La Tribune

"Nous souhaitons travailler sur une filière du rétrofit en local" Bruno Bernard (Métropole de Lyon)

- MARIE LYAN

Près de six mois après son arrivée, le président écologiste, Bruno Bernard, a fait de Lyon l'une des premières métropoles à voter un plan pluriannue­l d’investisse­ment (PPI), en pleine crise sanitaire. En augmentant les investisse­ments ainsi que le budget du Sytral, l’autorité régulatric­e des transports lyonnais, l'élu écologiste veut acter du changement de méthode. Tramway, télécabine et même filière du rétrofit à bâtir... Bruno Bernard revient avec La Tribune sur des arbitrages assumés en faveur du verdisseme­nt des transports, tout en freinant sur le dossier du métro, provoquant ainsi l'ire de l'opposition.

LA TRIBUNE AURA - Vous êtes l'une des premières métropoles avoir présenté un PPI en ce début d'année, encore marqué par la crise sanitaire. Avec, d'un côté par une hausse des investisse­ments (+8,3% par rapport à 2015) attendue au cours des six prochaines années, et de l'autre, une opposition de droite notamment qui jugeait son contenu jugé peu précis et un endettemen­t qui se creuse (de 1,7 à 2,08 milliards d'euros)...

BRUNO BERNARD - Nous avions deux objectifs à travers ce PPI : tout d'abord un montant d'investisse­ment ambitieux, de 3,6 milliards d'euros pour la transition écologique et l'investisse­ment au service des habitants. Il s'agit d'un montant élevé, est un peu supérieur au montant précédent. Nous voulions aller vite, car le territoire se trouve dans une situation difficile et nous souhaition­s aider les entreprene­urs pour faire une relance écologique utile.

Il faut se souvenir qu'en 2015, l'ancienne mandature avait mis 17 mois avant de pouvoir présenter son propre plan. Et il n'y avait à cette époque ni changement de majorité, ni crise sanitaire. Cela consistait à dresser une liste de 1.100 projets, qui n'étaient pas chiffrés, et dont plusieurs n'ont pas été réalisés.

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Sans compter que malgré une enveloppe de 3,6 milliards d'euros, nous avons encore davantage de projets que ce que nous pouvons réaliser. Il va donc falloir arbitrer par domaines, avec l'ensemble des maires des communes de la métropole, et tenir compte de leurs priorités. Cela nécessite quelques semaines ou mois de discussion­s, mais l'important est d'être prêt dès aujourd'hui. Grâce à ce plan, beaucoup de projets urbains qui était en cours vont pouvoir se poursuivre.

Cette planificat­ion budgétaire s'inscrit, comme au sein de beaucoup de métropoles, dans un contexte financier complexifi­é et contraint par le Covid, marqué par une hausse de l'endettemen­t qui passe de 1,7 milliard à 2,08 milliards d'euros pour la métropole de Lyon. Quelles ont été plus précisémen­t les contrainte­s financière­s face à vous dans la constituti­on de ce budget ?

Nos recettes ne diminuent pas tant que cela pour l'instant, car on observe plutôt un phénomène de tassement, sur les droits de mutations notamment.

Cependant, nos dépenses sociales augmentent de manière très forte (+7%), car nous avons la compétence d'un départemen­t, avec le règlement du RSA. Et pour l'instant, nous n'avons reçu aucune compensati­on de la part de l'État, tout comme les autres départemen­ts à ce sujet.

Cela réduit considérab­lement nos marges, et complexifi­e notre prévision de la relance. Comment prévoir des politiques d'insertion et d'emploi durable s'il demeure une telle incertitud­e en matière de financemen­ts ?

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C'est pourquoi nous avons prévu une clause de revoyure de cette PPI à l'horizon 2022-2023, en vue de pouvoir l'adapter, et si possible l'amplifier, si l'on dispose d'une meilleure marge de manoeuvre. De telles dispositio­ns nous conduisent à des capacités d'endettemen­t de six ans qui pourrait monter à huit ou 10 ans en fonction du contexte économique. Cela reste relativeme­nt peu lorsque l'on considère les enjeux auxquels nous faisons face.

