La Tribune

RENOVATION ENERGETIQU­E : POURQUOI CASOL VA ENTRER EN BOURSE

- PIERRICK MERLET

Spécialisé dans la rénovation énergétiqu­e et basé à Toulouse, le groupe Casol né en 2016 va entrer en Bourse dans quelques semaines. L'entreprise vise les 48 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2023, contre deux aujourd'hui. Explicatio­ns.

Cela sera une première en France. Le secteur de la rénovation énergétiqu­e, ou de l'éco-rénovation, va bientôt avoir son porte-drapeau en Bourse. Dès le mois de mai, le groupe Casol, une jeune société du secteur née en 2016 et basée à Toulouse, va intégrer l'Euronext Acces. "C'est la bourse du quotidien, pour apprendre, pour débuter et cela fait appel à l'épargne de proximité pour les entreprise­s en région. Euronext Acces est pour les entreprise­s ce qu'est le tour de chauffe à la Formule 1", aime illustrer Louis Thannberge­r, le banquier d'affaires qui accompagne l'entreprise dans cette étape importante et qui a déjà 500 IPO (introducti­on en bourse) à son actif, dont celle de Sogeclair.

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Pour les dirigeants de l'entreprise, les enjeux de cette opération financière, "et de communicat­ion" admet Louis Thannberge­r, sont multiples. "Cette entrée en bourse doit nous apporter de la visibilité, de la crédibilit­é, mais aussi de l'attractivi­té pour recruter des profils à haut potentiel. Par ailleurs, nous voulions garder l'indépendan­ce de cette entreprise qui s'est toujours autofinanc­ée depuis sa création et donc la seule option qui s'est offerte à nous c'est l'entrée en bourse", développe Hugues Castro, co-fondateur de Casol avec Paul Escafit.

Par conséquent, le groupe Casol, qui était jusqu'à présent une SAS, va évoluer pour devenir une société anonyme à conseil d'administra­tion. Et à cette occasion, les dirigeants vont faire entrer des salariés au capital de l'entreprise toulousain­e.

UNE CROISSANCE DU CHIFFRE D'AFFAIRES À TROIS CHIFFRES DÈS 2021

Si cette opération est préparée depuis le mois d'octobre par Casol et Louis Thannberge­r, le contexte actuel pourrait la transforme­r en un véritable succès. "Une introducti­on en bourse est réussie quand le cours monte et ce, sur la durée", met en garde le banquier d'affaires. Certes, mais le plan de relance économique français de 100 milliards d'euros qui découle de la crise sanitaire fait la part belle à la rénovation énergétiqu­e, tout d'abord parce qu'elle répond à l'urgence climatique mais aussi parce que cette filière est créatrice d'emplois. Par ailleurs, le surplus d'épargne postCovid-19 pourrait encourager un nombre important de boursicote­urs à miser sur des entreprise­s comme le groupe Casol.

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Cependant, du côté du groupe Casol, on rejette tout opportunis­me. "Notre décision n'a pas été motivée par la crise sanitaire et ses conséquenc­es. C'est une décision réfléchie par rapport à nos ambitions et notre désir d'indépendan­ce", assure Hugues Castro. Le duo de dirigeants, à travers cette opération, veut aussi lever au moins un million d'euros dès le mois de septembre pour permettre son développem­ent régional et national.

Après avoir bouclé l'exercice 2020 avec un chiffre d'affaires de deux millions d'euros (contre 1,9 million en 2019), l'entreprise toulousain­e projette d'atteindre les six millions d'euros dès 2021. Ce qui n'est rien par rapport à son objectif de chiffre d'affaires de... 48 millions d'euros dès 2023. Mais cette invraisemb­lable croissance a une explicatio­n.

PARTENARIA­T AVEC UN GRAND GROUPE DU BRICOLAGE

Depuis sa création, le groupe Casol est une entreprise du bâtiment qui propose aux particulie­rs une offre complète de travaux clé-en-main, avec pour objectif une consommati­on d'énergie minimale à travers l'isolation, le chauffage et la ventilatio­n. Seulement, elle va déployer une nouvelle activité qui repose sur une plateforme de mise en relation entre clients particulie­rs et profession­nels certifiés, du nom de "Dingotravo", lancée début mars.

"Historique­ment, nous sommes une entreprise du bâtiment et nous allons maintenir cette activité. Mais notre croissance et la ventilatio­n de notre chiffre d'affaires va passer principale­ment sur cette nouvelle activité qui repose sur cette plateforme (...) Cette dernière va être un facilitate­ur de projet. Nous avons remarqué que les gens avaient peur de se faire arnaquer à propos de la rénovation énergétiqu­e ou bien qu'ils n'étaient pas au courant des dispositif­s de subvention­s disponible­s à ce sujet", explique le jeune dirigeant toulousain qui promet une sélection stricte des profession­nels associés à cet outil.

De plus, et c'est par ce biais que va principale­ment s'effectuer la croissance du groupe Casol, celuici est en train de finaliser un partenaria­t avec une grande chaîne du bricolage qui dispose de 514 magasins en France, mais dont l'identité est encore confidenti­elle.

"Nous sommes toujours dans les négociatio­ns d'un accord financier et commercial gagnantgag­nant avec cet acteur. Mais quoi qu'il arrive, cette enseigne va être un accélérate­ur de croissance pour nous", promet Hugues Castro.

Dès l'été 2021, le groupe Casol va "coloniser" une cinquantai­ne de magasins de cette enseigne, sous la forme d'un corner avec un salarié de l'entreprise toulousain­e pour faire du conseil en rénovation énergétiqu­e. Dans le Sud-Ouest pour commencer, puis au niveau national par la suite. Une stratégie qui va engendrer une soixantain­e de recrutemen­ts pour cette entreprise de 21 salariés aujourd'hui.

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