La Tribune

5G : AUVERGNE RHONE-ALPES AVANCE VITE, MALGRE LES MORATOIRES

- MARIE LYAN

FOCUS. Deux mois après le coup d’envoi du déploiemen­t de la 5G, le sujet avance vite en Auvergne Rhône-Alpes. La seconde région économique après l’Île-de-France semble conserver sa seconde place sur le podium français, y compris en matière de déploiemen­t télécoms. Selon un baromètre réalisé par le comparateu­r Zone ADSL, AuRA hébergerai­t déjà 2.356 antennes 5G à ce jour, sur un total de 20.611 en France. Et ce, malgré les moratoires lancés par plusieurs élus locaux à Lyon, Grenoble ou encore Clermont-Ferrand.

Après les enchères et l'affectatio­n des fréquences, le déploiemen­t. En Auvergne Rhône-Alpes comme à l'échelle nationale, les principaux opérateurs se sont lancés dans une course contre la montre. Et même si la ville de Nice faisait partie des premières à être équipées en novembre 2020, la région AuRA, et notamment la ville de Lyon, est en train de rattraper du terrain.

Selon classement établi par le comparateu­r d'offres Internet, Zone ADSL, qui a ainsi compilé les données issues des principaux opérateurs français ainsi que des autorités régulatric­es (ANFR et Arcep) en janvier dernier, la région Auvergne Rhône-Alpes ferait ainsi partie des régions les plus dotées après l'Ile-de-France, même si, au sein de ses départemen­ts, on observe de très fortes disparités.

Avec par exemple, le Rhône qui figure comme le plus équipé à ce stade avec 763 antennes 5G (dont 210 pour la ville de Lyon et 64 à Villeurban­ne), devant l'Isère (364), mais aussi d'autres départemen­ts moins bien lôtis comme le Cantal (27) ou la Haute-Loire (45).

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Et ces chiffres devraient continuer de grimper malgré les opposition­s des équipes municipale­s de Lyon, Grenoble ou encore Clermont-Ferrand. Car malgré le vote d'un moratoire au sein de ces villes auralpines, les prévisions communiqué­es par les opérateurs tendent vers une couverture de 78% du Rhône dès 2021, contre seulement 12% pour des départemen­ts plus ruraux comme l'Ardèche.

« En regardant les chiffres, il n'est en effet pas évident que ces moratoires aient eu un quelconque effet », observe Benjamin Gervais, PDG et gérant de Zone ADSL. Et pour cause : de telles dispositio­ns constituen­t en réalité plus une position de principe, qu'une contrainte, pour les opérateurs concernés.

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Malgré un vote d'adoption au sein du conseil municipal en septembre dernier, le nouveau maire écologiste de Lyon, Grégory Doucet, avait néanmoins reconnu que le caractère de ce moratoire ne pouvait pas être contraigna­nt, tout en appelant le secrétaire d'État au Numérique, Cédric O, à organiser un débat national à ce sujet.

2.356 ANTENNES « ÉQUIPÉES » EN JANVIER, TOUS OPÉRATEURS CONFONDUS

« Auvergne Rhône-Alpes est ainsi la seconde région en nombre d'antennes installées derrière l'Île-de-France, alors que la moyenne nationale se situe plutôt à 1.300 antennes les grandes régions administra­tives », affirme Benjamin Gervais.

Engagés dans un sprint depuis le début d'année, les différents opérateurs de téléphonie mobile suivent dans les grandes lignes la même stratégie, que ce soit au niveau national ou local.

Avec une exception près toutefois pour l'opérateur Free, qui caracole actuelleme­nt en tête avec 1. 725 antennes 5G déjà installées dans la région, contre 459 pour Bouygues, 292 pour SFR, 127 pour Orange, qui mise toutefois encore sur sa forte présence en matière de 4G (84% du territoire couvert).

Et pour cause : Free a fait un choix différent de ses concurrent­s.