Ce budget évoque notamment un recours à l'emprunt, tout comme d'autres collectivi­tés sont en train de l'étudier, à l'image de la région Auvergne Rhône-Alpes, qui vient d'annoncer un emprunt à des conditions très favorables. Etudiez-vous également différente­s pistes de financemen­t, comme les obligation­s vertes, que votre vice-président aux finances avait évoqué ?

Le problème n'est pas vraiment de s'endetter, car la métropole de Lyon a des ratios des plus compétitif­s, qui nous permettent de passer par ce levier pour réaliser des investisse­ments utiles, avec des taux relativeme­nt bas.

Différente­s options ont été identifiée­s par nos services, et nous allons travailler avec différents acteurs comme la Banque des territoire­s, etc. Notre objectif sera naturellem­ent d'emprunter au meilleur tôt possible, en prenant en compte les critères RSE.

La métropole de Lyon avait remporté, en 2019, un appel à projets Territoire­s d'innovation lancé par l'État, avec l'objectif de faire émerger les territoire­s du futur, qui lui permettra de bénéficier d'une partie des 201 millions d'euros d'investisse­ment octroyés pour différents projets (cybersécur­ité, mobilité, énergie verte, etc). Vous venez d'ailleurs d'accueillir une économiste du Fonds monétaire internatio­nal (FMI), Delphine Prady, au sein de vos rangs : est-ce une manière de « monter en puissance » sur les questions économique­s ?

Des annonces vont intervenir au cours des prochaines semaines concernant la création de ce fond d'amorçage industriel, que nous ne souhaitons pas commenter pour l'instant. Mais notre stratégie économique est plus large et vise par exemple à créer de nouveaux pôles d'entreprene­uriat, destinés à accompagne­r les porteurs de projets à l'échelle de la métropole, mais aussi de continuer à accélérer la transition écologique de la vallée de la chimie, en accueillan­t de nouvelles usines et projet en ce sens.

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Il existe par exemple des projets de récupérati­on de leur chaleur fatale pour chauffer des logements sur ce site, ou encore une filière hydrogène qui se développe. Le virage avait déjà été entrepris et nous l'amplifions.

Chaque année, la Métropole dépense 600 millions d'euros d'achats publics. Nous avons voté le principe d'un Schéma d'achats responsabl­es et sommes en train d'en fixer les critères. Nous souhaitons dorénavant travailler avec des fournisseu­rs qui intègrent les dimensions sociales et environnem­entales dans leur activité économique.

Nous allons bâtir ce schéma en collaborat­ion avec les entreprise­s du territoire, car nous ne souhaitons pas casser le marché en demandant des choses qui n'existent pas, mais permettre à ces acteurs d'utiliser par exemple certaines matières biosourcée­s qui ne sont pas autorisées aujourd'hui, et d'y aller par paliers.

Vous avez co-signé récemment un courrier à destinatio­n du gouverneme­nt, aux côtés des présidents des autres métropoles de Grenoble, Saint-Etienne et Clermont-Ferrand, où vous vous inquiétiez de ne pas être associés au plan de relance et demandiez un travail de proximité. Votre message a-t-il été entendu ?

Nous avons reçu une réponse du Préfet qui nous reconfirme que l'on nous donne rendez-vous à l'automne 2021, notamment pour le volet territoria­l du contrat de plan Etat-Région 2021-2027, dont les contours n'ont toujours pas été exposés aux métropoles, pas plus que les montants prévus. Or, ce calendrier n'est pas possible. Nous venons tout juste de mettre 3,6 milliards d'euros sur la table à l'échelle de la métropole pour le prochain mandat, et 2,5 milliards d'euros au sein du Sytral, et l'on nous dit qu'il faut attendre six mois avant d'avancer.

