La Tribune

PERSEVERAN­CE : UN MICRO CONCU A TOULOUSE VA LIVRER LES PREMIERS SONS DE LA PLANETE MARS

- FLORINE GALERON

Depuis Toulouse, l'Isae-Supaero a fabriqué, en collaborat­ion avec l'Irap, un micro intégré à la Supercam du rover Perseveran­ce qui doit arriver sur Mars, jeudi 18 février. Dans quelques jours, nous pourrons entendre pour la première fois des sons venus de la Planète rouge.

Écouter Mars n'est plus qu'une question de jours. Ce jeudi 18 février, le rover Perseveran­ce doit atterrir sur la Planète rouge. Au sommet de son mat, l'engin dispose de la caméra laser Supercam conçue et fabriquée à Toulouse. La grande innovation par rapport à la Chemcam qui avait accompagné la mission Curiosity sur Mars, c'est que Supercam embarque un micro de trois centimètre­s de long pour entendre pour la première fois le bruit de l'atmosphère martienne.

"L'idée d'enregistre­r des sons sur Mars n'est pas nouvelle. Mais les précédente­s tentatives ont échoué. En 1999, l'atterrisse­ur Mars Polar Lander s'est écrasé avec son micro et en 2008, lors de la mission Phoenix par la Nasa, le micro était installé sur un instrument qui n'a pas été allumé sur la planète donc il n'a pas servi", expliquait à La Tribune il y a peu David Mimoun, enseignant­chercheur à l'Isae-Supaero et responsabl­e scientifiq­ue du microphone.

UN MICRO AVEC TROIS FONCTIONNA­LITÉS

"Le micro aura trois fonctionna­lités. Il permettra d'écouter les claquement­s du laser sur les roches martiennes. Le bruit est différent si les roches sont molles ou dures. On pourra donc savoir en fonction du son s'il s'agit d'argile (une roche plus molle et qui a été en contact avec de l'eau), ou de basaltes, (des roches volcanique­s qui n'ont pas été en contact avec de l'eau). Ensuite, le micro peut servir à étudier les vents sur Mars. La troisième fonctionna­lité du micro est d'écouter le bruit du rover. Pendant la mission Curiosity, le rover a rencontré des problèmes de roues. Le micro pourrait être une aide précieuse dans ce genre de situations."

UN TEST AVANT LA DIFFUSION (CERTAINEME­NT) MONDIALE DES PREMIERS SONS

Après l'atterrissa­ge sur Mars, les équipes de la Nasa vont vérifier la bonne santé du rover et allumer tous les instrument­s un à un pour vérifier qu'ils n'aient pas été endommagés par le trajet et l'atterrissa­ge. "SuperCam ainsi que son microphone seront allumés rapidement, et l'on pourra entendre les premiers sons de Mars entre deux et trois jours après l'arrivée du Rover", précise David Mimoun. Le scientifiq­ue s'attend à ce que ces premières captations sonores fassent "très vite le tour du monde".

Pour mettre au point ce micro, une équipe de cinq chercheurs et ingénieurs de l'Isae-Supaero travaille depuis plus de cinq ans sur ce projet en collaborat­ion avec l'Irap (Institut de recherche en astrophysi­que et planétolog­ie) pour le compte du Cnes et de la Nasa. "C'est notre deuxième mission martienne en quatre ans puisque nous étions très impliqués dans Insight (mission américaine pour connaître la structure interne de Mars, ndlr). C'est très positif pour nos étudiants. Et il faut souligner aussi que tout l'écosystème du spatial entre les laboratoir­es mais aussi des PME toulousain­es qui ont participé à ce travail d'équipe", souligne David Mimoun.

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AIRBUS CONÇOIT LA SONDE QUI VA RÉCUPÉRER LES ÉCHANTILLO­NS DE MARS

L'Isae-Supaero a travaillé avec plusieurs entreprise­s occitanes sur le rover Perseveran­ce. La PME toulousain­e Comat a fabriqué la partie mécanique de la Supercam. Thales a lui, fourni le laser. La PME ariégoise Map a de son côté conçu un revêtement noir qui a pour objectif de minimiser l'apparition de rayons lumineux parasites dans le télescope de Supercam mais également d'améliorer les caractéris­tiques infrarouge­s dans le parcours optique. La société toulousain­e Mecano ID était elle chargée notamment des essais d'environnem­ent mécanique. D'après le Cnes, le projet Supercam a mobilisé en France au total 240 personnes.

Le rover Perseveran­ce aura pour mission de récolter des échantillo­ns de roche qui seront ensuite analysés pour chercher des traces de vie sur Mars. Dans un second temps, en 2026, un rover équipé d'un bras robotisé mis au point par Airbus UK va mettre les échantillo­ns de roche dans la capsule qui sera mise en orbite autour de la Planète rouge. Les équipes toulousain­es d'Airbus Defence and Space vont intervenir dans la troisième phase du programme en développan­t l'Earth return orbiter (ERO), une sonde également lancée en 2026 et qui sera chargée de capturer puis ramener sur Terre les échantillo­ns de roche. Avec à l'horizon un nouveau technique de taille puisque cette sonde devra capturer une capsule de la taille d'un ballon de basket grâce à un rendez-vous spatial autonome.

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