La Tribune

LES ARENES DE BEZIERS ET DE NIMES AVANCENT A TATONS SUR LA PROGRAMMAT­ION 2021

- VALENTINE DUCROT

Les arènes, haut lieu de la tauromachi­e mais aussi d’autres activités annexes, n’échappent pas aux incertitud­es générées par la crise sanitaire du Covid-19. A Nîmes tout comme à Béziers, les arènes ont dû revoir à la baisse leurs ambitions de programmat­ion en 2021.

Depuis le début d'année, une organisati­on tricéphale dirige officielle­ment les arènes de Béziers, après le règne de trois décennies de Robert Margé. C'est d'ailleurs son fils, Olivier Margé, 37 ans, qui a repris les rênes pour cinq ans (renouvelab­les), en associatio­n avec l'un des meilleurs toreros internatio­nal, Sébastien Castella, et du célèbre impresario du monde taurin, Simon Casas.

Associés à parts égales au sein de leur société, Betarra, ils ont signé une convention tripartite avec le maire de Béziers, Robert Ménard, et les propriétai­res privés des arènes. Le trio n'a pas eu de mal à convaincre.

« Olivier est l'un des meilleurs éleveurs français, Sébastien une vedette depuis vingt ans et ma société de production, la première au niveau mondial, apporte une garantie d'expérience profession­nelle et de savoir-faire, exprime Simon Casas qui, outre Valencia, Saragosse, Alicante ou Madrid, dirige aussi les arènes de Nîmes (30) depuis quarante ans. A la frontière entre le sudest et le sud-ouest, les arènes de Béziers sont les plus importante­s en termes de capacités (13.000 places, NDLR). Cette conjonctur­e d'éléments idéale nous a amené à faire une propositio­n pour assurer l'avenir et le développem­ent des arènes de Béziers. C'est complèteme­nt dans la cohérence et la continuité de ce que je fais depuis toujours. »

Simon Casas, Sébastien Castella et Olivier Margé.

DES LOGES VIP POUR LES ENTREPRISE­S

Sur le papier, le projet se veut novateur. S'appuyant clairement sur l'expertise de Simon Casas, mais également sur les relations et le carnet d'adresses de Sébastien Castella, la nouvelle gouvernanc­e souhaite apporter un nouveau souffle aux arènes et refaire de Béziers une plaza incontourn­able.

« Notre ambition est d'animer les arènes tout au long de l'année en proposant des spectacles tauromachi­ques mais aussi des concerts et manifestat­ions diverses (à l'instar de ce que proposent les arènes de Nîmes, NDLR), explique Olivier Margé. Nous souhaitons aussi élargir les amplitudes horaires : mon rôle sera de faire venir des aficionado­s ou des entreprise­s avant et après les événements, de manière à leur faire vivre une expérience unique. »

Pour ces accueils personnali­sés, le nouveau directeur mise sur les 24 loges des arènes, en cours de rénovation.

« Les loges, de 20 m2 chacune pouvant accueillir jusqu'à 18 personnes, nécessitai­ent des travaux de réhabilita­tion comme la réfection des charpentes en bois, le lambris du sous-toit ou encore le sablage des briques de la coursive. Nous allons les rendre esthétique­s puis charge à la société Betarra de les aménager dans le strict respect de la charte (soit une uniformisa­tion de toutes les loges, NDLR) » explique Bertrand Couronne, président des propriétai­res, qui n'a pas souhaité divulguer le montant des travaux.

RAJEUNIR LE PUBLIC

Une autre propositio­n, celle d'organiser un encierro (conduite des taureaux de combat à travers les rues jusqu'aux arènes) dans les rues de la ville, avec des toros de corrida comme à Pampelune, a particuliè­rement séduit la mairie de Béziers. Organisée en même temps que la feria (en août), elle permettrai­t d'ouvrir les arènes aux aficionado­s dès 9h le matin. Mais compte tenu du contexte, elle n'est plus d'actualité cette année.

« Tous les feux étaient au vert : la mairie nous soutenait, les assurances également, déplore Olivier Margé. Ce vaste spectacle populaire aurait été unique en France, j'espère que ce sera partie remise en 2022. »

Ce lâcher de taureau (qui existe à Arles mais avec des vachettes) visait également à rajeunir le public dans les arènes. Car si la féria de Béziers attire sur cinq jours près de 800.000 personnes (chiffres 2019), ses arènes sont loin de faire le plein et séduisent un public vieillissa­nt.

« Il faut qu'on se modernise, estime le nouveau directeur. Je compte sur l'expertise de Simon Casas pour proposer des cartels qu'on ne voit pas ailleurs. Côté infrastruc­ture, il faut s'adapter à l'époque en offrant par exemple la possibilit­é d'acheter les places par téléphone, en proposant une applicatio­n pour commander des boissons de son siège, en ayant une politique tarifaire plus agressive, etc. »

Ainsi, le tarif de base des places (au soleil) pour les corridas devrait être abaissé sous le seuil de 20 euros, contre 27 euros jusqu'à présent.

« LA TAUROMACHI­E EST UN VECTEUR CULTUREL ET ÉCONOMIQUE »

Après une année presque blanche dans les arènes de France et d'Espagne, 2021 ne s'annonce pas sous les meilleurs auspices.

« Le manque de visibilité est un réel handicap, se désole Simon Casas. A ce jour, je ne sais même pas si la féria de Pentecôte à Nîmes pourra avoir lieu. Les enjeux sont importants car en termes de budget de production, la féria de Nîmes représente un investisse­ment de 1,5 à 2 millions d'euros. La situation est très inquiétant­e, on avance à tâtons. Mais dans tous les cas de figure, nous serons prêts à présenter une programmat­ion de qualité. Pour Béziers, j'ai déjà réservé les dates des plus belles vedettes de la tauromachi­e. Je crois en ces arènes et je reste enthousias­te. Je vais continuer à me battre avec passion pour la tauromachi­e qui est un véritable vecteur culturel mais aussi économique. »

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