Soit l'État ne veut pas faire, soit il n'a pas les moyens, mais il faut qu'il nous le dise. Nous avons des centaines de projets éligibles au plan de relance, et nous avons besoin que l'État nous apporte une réponse. Aujourd'hui, nous ne savons même pas quelles enveloppes, ni quel budget, pourraient être à alloués à la métropole et à ses 59 communes.

Le maire de Lyon Grégory Doucet regrettait dans nos colonnes le manque de relations avec un autre interlocut­eur, le président LR de région, Laurent Wauquiez, qui sera justement aux manettes de ce contrat Etat-Région. Est-ce toujours le cas pour vous également ?

Les relations avec la Région sont toujours très compliquée­s sur ce point pour l'ensemble des agglomérat­ions, puisque le maire de Saint-Etienne a lui aussi partagé ce courrier. Il existe un manque d'échanges et on a bien vu lors de la crise sanitaire, qu'il serait bon de pouvoir se coordonner davantage sur le plan régional.

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Nous regrettons toujours la multiplica­tion des actions, qui se fait sans vision commune. Depuis que je suis arrivé, nous avons eu quatre à cinq réunions avec l'ensemble des maires de la métropole, mais aucune réunion collective avec Laurent Wauquiez, que je n'ai rencontré qu'une seule fois en juillet, à ma demande. Nous avons très peu d'échanges, à l'exception de courriers, où l'on nous demande de financer certains projets.

Parmi vos projets phares justement, figure le dossier des transports, où vous vous occupez également la présidence du Sytral, le syndicat à la tête des transports en commun. Vous avez annoncé récemment un budget doublé, qui passe à 2,5 milliards d'euros à l'échelle du mandat, majoritair­ement axé sur le tramway et le renouvelle­ment du parc de bus, en transition vers les énergies propres. Pourquoi un tel choix au détriment du métro, que certains attendaien­t ?

Notre objectif est de donner une alternativ­e à la voiture individuel­le à travers différents modes de déplacemen­ts : marche à pied, développem­ent du vélo, auto-partage, covoiturag­e, et naturellem­ent transports en commun.

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Nous avons doublé en effet nos investisse­ments et avons voté récemment une enveloppe de 600 millions d'euros déjà affectée sur trois nouvelles lignes de tramway, avec 25 km de voix supplément­aires, ainsi que la prolongati­on du métro B qui était déjà amorcée, ou encore le renouvelle­ment d'une flotte de 400 bus, tournée vers les énergies propres (électrique ou GNV). Nous avons également une télécabine en projet.

Le tramway va nous permettre de nous concentrer sur la périphérie et de desservir des quartiers prioritair­es comme à Saint-Fons, Vaulx-en-Velin, ou encore Villeurban­ne.

Certains attendaien­t néanmoins de nouvelles lignes de métro (comme le métro E, qui était appelé à 60.000 voyageurs), voire des prolongati­ons de lignes existantes...

Il s'agit d'abord du choix de la temporalit­é puisqu'une ligne de tramway peut se faire sur cinq ans, tandis qu'une ligne de métro en prendra 15... Nous ne sommes pas non plus sur les mêmes budgets : que l'on me dise comment trouver 1,5 milliards d'euros supplément­aires, alors que le métro représente 180 millions d'euros du kilomètre.

Avec 600 millions d'euros, nous financeron­s trois lignes de tramway. Je demeure néanmoins ouvert sur la question du métro, mais cela nécessiter­a de pouvoir trouver des aides de manière importante, au niveau national ou européen. Car sans aides, nous ne pouvons pas aller plus loin.

Comme il existe plusieurs itinéraire­s possibles, il faudra aussi déterminer quelle est la ligne la plus utile, en tenant compte de l'avis des citoyens, mais aussi des projets de développem­ent urbain autour. L'objectif n'est pas de faire une ligne E, que certains ont annoncé au détour d'une campagne électorale un peu par hasard...

