La Tribune

RENAULT: MALGRE DES PERTES SPECTACULA­IRES, DE MEO TOUJOURS OPTIMISTE

- NABIL BOURASSI

Le groupe automobile a enregistré une perte nette de 8 milliards d'euros en 2020. Son PDG Luca de Meo estime que Renault a néanmoins jeté les bases de sa transforma­tion et les résultats du second semestre témoignent d'un net redresseme­nt. Les investisse­urs, eux, ont lourdement sanctionné le titre en Bourse.

C'était un exercice complexe pour la direction de Renault. Alors que le groupe tente d'amorcer une nouvelle dynamique interne autour d'un projet enthousias­mant et fédérateur, la publicatio­n des résultats financiers pour l'exercice 2020 sont venus rappeler la situation hautement critique du groupe automobile français.

DES PERTES HISTORIQUE­S

En 2020, Renault a enregistré un chiffre d'affaires en baisse de 22% à 43,5 milliards d'euros (-18% à taux de change constants). Le résultat d'exploitati­on a basculé en territoire négatif à 2 milliards de pertes, contre 2 milliards de profit en 2019. Plus spectacula­ire, le résultat net ressort au niveau historique de 8 milliards d'euros de pertes.

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Mais pour Renault, la crise sanitaire a eu des effets inévitable­s sur un groupe affaibli, et en pleine restructur­ation. Clotilde Delbos, directrice financière du groupe et qui était également la patronne par interim avant l'arrivée de Luca de Meo le 1er juillet dernier, a concentré ses commentair­es sur les très bons résultats du second semestre. Selon elle, ils témoignent des premiers effets du plan d'économies engagé en mai, mais également des premières mesures commercial­es, luttant contre les politiques de volumes. Ces mesures ont permis d'améliorer la résilience commercial­e de Renault au second semestre, c'est-à-dire au moment de la reprise du marché.

LA BONNE SURPRISE DU SECOND SEMESTRE

Ainsi, la baisse du chiffre d'affaires est largement contenue sur cette période puisqu'elle est ramenée à 9% (en glissement annuel). Mieux, la marge opérationn­elle revient dans le vert à 3,5% (contre -0,8% sur l'ensemble de l'année), soit presque le même niveau qu'au second semestre 2019 qui était, rappelle Clotilde Delbos, un exercice nettement plus critique.

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Ainsi, Renault semble avoir rempli à 60% ses objectifs d'économies de coût dès 2020, contre 30% attendu initialeme­nt. Le groupe estime également avoir tiré parti de sa nouvelle politique commercial­e qui se veut moins volumétriq­ue, et plus discipliné­e en matière de prix. Ainsi, dans un contexte commercial très difficile, Renault est parvenu à augmenter de 4 points son effet prix. Une véritable performanc­e comparé aux très importants effets de change, mais qui ont pu être répercutés sur les prix.

RECONQUÊTE DU SEGMENT C EN VUE

Pour Luca de Meo, l'exercice 2020 a été complexe mais le groupe veut rester concentré sur le déploiemen­t du plan Renaulutio­n. Il estime que tous les chantiers avancent, parfois plus vite que prévu comme celui de la restructur­ation. L'année 2022 sera plus dynamique grâce à l'arrivée de nouveaux modèles sur le segment C, qu'il juge être le point faible de Renault. Selon lui, ce seul segment, où l'on retrouve Mégane ou Kadjar, explique à lui seul la moitié de l'écart de performanc­e entre Renault et le groupe PSA ces dernières années. "Nous lancerons au moins 7 modèles entre 2022 et 2024 sur le segment C", a-t-il indiqué, tout en rappelant que Renault est "légitime" sur ce segment.

Il a également affiché son optimisme autour des technologi­es d'électrific­ation de Renault que ce soit la maîtrise du 100% électrique avec Zoé qui permet d'avoir des prix de batteries divisés par trois. Clotilde Delbos a également rappelé qu'au-delà, Renault détient un avantage compétitif majeur sur l'écosystème technologi­que autour de l'électrific­ation. Le groupe veut lancer 12 voitures électrique­s avant 2025 et qui ne seront pas sur des segments de niche. Le tandem qui dirige le groupe Renault compte aussi s'appuyer sur sa technologi­e baptisée "E-Tech" pour avancer sur l'électrific­ation hybride mais également pour monter en gamme les produits Renault.

Pour la direction, il y a donc deux façons d'analyser les résultats 2020: les pertes record ou la reconstruc­tion des fondamenta­ux qui transparai­ssent déjà sur les comptes. Alors que les marchés accusent le coup de ces annonces fracassant­es puisque le titre décroche de plus de 6% en début d'après midi. Luca de Meo et Clotilde Delbos, eux, restent convaincus que le verre ne cesse de se remplir.

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