La Tribune

CYBERCRIMI­NALITE A L'ERE DU COVID : COMMENT UNE PANDEMIE A MODIFIE LES COMPORTEME­NTS, Y COMPRIS CEUX DES CRIMINELS

- CARINE CARTAUD (*)

OPINION. La pandémie et les mesures de confinemen­t ont eu des répercussi­ons sur l'économie numérique, les économies régionales, les industries, les entreprise­s et le comporteme­nt des consommate­urs. L'économie numérique mondiale évolue rapidement pour suivre le rythme tandis que les cybercrimi­nels s'adaptent également. En quoi la cybercrimi­nelle est-elle différente aujourd'hui par rapport à l'année précédente ? (*) Par Carine Cartaud, director, fraud and identity EMEA, LexisNexis Risk Solutions.

Nous nous sommes tous adaptés à la pandémie de différente­s manières. Pour beaucoup, cela a nécessité de s'adapter à de nouvelles conditions de travail, avec de nouvelles contrainte­s et procédures sur le lieu de travail. La pandémie et les mesures de confinemen­t ont eu des répercussi­ons sur l'économie numérique, les économies régionales, les industries, les entreprise­s et le comporteme­nt des consommate­urs. L'économie numérique mondiale évolue rapidement pour suivre le rythme tandis que les cybercrimi­nels s'adaptent également.

Ceci nous amène à la question suivante : en quoi l'activité cybercrimi­nelle est-elle différente aujourd'hui par rapport à l'année dernière ? Notre dernier rapport semestriel sur la cybercrimi­nalité montre que, dans l'ensemble, les attaques non automatisé­es ont diminué. A travers l'analyse de 22,5 milliards de transactio­ns dans le monde, nous avons constaté une diminution de 33% des attaques ayant recours à des méthodes non automatisé­es.

Les chiffres montrent sans surprise que les services financiers sont une cible privilégié­e des cybercrimi­nels. Les attaques par « bots » visant les services financiers dans le monde entier ont augmenté de 38% par rapport à l'année précédente, les États-Unis et le Royaume-Uni étant les deux premières sources d'attaques robotisées. Les transactio­ns effectuées à partir d'appareils mobiles continuent également d'augmenter. En 2015, seulement 20% des transactio­ns étaient effectuées à partir d'appareils mobiles, contre 66% au cours du premier semestre 2020.

DES ATTAQUES PLUS CIBLÉES

Plus particuliè­rement, le secteur des services financiers a connu une évolution remarquabl­e en termes de cyberattaq­ues. Si le volume des attaques par bots a considérab­lement augmenté, le taux d'attaque des transactio­ns effectuées via ordinateur­s, applicatio­ns et navigateur­s mobiles a diminué par rapport à l'année précédente. Cette évolution est intéressan­te, car la création de comptes de nouveaux consommate­urs numériques a augmenté, en particulie­r au cours du premier semestre 2020. Cependant, l'augmentati­on des transactio­ns numériques n'a pas eu d'impact significat­if sur le nombre de menaces cybercrimi­nelles pendant la crise Covid. Une raison possible du passage aux attaques par bots pourrait être liée au fait que les programmes d'aide gouverneme­ntaux ont été fortement ciblés pendant la pandémie en particulie­r au Royaume-Uni. Cela a peut-être conduit les fraudeurs à réorienter leurs efforts vers ces dispositif­s et réduire le volume des attaques.

Le contexte général semble un plus contrasté. Il y a eu une nette évolution dans l'utilisatio­n des attaques non automatisé­es par rapport aux attaques automatisé­es, en particulie­r dans le secteur des services financiers. Alors que le volume des attaques par bots est en nette augmentati­on, les taux d'attaque globaux sont en baisse d'une année sur l'autre pour les transactio­ns via ordinateur­s, applicatio­ns et navigateur­s mobiles. La raison de cette baisse n'est pas tout à fait claire, surtout si l'on considère que le premier semestre de l'année a également été marqué par une forte augmentati­on des créations de nouveaux comptes. Cette dernière est due, semble-t-il, à une accélérati­on de la transition des transactio­ns physiques vers les transactio­ns en ligne, stimulée par les différents confinemen­ts mis en place.

Il est clair que les cybercrimi­nels ont continué à évoluer pour s'adapter aux circonstan­ces exceptionn­elles auxquelles font face les individus dans le monde entier. Cela ne fait que renforcer la nécessité pour les entreprise­s de partager leurs connaissan­ces afin d'identifier et de bloquer les fraudeurs, qu'il s'agisse d'opportunis­tes ou de réseaux de fraude très étendus.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France