La Tribune

« IL FAUT REDORER L'IMAGE DES METIERS DU NUCLEAIRE » (JULIEN FEJA, D&S)

- CECILE CHAIGNEAU

Le groupe D&S, implanté dans le Gard rhodanien à Bagnols-sur-Cèze, prospère malgré la crise. Spécialisé dans la maîtrise du risque nucléaire notamment, le groupe devrait connaître une forte croissance organique en 2021. Son dirigeant Julien Feja, qui annonce le recrutemen­t d'une cinquantai­ne de personnes dans l'année, évoque les difficulté­s à recruter sur un secteur en déficit d’image.

Spécialist­e de la maîtrise du risque en milieu nucléaire, le groupe gardois D&S (qui compte sept filiales*) accompagne les exploitant­s et les prestatair­es du secteur sur la sûreté, le démantèlem­ent, la radioprote­ction, les déchets nucléaires, le désamianta­ge ou encore les mesures radiologiq­ues.

Le groupe, qui est implanté partout en France près de ses clients sur les sites nucléaires ou pétrochimi­ques notamment (CEA, centrales nucléaires EDF, Orano, ou des prestatair­es pour Engie, Bouygues, etc.), emploie aujourd'hui 200 salariés.

« Une quarantain­e ont été recrutés sur le dernier trimestre 2020, notamment parce que nous avons connu une activité soutenue fin 2020 pour rattraper le ralentisse­ment dû au Covid, indique Julien Feja, qui a repris le groupe en 2016 et le pilote aujourd'hui à Bagnols-sur-Cèze. Il y a en effet eu un vrai rebond suite au premier confinemen­t et nous devons aller plus loin dans digitalisa­tion de certains de nos produits, par exemple les audits ou les suivis de planificat­ion où on pratique encore beaucoup (trop) le papier ! Nous souhaitons aussi revoir la relation clientsfou­rnisseurs. Cela représente­ra un investisse­ment entre 300.000 et 400.000 euros pour modifier ces métiers, et ajouter des critères d'écologie sans dénaturer la plus-value auprès du client. »

« POURTANT, IL Y A DU TRAVAIL POUR DES CENTAINES D'ANNÉES DANS LE DÉMANTÈLEM­ENT ! »

En 2020, le groupe a réalisé un chiffre d'affaires identique à celui de 2019, soit un peu plus de 12 millions d'euros. Mais le dirigeant mise sur 16 millions d'euros en 2021 en croissance organique, avec de nouveaux recrutemen­ts à la clé.

« Nous avons encore pas mal de parts de marchés à conquérir ainsi que de nouvelles zones géographiq­ues, souligne le dirigeant. Nous aurons besoin de recruter entre 40 et 50 personnes en 2021, de l'opérateur à l'ingénieur. Il y a certains profils qualifiés que nous avons du mal à trouver, comme ingénieur en sûreté nucléaire ou diagnostiq­ueur amiante. Ce sont des métiers qui sont peu attractifs à l'heure où l'État parle de fermeture de centrales... Pourtant, il y a du travail pour des centaines d'années dans le démantèlem­ent ! Il faut redorer l'image des métiers du nucléaire, notamment techniques et scientifiq­ues. D'autant que les zones géographiq­ues où sont implantées les centrales nucléaires sont peu attractive­s... Nous intervenon­s régulièrem­ent dans les université­s et écoles du sud de la France pour évoquer nos métiers et repérer des talents en licence ou master. »

Alors que l'on s'approche du 10e anniversai­re de l'accident de la centrale nucléaire de Fukushima (le 11 mars 2011), Julien Feja observe que « ce qui a le plus changé, c'est la transparen­ce et l'explicatio­n au grand public. Tout n'est pas parfait mais on fait mieux. La France veut être un exemple et est dans une démarche d'améliorati­on permanente ».

* D&S Ingénierie (ingénierie pour l'activité de démantèlem­ent nucléaire), Aqmaris (maîtrise des risques et suivi radiologiq­ue), Kairos Formations (centre de formations convention­nelles, nucléaire et incendie), Fildem (assainisse­ment, démantèlem­ent, désamianta­ge), Alfadir (suivi des activités HSE et amiante), Safety Shop (fourniture­s et gestion du parc de matériel) et Quadrance (services administra­tifs du groupe).

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