition plaident pour un réajustement du plan de relance de 100 milliards d'euros concocté à l'été dernier au moment où l'économie française retrouvait des couleurs après un printemps désastreux.
L'ATTENTION DOIT SE PORTER SUR LA QUALITÉ DE MISE EN OEUVRE
A la suite de la seconde réunion du comité national du plan de relance, ce lundi 8 février, plusieurs conseillers de l'exécutif ont affirmé que le calibrage de cette enveloppe était adapté. "Nous sommes convaincus que le plan de relance à 100 milliards d'euros reste bien dimensionné. Il y a une très forte capacité de rebond de l'économie, comme on l'a vu au troisième trimestre 2020. Il faut bien s'assurer de la mise en oeuvre de ces 100 milliards d'euros", explique l'entourage de Jean Castex.
Dans quelques jours, le Premier ministre doit remettre un rapport au Parlement sur les avancées du plan de relance. Les conseillers de l'exécutif ont également annoncé que le comité de suivi des mesures d'urgence allait se transformer en comité de suivi des mesures de relance à partir du 1er avril. Il sera présidé par l'économiste Benoît Coeuré.
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DES REDÉPLOIEMENTS, MAIS PAS DE RECALIBRAGE DU PLAN
A l'issue de ce comité, le chef du gouvernement Jean Castex a tranché en faveur d'un redéploiement de certaines lignes de crédit au sein du budget d'un même ministère. Cette option avait été envisagée lors d'un récent comité de pilotage du plan de relance auquel La Tribune avait pu assister. "Les objectifs et les ambitions du plan ont été jugés satisfaisants. Les objectifs de décaissement ont été atteints en 2020. L'enjeu est de décaisser les sommes rapidement en 2021, mais il ne faut pas perdre en qualité. Surtout, les participants se sont entendus sur un objectif de redéploiement", a expliqué Matignon ce lundi après-midi.
En clair, le gouvernement planche surtout sur un rééquilibrage entre les crédits sousconsommés et les crédits surconsommés.
"L'enveloppe de 100 milliards d'euros est suffisante. Pour l'instant, il n'y a pas de discussions sur une hausse supplémentaire. Cela correspond à ce qu'il faut pour combler les pertes de PIB et retrouver le niveau de produit intérieur brut en 2022 comparable à 2019. C'est un chiffre concerté avec de nombreux économistes et salué par le FMI", argue-t-on.
Sauf que l'allongement de la crise économique amplifie les risques d'une spirale récessive. En effet, si la demande peine à repartir cette année, les entreprises pourraient moins investir et donc moins embaucher. L'année dernière, le gouvernement a dû rectifier son budget à quatre reprises pour faire face aux multiples difficultés. En outre, plusieurs économistes plaident en faveur d'un élargissement de l'enveloppe de la relance dans le contexte des taux bas et du coût du service de la dette au plus bas.
UN PREMIER TRIMESTRE ASSOMBRI
Si la récession en 2020 est moins sévère que prévu (-8,3% au lieu de -9%), l'économie tricolore tourne au ralenti au premier trimestre. De nombreux secteurs demeurent meurtris par les mesures de restriction administrative, et les courbes de contamination sont à un niveau élevé. Lors de leur dernier point de conjoncture, les économistes de l'Insee ont rappelé que l'activité au mois de janvier était inférieure de -4% à son niveau d'avant crise. La consommation des Français reste atone et même si la campagne de vaccination a démarré depuis plus d'un mois, l'horizon économique demeure bouché dans le secteur des services particulièrement ébranlé depuis le premier confinement au printemps 2020. La sortie de crise devrait particulièrement être délicate pour certains secteurs avec la levée des dispositifs d'aides. Certains économistes redoutent une envolée des défaillances d'entreprises dans les mois à venir alors que les mesures décidées en 2020 ont protégé grandement le tissu productif.
"L'impact du choc en 2020 devrait se matérialiser sur les défaillances d'entreprises en 2021 ou au plus tard en 2022. Il reste encore beaucoup d'incertitudes sur le moment où cela devrait arriver. Les secteurs les plus touchés sont liés au tourisme et à l'hôtellerie", a expliqué l'économiste en chef de Coface Julien Marcilly lors d'un point presse ce mardi 9 février.
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