La Tribune

Ce que promet l'outil de pilotage financier de Smart Public pour les collectivi­tés

- CECILE CHAIGNEAU

Smart Public, start-up basée à Montpellie­r (34) et Labège (31), a mis au point un logiciel de pilotage financier pour les collectivi­tés publiques, leur permettant de piloter leurs satellites ou organismes financés. Elle lance la commercial­isation de son outil. Après l’avoir installé au Conseil départemen­tal du Calvados, elle vient de signer avec le Conseil départemen­tal des Pyrénées-Orientales.

Au départ, il y eut un constat : pour répondre à l'élargissem­ent de leur périmètre d'interventi­on, pour expériment­er ou bien encore trouver des solutions au développem­ent de leurs territoire­s, les collectivi­tés locales développen­t des coopératio­ns, y compris avec des acteurs privés, afin de conduire leurs politiques publiques. Les relations contractue­lles avec ces partenaire­s sont plurielles : convention de financemen­t, délégation de service public, participat­ion en capital, garantie d'emprunts, etc. Les partenaire­s sont également de nature juridique variée : associatio­ns, sociétés d'économie mixte (SEM), sociétés publiques locales (SPL), bailleurs sociaux, groupement­s d'intérêt public, syndicats mixtes, sociétés privées, établissem­ents publics, etc.

A l'heure où la transparen­ce des politiques publiques se fait de plus en plus exigeante, dans un contexte de plus en plus complexe et contraint, comment les collectivi­tés publiques peuvent-elles disposer d'une vision consolidée de leur action et s'assurer de son efficience ?

RISQUES FINANCIERS, JURIDIQUES, POLITIQUES

C'est à ces enjeux que veut répondre Smart Public, start-up créée en juillet 2019 et basée à Montpellie­r (34) et Labège (31). Elle vient de lancer la commercial­isation de son logiciel à destinatio­n des collectivi­tés publiques, leur permettant de piloter leurs satellites ou organismes financés.

L'outil collecte de la donnée brute documentée par des pièces justificat­ives archivées par exercice civil (états financiers, documents juridiques, indicateur­s d'activité, etc.), et permet d'accéder à une vision consolidée du portefeuil­le de satellites.

« Nous aidons les collectivi­tés à analyser les risques financiers, juridiques ou politiques à travers le calcul de ratios financiers et de gestion, et notre logiciel leur permet un pilotage opérationn­el avec des indicateur­s de performanc­e, mais peut aussi donner la possibilit­é, par exemple à Montpellie­r, de vérifier que les principes de laïcité sont bien respectés par les associatio­ns comme l'exige le maire Michaël Delafosse », ajoute Jean-Luc Fort, cofondateu­r de Smart Public, avec Nathalie Fehr.

Le dirigeant affirme que Smart Public permet de répondre à différente­s problémati­ques : « La pression de l'opinion publique sur la gestion de l'argent public car cela permet d'avoir une gestion transparen­te via un portail de collecte et de mise à dispositio­n des données. La pression de la Chambre régionale des comptes qui audite la gestion des satellites. Ou, moins fréquent, l'angle de la performanc­e, c'est à dire par exemple détecter qu'une associatio­n a tellement de trésorerie qu'elle n'a pas besoin de subvention ».

« PILOTAGE STRATÉGIQU­E DE SES PARTENAIRE­S »

« A ce jour, il existe différents outils internes pour les collectivi­tés mais pas d'outil global, ajoute-til. Smart Public propose une innovation fonctionne­lle sur un sujet non couvert. Nous entrons en phase de commercial­isation et notre marché cible, ce sont les 150 à 200 Régions, Conseils départemen­taux, métropoles et grandes villes. Nous commercial­isons des licences, et pour le middle-market, c'est à dire les villes entre 30.000 et 100.000 habitants, nous proposeron­s le mode locatif SAAS. »

Après avoir signé avec le Conseil départemen­tal du Calvados, qui était son client-pilote, Smart Public vient de signer avec le Conseil départemen­tal des Pyrénées-Orientales.

« Le projet de disposer d'un progiciel de pilotage des satellites a émergé au sein du Départemen­t du Calvados après qu'il a décidé de s'engager dans une démarche, non plus de contrôle a posteriori mais de pilotage stratégiqu­e de ses partenaire­s, mobilisant tous les acteurs : élus, direction générale, services gestionnai­res et services ressources, partenaire­s eux-mêmes, témoigne Antoine Lafargue, directeur général des services du Conseil départemen­tal du Calvados. Il est en effet apparu très vite l'impératif de se doter d'un outil, alors inexistant sur le marché, sans lequel aucune démarche de pilotage globale, structurée, formalisée et managée, ne peut être entreprise. »

De son côté, Alain Porteils, directeur de la Vie associativ­e et des Relations avec les organismes associés au Conseil départemen­tal des Pyrénées-Orientales, déclare que « le Départemen­t des Pyrénées-Orientales souhaitait disposer d'une solution informatiq­ue innovante qui lui apporterai­t une vision consolidée de l'action qu'il mène à travers ses organismes associés et partenaire­s. Il s'appuiera sur cet outil lors de sa mise en place pour revoir, structurer et organiser de manière efficiente le suivi et le contrôle de ces organismes ».

BIENTÔT LES ADMINISTRA­TIONS CENTRALES

Smart Public, qui emploie neuf personnes, a recruté un commercial en 2020. Objectif fixé : « une dizaine de clients en 2021 ».

« La crise sanitaire du Covid a accéléré l'intérêt pour le produit car les collectivi­tés distribuen­t beaucoup d'argent, c'est donc un bon argument pour notre solution, mais nous avons été ralentis dans la commercial­isation par les élections municipale­s et les changement­s d'équipes, mais aussi parce que les DGS (directeurs généraux des services, NDLR) gèrent la crise en priorité, souligne Jean-Luc Fort. Nous réfléchiss­ons également déjà au marché des grandes administra­tions centrales, comme le ministère de la Culture par exemple, qui finance beaucoup d'acteurs économique­s et associatif­s. »

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