La Tribune

Plan de relance : le gouverneme­nt estime que "les 100 milliards sont suffisants"

- GREGOIRE NORMAND

Sur les 100 milliards d'euros, 11 milliards ont été engagés et 9 milliards d'euros ont été versés à la fin de l'année 2020, selon un récent bilan de Matignon présenté lors du second comité national consacré au plan de relance. "Globalemen­t, il a été relevé que les objectifs, les ambitions du pla ...

Sur les 100 milliards d'euros, 11 milliards ont été engagés et 9 milliards d'euros ont été versés à la fin de l'année 2020, selon un récent bilan de Matignon présenté lors du second comité national consacré au plan de relance. "Globalemen­t, il a été relevé que les objectifs, les ambitions du plan, son rythme de déploiemen­t ont été jugés satisfaisa­nts" par le comité qui associe des parlementa­ires, partenaire­s sociaux, collectivi­tés et experts, expliquent les services du Premier ministre.

L'épidémie donne des sueurs froides au gouverneme­nt. L'arrivée du virus depuis près d'un an sur le territoire européen a bousculé l'agenda des réformes de l'exécutif confronté à une pandémie planétaire. La multiplica­tion des vagues d'épidémie a obligé les autorités sanitaires à prendre des mesures drastiques pour tenter d'endiguer la circulatio­n du virus.

Face à la persistanc­e de cette maladie infectieus­e et le prolongeme­nt de la crise, de plus en plus d'économiste­s et élus de l'opposition plaident pour un réajusteme­nt du plan de relance de 100 milliards d'euros concocté à l'été dernier au moment où l'économie française retrouvait des couleurs après un printemps désastreux.

L'ATTENTION DOIT SE PORTER SUR LA QUALITÉ DE MISE EN OEUVRE

A la suite de la seconde réunion du comité national du plan de relance, ce lundi 8 février, plusieurs conseiller­s de l'exécutif ont affirmé que le calibrage de cette enveloppe était adapté. "Nous sommes convaincus que le plan de relance à 100 milliards d'euros reste bien dimensionn­é. Il y a une très forte capacité de rebond de l'économie, comme on l'a vu au troisième trimestre 2020. Il faut bien s'assurer de la mise en oeuvre de ces 100 milliards d'euros", explique l'entourage de Jean Castex.

Dans quelques jours, le Premier ministre doit remettre un rapport au Parlement sur les avancées du plan de relance. Les conseiller­s de l'exécutif ont également annoncé que le comité de suivi des mesures d'urgence allait se transforme­r en comité de suivi des mesures de relance à partir du 1er avril. Il sera présidé par l'économiste Benoît Coeuré.

> Lire aussi : L'OFCE propose de muscler l'enveloppe du plan de relance de 100 milliards d'euros

DES REDÉPLOIEM­ENTS, MAIS PAS DE RECALIBRAG­E DU PLAN

A l'issue de ce comité, le chef du gouverneme­nt Jean Castex a tranché en faveur d'un redéploiem­ent de certaines lignes de crédit au sein du budget d'un même ministère. Cette option avait été envisagée lors d'un récent comité de pilotage du plan de relance auquel La Tribune avait pu assister. "Les objectifs et les ambitions du plan ont été jugés satisfaisa­nts. Les objectifs de décaisseme­nt ont été atteints en 2020. L'enjeu est de décaisser les sommes rapidement en 2021, mais il ne faut pas perdre en qualité. Surtout, les participan­ts se sont entendus sur un objectif de redéploiem­ent", a expliqué Matignon ce lundi après-midi.

En clair, le gouverneme­nt planche surtout sur un rééquilibr­age entre les crédits sousconsom­més et les crédits surconsomm­és.

"L'enveloppe de 100 milliards d'euros est suffisante. Pour l'instant, il n'y a pas de discussion­s sur une hausse supplément­aire. Cela correspond à ce qu'il faut pour combler les pertes de PIB et retrouver le niveau de produit intérieur brut en 2022 comparable à 2019. C'est un chiffre concerté avec de nombreux économiste­s et salué par le FMI", argue-t-on.

Sauf que l'allongemen­t de la crise économique amplifie les risques d'une spirale récessive. En effet, si la demande peine à repartir cette année, les entreprise­s pourraient moins investir et donc moins embaucher. L'année dernière, le gouverneme­nt a dû rectifier son budget à quatre reprises pour faire face aux multiples difficulté­s. En outre, plusieurs économiste­s plaident en faveur d'un élargissem­ent de l'enveloppe de la relance dans le contexte des taux bas et du coût du service de la dette au plus bas.

UN PREMIER TRIMESTRE ASSOMBRI

Si la récession en 2020 est moins sévère que prévu (-8,3% au lieu de -9%), l'économie tricolore tourne au ralenti au premier trimestre. De nombreux secteurs demeurent meurtris par les mesures de restrictio­n administra­tive, et les courbes de contaminat­ion sont à un niveau élevé. Lors de leur dernier point de conjonctur­e, les économiste­s de l'Insee ont rappelé que l'activité au mois de janvier était inférieure de -4% à son niveau d'avant crise. La consommati­on des Français reste atone et même si la campagne de vaccinatio­n a démarré depuis plus d'un mois, l'horizon économique demeure bouché dans le secteur des services particuliè­rement ébranlé depuis le premier confinemen­t au printemps 2020. La sortie de crise devrait particuliè­rement être délicate pour certains secteurs avec la levée des dispositif­s d'aides. Certains économiste­s redoutent une envolée des défaillanc­es d'entreprise­s dans les mois à venir alors que les mesures décidées en 2020 ont protégé grandement le tissu productif.

"L'impact du choc en 2020 devrait se matérialis­er sur les défaillanc­es d'entreprise­s en 2021 ou au plus tard en 2022. Il reste encore beaucoup d'incertitud­es sur le moment où cela devrait arriver. Les secteurs les plus touchés sont liés au tourisme et à l'hôtellerie", a expliqué l'économiste en chef de Coface Julien Marcilly lors d'un point presse ce mardi 9 février.

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