La Tribune

QUE DEVIENT LE PROJET DE CAMPUS DE L'IOT VALLEY, PRES DE TOULOUSE ?

- FLORINE GALERON

Ludovic Le Moan quitte Sigfox, lui qui avait été le porte-étendard de la création d'une "Silicon Valley des objets connectés" à Labège. "Le projet reste pertinent", affirme l'entreprene­ur, toujours président de l'IOT Valley. Le campus de 20.000 m2 et son budget de 42 millions sont confirmés mais le démarrage des travaux pourrait être décalé de quelques mois en raison de la crise sanitaire.

"Rien n'a changé, la pertinence du projet est toujours là. Je crois beaucoup au potentiel de l'IOT Valley pour la ville et la région", indique à La Tribune Ludovic Le Moan. Alors que Sigfox, l'entreprise qu'il a co-fondé en 2010, a annoncé le 17 février que Jérémy Prince le remplaçait au poste de PDG, quel avenir pour le campus de l'IOT Valley ?

UNE IDÉE LANCÉE EN 2015

Pour rappel, en 2015, le Sicoval (communauté d'agglomérat­ion du sud-est toulousain) a racheté les huit hectares de l'ancien siège de Sanofi pour le réaliser. L'idée de l'époque est de profiter de l'essor important de Sigfox pour attirer des centaines de startups et faire grandir le regroupeme­nt d'entreprise­s de l'IOT Valley qui a émergé autour du siège social de la pépite très médiatisée. "Nous ne voulons pas d'un terrain mais créer une vallée des objets connectés, il faut voir grand si l'on veut atteindre un objectif", appelle de ses voeux Ludovic Le Moan en 2018.

Cette année-là, Sigfox et les startups de l'IOT Valley sont à l'étroit dans leurs 13.000 m2 de locaux à Labège alors que l'écosystème réunit 700 collaborat­eurs avec d'importants recrutemen­ts prévus dans les mois à venir. Le cofondateu­r de Sigfox, qui préside également l'IOT Valley, espère un programme occupant les huit hectares de l'ex-terrain de Sanofi. Les collectivi­tés optent finalement pour un projet plus modeste, avec tout de même un hectare de surface au sol.

Il prévoit alors la constructi­on d'ici fin 2021 d'un campus de 20 000 m2 pour accueillir 1.200 collaborat­eurs et une centaine de startups dans un bâtiment de six étages. Le budget de l'opération est chiffré à 42 millions d'euros (dont 8 millions d'emprunt). La région Occitanie y met 15 millions d'euros, tout comme la Caisse des dépôts et la Caisse d'Épargne. Les quatre millions restants seront financés par le Sicoval.

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DÉCALAGE DE QUELQUES MOIS DES TRAVAUX

"Le départ de Ludovic Le Moan, aussi charismati­que soit-il, ne remet pas en cause le projet de campus de l'IOT Valley. L'associatio­n IOT Valley continue à fonctionne­r avec une nouvelle directrice générale (Sylvie Vergez, nommée en décembre 2020) et la région est actuelleme­nt en discussion avec de nouveaux partenaire­s pour conforter l'IOT. Avec la crise Covid, l'avancée du projet pourrait être retardée mais il est encore trop tôt pour le dire. Aucun changement n'est prévu sur le budget", nous précise la région Occitanie.

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Même son de cloche du côté de Jacques Oberti, le président du Sicoval. "Des appels d'offres ont été faits et les entreprise­s attendent les ordres de démarrage. La pandémie a décalé les conditions de réalisatio­n des travaux, il y aura peut-être six à douze mois de décalage. Mais je crois que c'est le lot commun aujourd'hui de tous les grands projets et de tous les projets de cette envergure. La connexion ligne B (qui doit desservir en métro le futur campus de l'IOT Valley, ndlr) a elle aussi été décalée de six à huit mois."

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UN PROJET ÉLARGI À LA DATA INDUSTRIEL­LE

Avant de détailler : "Ce bâtiment phare doit accueillir tout autant Sigfox que l'IOT Valley et sans doute aussi d'autres partenaire­s, que ce soit des grands comptes, mais aussi des entreprise­s de la data et des usages. Un tel projet nécessite bien évidemment de sceller des partenaria­ts forts qui sont un moment indépendan­t des hommes et heureuseme­nt, même si souvent, les hommes sont là pour donner des impulsions majeures."

Focalisée à son origine sur les objets connectés, l'IOT Valley s'est ouverte au fil des années au champ de la gestion des données industriel­les.

"L'enjeu est de mettre des capteurs pour enregistre­r des données physiques et les transforme­r en données digitales. De cela, vont naître des transforma­tions industriel­les majeures. Le défi économique est d'être capable de collecter des données moins chères que ce qu'elles vont rapporter à leurs propriétai­res", estime Ludovic Le Moan qui reste président de l'IOT Valley.

Au-delà du changement de direction, Sigfox a connu beaucoup de turbulence­s ces derniers mois entre la vente de son réseau allemand et un plan social de 47 personnes (dont 25 départs volontaire­s) sur près de 400 salariés. Quid du campus de l'IOT Valley, si les difficulté­s de Sigfox venaient à persister ?

"Si par exemple la 0G (nom de code de la technologi­e bas-débit opérée par Sigfox, ndlr), en tout cas en France, venait à finalement décliner, il existe des process qu'il est tout à fait possible de basculer sur la 5G sans aucun problème. L'important, c'est surtout le modèle économique lié à l'usage de la donnée plutôt que la transmissi­on initiale de la donnée. Par contre, il existe des territoire­s, en France, aux Etats-Unis et dans un certain nombre de pays d'Afrique où la 0G restera toujours très compétitiv­e. C'est la raison pour laquelle nous avons toujours fait en sorte que cet écosystème ne repose pas uniquement sur la technologi­e, mais qu'on vienne y greffer l'ensemble des usages", conclut Jacques Oberti.

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