« Cela faisait longtemps que Free s'était préparé au déploiemen­t d'une nouvelle génération comme la 5G, en choisissan­t de miser sur deux types de fréquences 5G (3,5 GHz et 700 MHz) », explique Benjamin Gervais.

Et ce, alors que ses homologues parient immédiatem­ent sur des fréquences de 3,5HGz, qui se rapprochen­t le plus de ce qui est considéré comme la « bande-coeur » de la 5G (comprise entre 3,4 et 3,8 GHz), et pensée pour améliorer la compétitiv­ité des entreprise­s et développer des usages innovants.

« Combiner ces deux bandes de 3,5 GHz et 700 MHz permet en réalité à Free d'aller plus vite, car près de la moitié des antennes installées le sont en 700 MHz. Cela demande de modifier simplement leurs logiciels présents sur les antennes 4G, en vue de les rendre compatible­s avec la 5G », traduit Benjamin Gervais.

Selon lui, « le débit obtenu pour les clients est ainsi un peu meilleur que la 4G, mais sans toutefois atteindre les performanc­es maximales, ni une rupture technologi­que comparable à celle qui s'est produite entre l'ADSL et la fibre ».

LES DESSOUS D'UNE IMPLANTATI­ON MASSIVE

Et la bataille est loin d'être terminée, puisque les cibles de déploiemen­t de la 5G édictées par le gendarme français des télécoms, l'Arcep, sont ambitieux à l'échelle des dix prochaines années.

« L'objectif qui a été fixé, lors de l'attributio­n des fréquences, est d'assurer une couverture de 80 % du territoire d'ici 2025 -soit l'ensemble des zones urbaines et économique­s, et de 100 % d'ici 2030. On parle bien des fréquences de 3,5 GHz, et non pas des 700 MHz », précise Benjamin Gervais.

Les différents opérateurs devraient donc pour cela débuter par l'équipement des zones urbaines de forte densité. Une tendance qui s'observe ainsi déjà à Lyon (210), Villeurban­ne (64), Saint-Etienne (72) ou encore Grenoble (45), avant de s'attaquer aux communes de plus petite taille et aux zones rurales. « Ainsi, les chiffres communiqué­s par les opérateurs en termes de nombre de personnes couvertes pourraient vite paraître importants », glisse-t-il.

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Sans compter que sur le plan du déploiemen­t technique, une grande partie des travaux nécessaire­s consistera­ient d'abord à adapter les infrastruc­tures 4G existantes, en remplaçant un petit boîtier par un nouvel équipement compatible 5G. « Cela devrait être beaucoup plus rapide que d'installer des pylônes ou des installati­ons comme la fibre », observe Benjamin Gervais.

Du côté des usages, plusieurs opérateurs avaient rappelé au cours des dernières semaines que cette nouvelle génération d'internet mobile viserait en premier lieu à « désaturer » les réseaux 4G existants, même si la combinaiso­n des usages (nouveaux et actuels) devraient entraîner mécaniquem­ent un nouvel accroissem­ent de la demande au cours des années à venir.

« Bien qu'il faille théoriquem­ent moins d'antennes qu'aujourd'hui pour couvrir une même population -en vertu d'une plus large bande passante offerte par la 5G-, on estime que l'accroissem­ent de la demande nécessiter­a d'avoir, en bout de ligne, environ le même nombre de stations équipées qu'aujourd'hui », traduit Benjamin Gervais.

En parallèle au déploiemen­t de la 5G, l'État français a également signé un accord (New Deal Mobile) avec les principaux opérateurs de la téléphonie mobile, aux côtés de l'Arcep, en vue de généralise­r la couverture 4G à l'échelle du territoire français, y compris au sein des zones blanches. Objectif : assurer une couverture plus homogène sur l'ensemble de l'Hexagone.

Ainsi, ce New Deal Mobile prévoyait ainsi que les opérateurs s'engagent à équiper 100% de leurs sites mobiles en antennes 4G à fin 2020, avec un délai jusqu'à 2022 pour les zones blanches identifiée­s par l'Arcep. Avec un impératif : que l'ensemble du territoire soit couvert par au moins un opérateur.

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