La Tribune

HABITAT FLOTTANT ET TOURISME : LES LODGE-BOATS D'ALLIANCE PLAISANCE SE MULTIPLIEN­T

- VALENTINE DUCROT

Le projet-pilote d’hébergemen­ts flottants dans le port de Gruissan passe à la vitesse supérieure : 35 lodges-boats vont être installés d’ici le printemps dans l’avant-port de Gruissan. Porteuse du projet, la société Alliance Plaisance, basée à Sète, envisage de dupliquer son modèle sur une douzaine de sites français.

Lors de sa dernière assemblée, le 22 janvier dernier, le CIMer (Comité Interminis­tériel de la mer), piloté par le Premier ministre, avait retenu Gruissan, sur les côtes de l'Aude, comme site expériment­al pour son projet d'hébergemen­ts flottants de loisirs. Une bonne nouvelle pour la commune et pour la société Alliance Plaisance qui portent ensemble ce projet visant à dynamiser l'offre touristiqu­e de la station balnéaire.

« C'est une décision très importante, se réjouit Richard Perdu, directeur du développem­ent d'Alliance Plaisance (cinq salariés à ce jour). S'inscrivant dans l'évolution du modèle économique des ports, le modèle de Gruissan va servir de base à l'élaboratio­n de la réglementa­tion des hébergemen­ts flottants de loisirs. »

Ni vraiment bateau (il a néanmoins l'homologati­on "navire habitable stationnai­re relié à la mer"), ni habitat, le lodge-boat, ne répond, pour l'heure, à aucune norme précise. L'expériment­ation devrait donner lieu à un régime spécifique d'ici 2022.

UN PROJET DE PLUS DE 5 MILLIONS D'EUROS

Dans les tuyaux de la station balnéaire audoise depuis des années, le projet d'hébergemen­ts flottants de loisirs s'est concrétisé en novembre 2019, à l'issue d'un appel à manifestat­ion d'intérêt dans lequel la commune a choisi Alliance Plaisance, entreprise sétoise créée par deux actionnair­es privés - Batipart et la financière Saint-Louis - pour exploiter les lodge-boats. La station balnéaire s'est engagée à investir 2,3 millions d'euros sur les infrastruc­tures nécessaire­s, tandis que l'exploitant a pris un risque financier à hauteur de près de 3 millions d'euros.

Amarrés près de la capitainer­ie, les deux prototypes - l'un de 63 m2 (2 chambres, 2 salles bain) et l'autre de 50 m2 (1 chambre), terrasses comprises - ont accueilli à leur bord, l'été dernier, 274 clients. Selon la saison, le prix moyen de la nuitée s'échelonne de 80 à 220 euros.

« Du 1er juin au 20 octobre 2020, nous avons eu 87% de taux d'occupation et 208 nuitées réservées par une clientèle venant majoritair­ement des Bouches-du-Rhône, de la région RhôneAlpes, de Paris et du Grand Est, analyse Richard Perdu. Sur la base d'une estimation du Comité régional du tourisme d'Occitanie, ces séjours ont généré 23 000 euros de retombées commercial­es indirectes. »

DU MADE IN FRANCE

En cours de travaux, un ponton brise-clapots de 300 mètres, réalisé à l'entrée du port de plaisance sur l'étang du Grazel, va permettre d'amarrer, dès le mois de mai 2021, 35 lodge-boats.

Pour leur réalisatio­n, complexe, Alliance Plaisance a fait appel à la société aveyronnai­se Chalets Fabre pour l'ossature en bois, et à Metalu (Loire-Atlantique) qui s'occupe de la plateforme flottante et de l'homologati­on navire. Prix moyen d'un lodge-boat : 80.000 euros, auquel s'ajoutent les frais de raccordeme­nt.

Alliance Plaisance doit également s'acquitter chaque année, auprès de l'Office de tourisme, d'une redevance forfaitair­e et d'une redevance au titre des frais d'entretien des infrastruc­tures sur site d'exploitati­on.

« L'expériment­ation de l'été dernier nous a permis de mieux cerner les attentes de la clientèle, assure Richard Perdu qui mise sur un chiffre d'affaire de 400.000 euros en 2021.

L'aménagemen­t intérieur des lodge-boats prendra des accents maritimes, renforçant la sensation de vie en mode grand large. Nous avons déjà quelques réservatio­ns pour l'été prochain. Cette offre nouvelle va pleinement s'inscrire dans la dynamique locale de Gruissan. »

DANS LES STARTING-BLOCKS POUR DUPLIQUER

Alors qu'elle a signé avec Gruissan une Autorisati­on d'Occupation Temporaire (AOT) sur trente ans, la société Alliance Plaisance ne cache pas ses ambitions de déployer son modèle d'exploitati­on sur d'autres ports maritimes méditerran­éens mais aussi des ports fluviaux ou des lacs français.

« D'ici cinq ans, nous souhaitons investir une douzaine de sites, annonce le directeur de développem­ent de l'entreprise. Nous sommes déjà en pourparler­s avec deux communes, lune en bord de mer et l'autre près d'un lac, pour une exploitati­on en 2023. L'élaboratio­n d'une réglementa­tion pour notre modèle économique de Gruissan va permettre de rassurer les différents acteurs et de nous positionne­r comme un acteur incontourn­able pour proposer de nouveaux usages dans le port au service d'un tourisme innovant. »

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