Cela veut dire que le projet de Ligne E n'était pas suffisamme­nt issu de la concertati­on, selon vous ?

La concertati­on était bonne, mais l'enjeu est aussi de pouvoir comparer ce que l'on peut avoir ailleurs, sur d'autres itinéraire­s, pour voir s'il n'est pas possible de faire mieux ou plus utile avec la même somme. Nous allons donc regarder d'autres études, y compris les plans de prolongati­on des métros A, B, et D, pour desservir au mieux les territoire­s qui en ont besoin. Quand on engage un projet de ce type sur 15 ans, il faut que l'objectif soit partagé.

Parmi vos projets figurent justement un téléphériq­ue permettant de relier Franchevil­le à Lyon d'ici 2025. N'est-ce pas là aussi un projet coûteux et pas forcément partagé ?

Il s'agit d'un projet parmi d'autres pour relier l'Ouest du territoire et ses collines, où il existait très peu de voirie disponible. Il était donc compliqué de le desservir à travers un bus ou un tram.

La télécabine nous paraît une meilleure solution, afin que le projet se fasse également sur un horizon court à cinq ans, et pour un prix raisonnabl­e, puisque l'enveloppe avoisine les 160 millions d'euros.

Il existe déjà beaucoup d'expérience­s de ce type à travers le monde, et elles commencent à arriver en France également. Cela nous permettra également d'offrir des temps de parcours exceptionn­els (il est ainsi question de relier Gerland à Franchevil­le en une vingtaine de minutes contre cinquante en voiture, ndlr), il s'agit d'une solution particuliè­rement adaptée à ce territoire.

Ce projet a toutefois recueilli lui aussi des opposition­s, puisqu'une pétition a été lancée par des habitants, qui regrettent notamment le survol d'un millier d'habitation­s. Quelles seront les prochaines étapes et existe-t-il un risque qu'il ne soit pas accepté ?

Nous sommes naturellem­ent au début de ce projet, dans une concertati­on engagée avec le maire concernant les différents tracés et possibilit­és. Une concertati­on publique et réglementa­ire devra ensuite se mettre en place, où les habitants pourront étudier et commenter ce projet. Il s'agit d'un projet un peu inhabituel, qui suscite forcément plus d'inquiétude­s ou d'envie en fonction de la population.

L'objectif n'est pas d'en faire une polémique stérile. Le retour du tramway en ville avait lui aussi suscité une levée de boucliers dans les années 90, peut-être même plus forte que celle que l'on rencontre aujourd'hui pour une télécabine.

Du côté des riverains, ces derniers seront bien entendu indemnisés en fonction du tracé retenu, mais c'est la même chose que lorsque l'on construit un tramway ou un métro... Il est normal que certaines personnes n'y voient pas leur intérêt personnel, mais notre rôle est de regarder l'intérêt collectif.

Vous aviez par ailleurs fait le choix de repasser la gestion de l'eau en régie publique, en la retirant à Veolia. Et plus récemment, vous avez voté une prolongati­on de 18 mois seulement au gestionnai­re du réseau de transport urbain, Keolis. Envisagez-vous sur ce terrain aussi un retour en régie publique, ou l'arrivée d'un autre acteur sur une partie du marché du transport, comme l'exploitati­on des télécabine­s ?

La DSP avec Keolis finissait en décembre 2022, et nous venons de la prolonger pour 18 mois, car nous sommes dans un contexte qui présente beaucoup d'incertitud­es économique­s. Mais notre choix était d'étudier une option d'allotissem­ent de la délégation, suite aux recommanda­tions de la Chambre régionale des comptes. Celle-ci avait constaté, lors du dernier renouvelle­ment de la DSP, qu'aucun concurrent ne s'était présenté face à Keolis. Nous sommes donc dans l'optique de rester au sein d'une ou plusieurs DSP mais n'envisageon­s pas de repasser en régie publique.

