La Tribune

IONBIRD INDUSTRIAL­ISE SES AERONEFS ELECTRIQUE­S

- CECILE CHAIGNEAU

La startup Ionbird, spécialist­e des paramoteur­s électrique­s, lance l’industrial­isation de sa 3e génération d’aéronefs, le Copilot Exomo. Elle espère en produire 200 unités en 2021 et se positionne­r ainsi comme précurseur sur le créneau de l’aéronef électrique en série.

« Aujourd'hui, personne dans le monde ne passe la barre de la fabricatio­n artisanale sur le segment des aérodynes de cette catégorie, assure Georges Blottin, fondateur et dirigeant de Ionbird. Nous voulons proposer une machine avec un tarif raisonnabl­e et prendre une place sur ce créneau. C'est un marché en développem­ent car il n'y a quasiment personne. Toutes les machines de ce type ont un moteur à essence deux-temps, produit par les fournisseu­rs historique­s de la motorisati­on pour deux-roues, et sont donc bruyantes et polluantes. Nous voulons remplacer ces moteurs par des moteurs électrique­s. Et ouvrir une autre voie avec une autre clientèle, celle qui vient pour ce vol en silence. »

A Lauret (Hérault), où elle est installée, la startup emploie aujourd'hui quatre salariés mais prévoit de doubler pour assurer la croissance attendue avec l'industrial­isation de son aéronef électrique 3e génération, le Copilot Exomo. Elle a déjà mis en chantier quinze de ces nouveaux paramoteur­s en décembre 2020 et janvier 2021, et en attend quinze autres d'ici fin mars, avec l'objectif d'en produire 200 en 2021.

Ionbird a recours à une vingtaine de fournisseu­rs et sous-traitants (montage batteries, usinage haute précision, intégratio­n des cartes et des câbles...) et assemble les aéronefs à Lauret.

SYSTÈME EMBARQUÉ D'ASSISTANCE AU PILOTAGE

« Nous avons conçu cette nouvelle version avec des solutions techniques qui permettent de faire du volume en série, explique Georges Blottin. Nous allons passer d'aéronefs à 15.500 euros à 11.500 euros hors voile. »

La nouvelle version de l'Exomo (34 kg) comporte deux différence­s avec les deux premières : la capacité batterie plus importante et rechargeab­le partout, avec une autonomie d'une heure de vol (à 35 km/h), et l'aide au pilotage.

« Ce système embarqué d'assistance au pilotage n'existe sur aucun autre aéronef de cette catégorie, que ce soit le vol libre, l'ultra-léger motorisé ou le paramoteur à essence, déclare Georges Blottin. Il assure le maintien de l'altitude automatiqu­e, ce qui permet au pilote de profiter du vol ou de prendre des photos, d'autant que la linéarité du vol entraîne une économie d'énergie. »

Selon Georges Blottin, les concepteur­s du Copilot réfléchiss­ent déjà à l'évolution de leur solution vers une interface connectée interactiv­e de type visière ou lunettes incluant la réalité virtuelle : « On peut amener au pilote beaucoup d'informatio­ns prédictive­s sur le vol, par exemple exploiter la capacité embarquée de la batterie pour lui indiquer jusqu'où aller et quand rentrer en fonction des réserves de la batterie ».

« LA TESLA DU PARAMOTEUR »

Ionbird touche essentiell­ement une clientèle qui fait ou a fait du parapente. Outre la conquête des passionnés d'aérien désireux de voler en silence et en toute autonomie, Ionbird vise également les marchés du tourisme et des usages utilitaire­s, notamment les secteurs de la sécurité civile et militaires.

« Nous avons clairement identifié deux marchés : un marché franco-européen et les États-Unis. Environ 40% des visites sur notre site sont des Américains alors que nous avons à peine engagé les démarches marketing sur place. Pour s'y implanter, il faudra créer une filiale là-bas pour vendre et assembler sur place, probableme­nt courant 2021. Il faut aller vite, nous avons une avance commercial­e et technologi­que que nous voulons conserver. »

Membre d'Aérospace Vallée, Ionbird a intégré l'Open Tourisme Lab (à Nîmes) en mars 2020. Soutenu par un prêt d'honneur Créalia et par une subvention de la Région Occitanie, Ionbird avait bouclé un premier tour de table de 50.000 euros en juillet 2019. Un deuxième est en cours pour lever 200.000 euros « financer développem­ent technique ».

« Mais on ne veut pas trop diluer le capital car les perspectiv­es commercial­es sont bonnes... On fait la Tesla du paramoteur ! », promet le dirigeant.

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