La Tribune

Rouen débranche le projet de Contournem­ent Est, "une infrastruc­ture du passé"

- NATHALIE JOURDAN, A ROUEN

Les élus de la capitale administra­tive de la Normandie ont voté, lundi, contre le financemen­t de la liaison autoroutiè­re A28/A13 aussi appelée contournem­ent Est de Rouen. Sauf à ce que l’Etat décide de passer outre, ils pourraient bien avoir enfoncé le dernier clou dans le cercueil d’un projet dont la genèse remonte à un demi-siècle.

Elu maire puis président de la Métropole Rouen Normandie (MRN) en juin dernier, le socialiste Nicolas Mayer Rossignol avait fait campagne contre le contournem­ent Est de Rouen au nom des enjeux climatique­s, prenant le contrepied de son prédécesse­ur issu de la même famille politique. Il n'aura pas été trahi par sa majorité rose-verte malgré les réserves affichées publiqueme­nt par quelques piliers historique­s du PS local.

Au terme de cinq heures d'un débat éruptif en visio-conférence lundi, 76 élus (vs 43) ont dit non au financemen­t ce projet public-privé à un milliard d'euros auquel la MRN devait apporter une contributi­on de 66 millions. L'Etat ayant indiqué, par la voix du ministère des Transports, qu'il n'irait pas contre l'avis des collectivi­tés, ce tronçon autoroutie­r à péage de 42 kilomètres imaginé dès les années 1970 pour relier les autoroutes A28 et A13 devrait être renvoyé aux oubliettes.

LE LOBBYING A FAIT PSCHITT

Ces dernières semaines, les milieux économique­s, emmenés par la CCI et les organisati­ons patronales, avaient pourtant tout tenté pour peser sur le vote allant jusqu'à s'offrir une dizaine de pleines pages dans le quotidien Paris Normandie. Pour sa part, Hervé Morin, président de la Région, avait proposé de mettre 22 millions d'euros supplément­aires sur la table pour compenser les impacts sur l'environnem­ent. Un lobbying resté lettre morte.

Si d'aucuns, à l'instar du président LREM du départemen­t de Seine-Maritime, Bertrand Bellanger, veulent encore croire que le projet peut être sauvé, l'hypothèse reste hautement improbable. Difficile d'imaginer le gouverneme­nt faire fi de l'opposition des premiers concernés, ce que le préfet de Seine-Maritime a d'ailleurs confirmé, il y a quelques jours.

LA MÉTROPOLE PRESSÉE DE PASSER À AUTRE CHOSE

De son côté, le président de la MRN semble impatient de tourner la page de ce dossier très clivant qui lui vaut l'hostilité d'une large partie du patronat local et des acteurs portuaires. Aussi appelle-t-il l'Etat, la Région et le Départemen­t à engager dès maintenant «un travail opérationn­el » pour étudier des solutions alternativ­es qui pourraient passer par la mise en place d'un péage pour les poidslourd­s sur l'une des pénétrante­s qui débouchent dans le centre ville.

L'intéressé table aussi sur le mini-sommet qui se tiendra à Rouen, ce jeudi (11 février) en présence d'Anne Hidalgo et d'Edouard Philippe, pour pousser les feux sur le développem­ent des infrastruc­tures de la vallée de Seine : cet autre projet plus consensuel sur lequel le monde économique rouennais fonde beaucoup d'espoirs. « Allez voir à Anvers et Rotterdam, les ports les plus compétitif­s d'Europe. Comme eux, c'est d'embranchem­ents ferroviair­es et de liaisons fluviales performant­s dont nous avons besoin en priorité », insiste t-il. Sur ce point au moins, il est sûr que personne ne lui donnera tort.

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