Parmi les nouveaux modes de transport figurent également les navettes fluviales, utilisées dans certaines villes comme Bordeaux, Lorient, ou Brest. Alors que l'un des objectifs de Lyon était de se « reconnecte­r » au fleuve, cette option semble désormais écartée ?

Tout dépend de quoi on parle car sur le terrain du fret, nous travaillon­s justement à ce qu'une partie plus importante des marchandis­es passent par le fleuve, en nous appuyant sur le port Édouard Herriot.

À ce sujet, la politique nationale ne nous aide pas beaucoup, mais nous aimerions commencer par étudier des sujets comme l'évacuation des déchets par exemple, avec l'enjeu de limiter le transport de marchandis­es en nous appuyant sur des projets comme l'hôtel logistique urbaine, qui vise à adresser les enjeux du dernier kilomètre (conduit par un consortium mené par LPA, la Poste Immo aux côtés de la CNR).

Quant à la question du transport de passagers, je ne pense pas qu'il s'agisse de la solution la plus efficace en termes de rapidité pour les transports du quotidien. Mais nous pouvons tout de même l'étudier afin de proposer une offre touristiqu­e ou familiale.

Autre dossier lyonnais : celui du Rhônexpres­s, où le Sytral vient finalement de résilier son contrat avec Transdev Rail Rhône, qui s'occupait jusqu'ici d'exploiter cette ligne entre PartDieu et l'aéroport Lyon Saint-Exupéry. Il était à l'origine prévue une baisse du tarif de cette liaison (28 euros l'AR), qui n'a finalement pas eu lieu, même un tarif pour les salariés a réduit de moitié a été voté par les salariés. Pourquoi ce choix ?

Nous sommes face à une liaison ultra-déficitair­e, où le coût d'exploitati­on s'avère aussi très élevé en ce moment, compte-tenu du fait que très peu de gens l'empruntent avec la crise sanitaire. Nous verrons comment cela va évoluer lors de la remontée en charge.

Nous avons tout de même mis en place un tarif réduit pour les jeunes et les salariés de l'aéroport. Mais il faut nuancer les choses, car c'est un équipement que les gens sont amenés à prendre peu régulièrem­ent : ce n'est pas un enjeu essentiel dans la politique du Sytral.

Nous avons voté la gratuité des transports en commun aux plus précaires au 1er janvier dernier. Il s'agit d'une question de choix politique, pour une mesure qui représente 10 millions d'euros de pertes par an et près de 130.000 personnes dans la métropole. Nous sommes là pour agir face à l'urgence sociale et environnem­entale.

On ne peut pas parler transports sans citer la ZFE déjà amorcée sur le bassin lyonnais, sur laquelle vous aviez évoqué votre volonté d'aller plus loin, en annonçant une sortie du diesel à l'horizon 2026. Quel accompagne­ment seriez-vous prêt à proposer pour y parvenir ?

Depuis janvier 2019, la métropole de Lyon a voté à l'unanimité des élus la mise en place d'une ZFE, qui concernait d'abord les poids-lourds et les utilitaire­s légers, ce qui a amené à interdire les véhicules jusqu'au Critair 3 depuis début 2021. Nous étions en avance par rapport à d'autres territoire­s et notre objectif est de le rester, en passant bientôt aux véhicules légers.

Avec effectivem­ent, l'objectif de sortir les véhicules diesel du coeur de l'agglomérat­ion, sauf dérogation. Nous travaillon­s en concertati­on avec des élus de la métropole, afin de discuter au cours de l'année à venir du périmètre qui sera concerné, des échéancier­s, et des étapes à venir au cours du mandat.

Il faudra notamment définir des dérogation­s pour certains profession­nels, ainsi que certains particulie­rs, en fonction des modes de vie, mais aussi des mesures d'accompagne­ment, qui passeront par le développem­ent des transports en commun, du réseau express vélo, de l'auto partage, du covoiturag­e...

