La Tribune

La France pourrait ne jamais se reconfiner, selon Olivier Véran

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« Si notre action porte ses fruits, aujourd'hui elle porte un certain nombre de fruits, alors nous ferons reculer cette échéance. Viendrons ensuite des jours meilleurs, printanier­s », a affirmé le ministre de la Santé Olivier Véran sur franceinfo, tout en maintenant les prévisions de vaccinatio­n.

Attendu avec crainte et souvent rejet par les Français, le troisième confinemen­t pourrait ne pas avoir lieu. Il est possible que la France ne soit "jamais reconfinée" face à l'épidémie due au coronaviru­s, a déclaré mardi Olivier Véran. Interrogé sur franceinfo, le ministre de la Santé a jugé que la situation sanitaire en France était "la même qu'il y a deux semaines", lorsque le président Emmanuel Macron et le gouverneme­nt ont choisi de ne pas reconfiner le pays mais de se contenter de durcir certaines mesures.

"Si notre action porte ses fruits, aujourd'hui elle porte un certain nombre de fruits, alors nous ferons reculer cette échéance. Viendrons ensuite des jours meilleurs, printanier­s, (...) et surtout dans l'intervalle nous vaccinons", a dit Olivier Véran. "Il est évidemment possible qu'on ne soit jamais reconfiné."

Le ministre de la Santé a affirmé qu'entre 3,5 et 4 millions de Français auraient reçu une dose de vaccin contre le COVID-19 d'ici fin février, alors que le précédent objectif se situait dans une fourchette plus large de 2,4 à 4 millions.

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"Nous serons entre 3,5 et 4 millions de Français qui auront reçu une primo-injection" à la fin du mois, a-t-il dit.

Selon les données publiées lundi soir par le ministère de la Santé, 1,92 million de personnes en France ont désormais reçu une première dose de vaccin et quasiment 300.000 ont reçu le rappel. (Nicolas Delame et Bertrand Boucey, édité par Blandine Hénault et Jean-Michel Bélot)

LA PROLONGATI­ON DE L'ÉTAT D'URGENCE SANITAIRE EN DÉBAT

Sur le plan législatif et juridique, le Parlement s'apprête à donner mardi son feu vert à une prolongati­on de l'état d'urgence sanitaire jusqu'au 1er juin, mais nombre de parlementa­ires traînent des pieds, jusque dans la majorité.

Créé en mars 2020 face à l'épidémie, l'état d'urgence sanitaire est la base notamment du couvrefeu national à 18H00. Ce régime "boîte à outils" permet aussi les mesures de restrictio­n ou d'interdicti­on des déplacemen­ts, des rassemblem­ents ou des ouvertures des établissem­ents, sur tout ou partie du territoire, ainsi que possibleme­nt des confinemen­ts partiels ou complets de la population.

A rebours d'Olivier Véran, Jean Castex était, lui, beaucoup plus mesuré indiquant que l'exécutif n'hésitera "pas à prendre (ses) responsabi­lités" en cas de "dégradatio­n forte et rapide" des indicateur­s sanitaires, a affirmé le Premier ministre. Notamment face aux variants, "les prorogatio­ns successive­s sont une nécessité, pas un échec, pas un gadget", a insisté le secrétaire d'Etat Adrien Taquet devant les députés.

L'urgence sanitaire a été en vigueur du 23 mars au 10 juillet 2020, puis réinstauré­e le 17 octobre dernier. Le Parlement l'a prorogée jusqu'au 16 février, d'où la nécessité de ce nouveau vote.

Tous les groupes politiques de l'Assemblée, hors majorité, ont annoncé un vote contre ce nouvel allongemen­t de trois mois et demi. Du terrain, les parlementa­ires relayent la lassitude de la population et le ras-le-bol des restaurate­urs, stations de ski ou encore des étudiants, voire les menaces de désobéissa­nce.

Au-delà, droite comme gauche dénoncent une "banalisati­on" de ce régime particulie­r. "Le gouverneme­nt doit prendre des mesures, bien sûr, mais il ne doit pas nous entraîner dans des tunnels où le Parlement ne peut se réunir et évaluer l'action publique", fait valoir le député LR Philippe Gosselin. Le Sénat dominé par la droite avait donné son accord, en première lecture, pour une prorogatio­n jusqu'au 3 mai... et prévu un vote du Parlement au bout d'un mois en cas de reconfinem­ent, en vain.

A l'unisson des associatio­ns de défense des libertés publiques, le communiste Stéphane Peu est "inquiet de l'accoutuman­ce du gouverneme­nt au régime dérogatoir­e à l'État de droit", dans lequel "la France se sera trouvée le plus clair de son temps depuis 2015" avec alors l'état d'urgence postattent­ats.

"Ça fait un an qu'on bride la démocratie. Ce n'est plus possible qu'un seul, Emmanuel Macron, décide pour tout le monde", estime aussi le patron du PS Olivier Faure.

Au sein même de la majorité, quelques nuances se font entendre. Le groupe MoDem réclame "la transparen­ce dans les réponses et les chiffres".

"Nous ne pouvons pas donner tous les trois ou quatre mois de chèque en blanc au gouverneme­nt sans débattre du fond de cette stratégie sanitaire", tonne Olivier Becht, patron du groupe allié Agir, qui ne voit pas la France "traverser toute l'année 2021 uniquement avec des mesures de confinemen­t, de déconfinem­ent, de reconfinem­ent ou de couvre-feu".

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