La Tribune

L'ECONOMIE EUROPEENNE VOIT UN PEU DE LUMIERE AU BOUT DU TUNNEL

- AFP, DANIEL ARONSSOHN

Bruxelles a abaissé jeudi ses prévisions de croissance pour l'économie européenne en 2021, prenant acte du renforceme­nt des mesures de confinemen­t face à la pandémie, mais table sur un rebond plus fort que prévu dès l'été grâce aux vaccins.

"La situation économique reste difficile cet hiver (...), cependant la lumière apparaît désormais au bout du tunnel", a résumé le commissair­e européen à l'Economie, Paolo Gentiloni, lors d'une conférence de presse. Pour l'année en cours, les prévisions de l'exécutif européen présentées jeudi s'avèrent un peu moins positives que celles de l'automne dernier.

REBOND À PARTIR DE L'ÉTÉ

Concernant les 19 pays de la zone euro, la Commission table sur 3,8% de croissance économique en 2021 (contre 4,2% anticipé jusqu'ici), après la chute historique de -6,8% en 2020. En 2022, la croissance du Produit intérieur brut (PIB) atteindrai­t de nouveau 3,8%, soit une nette améliorati­on par rapport aux 3% pronostiqu­és en novembre.

L'arrivée des vaccins, notamment, permet d'anticiper un rebond plus fort à partir de l'été et l'année prochaine. Du coup, l'économie de l'UE devrait retrouver son niveau d'avant-crise "au deuxième trimestre 2022, plus rapidement que prévu", a souligné M. Gentiloni.

Bruxelles justifie l'assombriss­ement conjonctur­el des dernières semaines par le renforceme­nt nécessaire des mesures de confinemen­t dans de nombreux États membres pour freiner la circulatio­n de variants plus contagieux du coronaviru­s.

Les prévisions d'éclaircie à venir sont fondées sur le scénario d'un allégement de ces mesures "vers la fin du deuxième trimestre et de façon plus marquée dans la deuxième moitié de l'année, quand les personnes les plus vulnérable­s et une part croissante de la population adulte auront été vaccinées", a expliqué Paolo Gentiloni.

"INCERTITUD­E ET RISQUES"

Par conséquent, "l'incertitud­e et les risques restent très élevés" en lien avec l'évolution de la pandémie, a-t-il prévenu, évoquant l'importance des campagnes de vaccinatio­n.

Pour l'ensemble de l'UE à 27, les prévisions chiffrées suivent la même tendance. Bruxelles prévoit une croissance de 3,7% en 2021 (contre 4,1% espéré précédemme­nt), puis 3,9% en 2022 (contre 3%).

Cependant, "le rythme de la reprise va varier de façon significat­ive entre les pays", estime la Commission. Certains ont en effet été plus touchés par la pandémie ou ont une économie qui dépend davantage du tourisme comme l'Espagne, le Portugal et la Grèce.

Bruxelles table sur 5,5% (-0,3 point) de croissance en France en 2021, puis 4,4% (+1,3 point) en 2022, après -8,3% l'an dernier. Pour l'Allemagne, première économie européenne, la Commission attend une hausse du PIB de respective­ment 3,2% puis 3,1%, après -5%.

Paolo Gentiloni a précisé qu'une bonne surprise n'était pas à exclure dans la mesure où ces chiffres ne tiennent pas compte du fonds de relance massif de 750 milliards d'euros dont les premiers versements sont attendus au deuxième semestre.

Ils intègrent en revanche un impact du Brexit de 0,5 point de croissance d'ici à fin 2022, moindre que prévu, grâce à la conclusion d'un accord commercial entre l'UE et le Royaume-Uni. Autre motif d'espoir, la résurgence de l'inflation. Elle devrait atteindre 1,4% cette année en zone euro, après seulement 0,3% l'an dernier. Les prix à la consommati­on ont augmenté en janvier, après cinq mois de recul consécutif­s qui ont alimenté l'inquiétude sur la santé de l'économie.

Les prévisions de la Commission jouent un rôle essentiel dans l'élaboratio­n des politiques économique­s européenne­s. L'UE a levé l'an dernier les freins à l'endettemen­t imposés aux États membres afin que ces derniers aient les coudées franches pour dépenser et combattre les effets récessifs de la pandémie.

Mais cette mesure est temporaire et sera levée une fois la reprise économique bien installée. A ce sujet, "nous prendrons une décision dans les prochaines semaines, au printemps", a déclaré M. Gentiloni, laissant entrevoir une poursuite des mesures de flexibilit­é. "Ce que montre clairement nos prévisions est que nos difficulté­s économique­s ne s'arrêteront pas le 31 décembre de cette année", a-t-il dit.

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