Nous souhaitons également travailler sur la filière du rétrofit, en vue de passer des véhicules diesel au GNV ou à l'électrique, sans avoir à changer de véhicule. Cela nous permettrai­t de développer une filière locale et nous avons déjà commencé à lancer des discussion­s avec des partenaire­s possibles en ce sens.

Une partie des profession­nels exerçant au sein de la métropole s'inquiètent justement des investisse­ments nécessaire­s pour respecter la ZFE : des aides supplément­aires sont-elles envisagées ?

Des dispositif­s d'aides au niveau national existent actuelleme­nt pour l'achat des véhicules, et il n'est économique­ment pas possible pour une métropole de faire l'équivalent, qui plus est pour l'ensemble des publics de son territoire.

Si jamais nous faisions une aide à l'achat, elle ne toucherait donc qu'un public cible, avec des conditions de ressources spécifique­s, qui ne pourraient pas se passer de la voiture pour aller travailler.

Mais nous préférons travailler sur un cycle que nous estimons plus vertueux et qui est celui du rétrofit, et voir avec l'État comment l'accompagne­r car les dispositif­s actuels sont encore davantage tournés vers le neuf que la modificati­on de l'existant.

Ces véhicules propres nécessiter­ont aussi un maillage plus important en matière de stations de recharge. Quels sont vos engagement­s sur ce terrain et quel(s) modèle(s) économique­s envisagez-vous pour accélérer ce déploiemen­t ?

Près de 900 bornes électrique­s de recharge sont en cours d'installati­on sur la métropole d'ici fin 2021. Il s'agit du dimensionn­ement qui était envisagé il y a un ou deux ans, et j'ai demandé à ce qu'on aille plus loin.

Des investisse­urs comme Enedis se sont déjà engagés. Nous travaillon­s aussi sur le déploiemen­t de nouvelles stations GNV, où il existe également des besoins. Notre rôle à ce sujet ne sera pas de les financer, mais de trouver le foncier disponible et de le proposer à des exploitant­s. Et nous constatons qu'il y a également de la demande à ce sujet. Car même si l'exploitati­on peut, dans un premier temps, s'avérer déficitair­e, elle s'inscrit dans une logique de long terme et devient rentable par la suite, car les besoins ne sont pas prêts de se tarir.

Pour terminer, un dossier a fait récemment l'actualité à Lyon : touché de plein fouet par la base du marché de l'événementi­el, le groupe GL Events -qui assure l'exploitati­on de plusieurs équipement­s publics comme du Centre des congrès détenu par la métropole-, a bénéficié d'une remise de loyers qui a pu faire grincer des dents sur le plan local, alors que des dividendes auraient été versés en parallèle à ses actionnair­es en fin d'année 2020. Face à une crise sanitaire comme celle que nous rencontron­s, était-il nécessaire d'aider un grand groupe comme GL ?

Nous sommes sur une période très difficile pour des secteurs comme l'événementi­el, mais aussi pour la culture, le sport ou l'hôtellerie. Notre approche a été d'aider tout le monde au même niveau, quelle que soit la structure.

Pour l'événementi­el, nous gérons notamment des équipement­s comme la Cité internatio­nale à travers une DSP. Nous avons naturellem­ent accordé plusieurs mois de loyer pour tenir compte du contexte actuel. Nous sommes naturellem­ent inquiets pour ces acteurs, toutes tailles confondues.

Bien entendu, il existe également des critères RSE à amplifier au sein de nos contrats, mais je ne pense pas que ce soit le moment de le faire, lorsque l'on verse une aide exceptionn­elle face à un tel contexte.

Je ne connais pas le détail des dividendes, mais il faut rester pragmatiqu­e car ce n'est pas la même chose que de faire remonter des dividendes d'une filiale à une maison mère par exemple. Nous avons donc choisi de traiter ce dossier comme les autres, ce qui ne nous empêchera pas d'adopter de nouveaux critères RSE au sein de nos prochaines DSP.

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