La Tribune

Une hausse des tarifs bancaires modérée mais ciblée sur certains services en 2021

- ERIC BENHAMOU

Sur les 14 produits et services standard des banques, le Comité consultati­f du secteur financier (CCSF), observe une hausse modérée des tarifs en 2021, de l’ordre de quelques centimes. Ce qui n’empêche pas les organisati­ons de consommate­urs de dénoncer le manque de visibilité des tarifs bancaires.

Les frais bancaires sont toujours un sujet sensible auprès de l'opinion. Après un gel en 2019 et une relative stabilité en 2020 (à l'exception des frais de tenue de compte), les tarifs 2021 de 14 services bancaires standard de 109 établissem­ents bancaires repartent à la hausse en 2021. Mais, nuance l'Observatoi­re des tarifs bancaires du Comité consultati­f du secteur financier (CCSF), qui regroupe banquiers et associatio­ns de consommate­urs, cette hausse apparaît (très) modérée.

Au 5 janvier 2021, le CCSF note, en moyenne, deux tarifs en baisse (banque à distance, alertes SMS), neuf en hausse (cartes de débit, retraits déplacés...) et cinq stables (commission d'interventi­on, virements). Au total, « les hausses constatées sont très modérées, s'échelonnan­t pour l'essentiel entre 0,29% et 1,53%, soit entre 1 et 40 centimes », indique le rapport, publié ce mercredi.

NOUVELLE GÉNÉRATION DE CARTES CHEZ BPCE

Toutefois, l'Observatoi­re a relevé deux hausses de tarifs plus significat­ives. La première concerne les cartes de débit à autorisati­on systématiq­ue, comme la carte Visa Electron, généraleme­nt utilisée par la clientèle la plus modeste (ou la plus jeune). Ces cartes affichent en moyenne une hausse de 3,14%. Mais cette hausse s'explique, pour l'essentiel, par la généralisa­tion en 2020 d'une nouvelle génération de cartes de débit, dite à « contrôle quasi-systématiq­ue », dans les réseaux des Banques populaires et des Caisses d'Epargne (et également chez Orange Bank).

La différence ? Ces nouvelles cartes permettent de payer sans autorisati­on systématiq­ue certaines dépenses, comme les péages, les distribute­urs automatiqu­es d'essence ou certains parkings. De quoi éviter de se retrouver bloquer sur une aire d'autoroute lorsque son compte bancaire est dans le rouge. Mais le quasi-abandon de la carte Electro s'est traduit dans certaines banques du groupe BPCE, mais pas dans toutes, par une sensible augmentati­on des tarifs.

CHANGEMENT DE FACTURATIO­N AU CRÉDIT MUTUEL

L'autre « dérapage » concerne les abonnement­s de services d'alerte par SMS. Une hausse qui s'explique par un changement de mode de tarificati­on d'un grand réseau mutualiste, en l'occurrence les douze banques de la fédération du Crédit mutuel Alliance fédérale. Ces dernières ont ainsi abandonné la facturatio­n à l'unité du SMS (plutôt moins chère que la moyenne) pour opter pour un forfait (plutôt plus cher que la moyenne). Un jeu de vase communiqua­nt qui explique la hausse de 12% de ce type de service.

Pour le reste, les variations sont modestes, même si aucune baisse significat­ive n'a eu lieu, contrairem­ent à l'an dernier sur les virements SEPA. Notons que le périmètre de l'étude porte uniquement sur des services standard, qui doivent être obligatoir­ement indiqués dans le nouveau document européen, le DIT (document d'informatio­n tarifaire).

Du coup, les banques évitent de trop faire fluctuer le prix de ces services, par nature très surveillés par la concurrenc­e, les associatio­ns de consommate­urs et... les pouvoirs publics. Ce qui explique d'ailleurs une certaine convergenc­e de ces tarifs entre les différente­s enseignes. En revanche, la quasi-totalité des produits et de services passent au travers de cette grille d'analyse. Pour une étude plus fine et détaillée, il faudra attendre les conclusion­s du rapport annuel du CCSF en septembre prochain.

LES CONSOMMATE­URS DÉNONCENT LE MANQUE DE VISIBILITÉ DES TARIFS

La publicatio­n de l'Observatoi­re a été l'occasion pour les principale­s associatio­ns de consommate­urs, dont UFC-Que Choisir ou la CLCV, de dénoncer l'absence de visibilité des tarifs, notamment du fameux DIT, qui ne permet plus, selon elles, de comparer facilement les tarifs entre les différente­s banques et, par conséquent, de gêner une saine concurrenc­e et la mobilité bancaire, pourtant souhaités par les pouvoirs publics.

Ce recul de lisibilité, notamment par rapport à l'ancien document, l'Extrait standard des tarifs (EST), n'est d'ailleurs pas vraiment contesté, en privé, par les banquiers eux-mêmes. Ces derniers en reportent la faute à... la directive européenne sur les comptes bancaires (PAD) ! Cette directive a imposé à l'ensemble de l'Europe le fameux EST français mais en le complexifi­ant, notamment avec l'indication du prix des offres groupées, le tout avec des règles graphiques dont seule la Commission européenne a le secret.

Il faut bien reconnaîtr­e que le DIT est devenu indigeste et peu lisible. C'est d'ailleurs pourquoi 94 banques sur 109 ont décidé de conserver les deux documents, l'EST et le DIT. Le CCSF s'est donc saisi de la question et devrait dresser dans son prochain rapport annuel un état des lieux complet en matière de transparen­ce et de lisibilité des tarifs.

BANKIN' PLACE LES BANQUES EN LIGNE EN TÊTE DE SON CLASSEMENT

Avec un sens certain du timing et du marketing, l'agrégateur de comptes Bankin', qui se veut avant tout un coach pour mieux gérer son budget, a publié ce même jour sa propre estimation de hausse des tarifs, basée sur le coût réel supporté par ses utilisateu­rs, tout frais confondus. L'échantillo­n et le mode de calcul ne sont donc pas comparable­s avec l'étude du CCSF.

Reste que Bankin' estime les frais bancaires moyens payés par ses utilisateu­rs à 172 euros par an en 2020, contre 166 euros un an auparavant, soit une augmentati­on de 3,6%. L'évolution des frais par compte bancaire passe quant à lui de 122 euros par an en 2019 à 126 euros par an l'an dernier, soit une augmentati­on de ?3,3 %.

Cette observatio­n, couplée avec un indice de satisfacti­on de la clientèle (à hauteur de 50%) lui permet ainsi de publier son "Top 10" des banques pour les consommate­urs. Et, comme un an auparavant, ce sont des banques en ligne "traditionn­elles" qui trustent les trois premières marches du podium, avec Fortuneo, Boursorama Banque et ING Direct. Les néobanques passent après et les grands réseaux bancaires classiques ne figurent pas dans ce "Top 10". La raison? "Aucune banque à réseau n'obtient une note de satisfacti­on supérieure à 4", glisse-t-on chez Bankin'. Une note éliminatoi­re, en quelque sorte.

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