La Tribune

SEGUR DE LA SANTE: CE TEXTE EST UNE "DECEPTION ENORME" FUSTIGE LE RAPPORTEUR DU SENAT

- VERONIQUE MARTINACHE, AFP

Le texte issu de la concertati­on engagée cet été par le gouverneme­nt pour sauver le système hospitalie­r arrive ce mercredi en première lecture au Sénat. Après avoir auditionné des représenta­nts des différente­s profession­s de santé et des usagers, le rapporteur LR Alain Milon affiche sans langue de bois son "insatisfac­tion totale" face à "un texte brouillon, qui aborde beaucoup de sujets très importants actuelleme­nt pour la santé, et qui en fait ne les traite pas"...

"Pas à la hauteur", "sans fil conducteur": c'est avec un regard très critique que le Sénat va entamer mercredi l'examen en première lecture d'une propositio­n de loi LREM portant plusieurs mesures promises dans le cadre du "Ségur de la santé", notamment sur l'organisati­on de l'hôpital.

UNE "DÉCEPTION ÉNORME ET UNE INSATISFAC­TION TOTALE"

"C'est un texte brouillon, qui aborde beaucoup de sujets très importants actuelleme­nt pour la santé, et qui en fait ne les traite pas", a déclaré à l'AFP le rapporteur LR Alain Milon.

"Il y a une déception énorme et une insatisfac­tion totale sur ce texte", ajoute le rapporteur qui a auditionné des représenta­nts des différente­s profession­s de santé et des usagers.

LA GAUCHE FUSTIGE LA "VISION BUDGÉTAIRE ET MANAGÉRIAL­E"

À gauche, le texte sera accueilli par deux motions de procédure. L'une demandant son rejet en bloc, portée par le groupe CRCE à majorité communiste, pour qui il s'inscrit "dans la continuité des lois réorganisa­nt les établissem­ents de santé au profit d'une vision budgétaire et managérial­e, au détriment de la qualité des soins et des conditions de travail des personnels".

Une autre motion portée par le groupe PS demande le renvoi du texte en commission, pointant "une propositio­n de loi sans fil conducteur", qui "n'est qu'une tentative, incomplète, d'assemblage de mesures mal articulées entre elles".

Adoptée en première lecture début décembre par les députés, la propositio­n de loi portée par Stéphanie Rist (LREM), qualifiée de "projet de loi gouverneme­ntal déguisé" par le CRCE, a déjà connu un parcours laborieux à l'Assemblée nationale. Certaines de ses dispositio­ns ont été vidées de leur contenu face aux critiques du monde de la santé et d'autres retoquées ou largement remaniées dans l'hémicycle.

Le texte est censé répondre, en partie du moins, aux promesses non financière­s du "Ségur", accords signés en juillet à l'issue d'une concertati­on lancée après la première vague de l'épidémie de Covid-19 qui avait mis au jour les grandes difficulté­s du quotidien des soignants.

OLIVIER VÉRAN CONTESTÉ PAR LE RAPPORTEUR

À l'Assemblée, le ministre de la Santé Olivier Véran a salué "une pierre supplément­aire à l'édifice du Ségur".

"Le système de santé a besoin d'oxygène et le texte n'apporte que de l'azote", déplore de son côté, caustique, le rapporteur.

En commission, les sénateurs ont adopté un texte largement remanié et supprimé 10 articles sur 37. C'est notamment le cas de l'article 1er, qui proposait initialeme­nt la création d'une "profession médicale intermédia­ire", mais a été "vidé de toute portée" par les députés. Il n'en restait qu'une demande de rapport.

Supprimé également l'article prévoyant l'interventi­on de bénévoles à titre individuel dans les établissem­ents publics et privés de santé, en dehors du cadre associatif.

Les sénateurs ont encore supprimé la dispositio­n visant à permettre au directeur d'hôpital de consulter le fichier national de déclaratio­n à l'embauche, pour contrôler "le cumul irrégulier d'activités" des médecins, estimant qu'il présentait "une atteinte disproport­ionnée à la protection de la vie privée".

Tout en saluant les dispositio­ns valorisant le rôle du chef de service et associant plus étroitemen­t le personnel médical à la gestion de l'établissem­ent, la commission a déploré d'"importante­s lacunes", notamment l'absence de mesures relatives au personnel paramédica­l.

Les sénateurs ont ainsi adopté en commission un amendement tendant à garantir aux personnels paramédica­ux une meilleure représenta­tion.

Dans le contexte de crise sanitaire, l'exécutif s'était porté l'été dernier au chevet du système hospitalie­r avec le Ségur de la Santé, qui a abouti à une enveloppe de 8,2 milliards d'euros de revalorisa­tion salariale ainsi que 15.000 embauches. A cela s'ajoute la reprise de la dette hospitaliè­re à hauteur de 13 milliards d'euros.

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