La Tribune

AIRBUS : NOUVEAU SYSTEME INDUSTRIEL EN VUE POUR PREPARER L'AVION DU FUTUR

- FABRICE GLISZCZYNS­KI

Pour gagner en compétitiv­ité et préparer la prochaine génération d'avions, le constructe­ur européen veut renforcer son système industriel. Une première décision stratégiqu­e a été prise. La constructi­on et l'assemblage des aérostruct­ures sont jugées essentiell­es. Cette activité, aujourd'hui placée au sein des filiales Stelia Aerospace et Premium Aerotec, va rester au sein d'Airbus. Une approche diamétrale­ment opposée à celle décidée il y a une dizaine d'années où Airbus avait tenté de s'en séparer.

Remodelage industriel en vue chez Airbus. L'avionneur européen travaille sur la mise en place d'un nouveau système industriel. Guillaume Faury, le directeur général d'Airbus, l'a évoqué ce jeudi, lors de la publicatio­n des résultats financiers de l'exercice 2020. Le thème "Préparer l'écosystème industriel à la reprise du marché" figurait en effet en haut de la liste des "priorités" de l'année présentée aux analystes financiers.

"Nous travaillon­s au renforceme­nt de notre outil industriel pour préparer notre avenir à court et long terme. Nous devons poursuivre la transforma­tion de notre chaîne de valeur industriel­le pour la rationalis­er et la simplifier afin d'améliorer la qualité, la compétitiv­ité et la durabilité de notre écosystème interne", a-t-il ajouté plus tard en visioconfé­rence de presse.

"CORE BUSINESS"

Airbus va notamment définir les activités considérée­s comme essentiell­es, et celles qui ne le sont pas; celles qui resteront en interne et celles qui peuvent être sous-traitées. Et dans cette transforma­tion industriel­le qui se profile, Guillaume Faury a fourni un exemple concret d'activité jugée essentiell­e : les aérostruct­ures, qui regroupent les différents éléments de la structure d'un avion (fuselage, ailes...). Et notamment l'assemblage.

"Nous considéron­s l'assemblage d'aérostruct­ures comme une activité essentiell­e pour Airbus. Nous devons également reconsidér­er nos activités de logistique et de planificat­ion, qui sont la clé d'un système industriel robuste et résistant (...). Cette activité est essentiell­e pour nous. Nous pensons qu'elle doit rester au sein d'Airbus", a-t-il déclaré, en rappelant que ce marché des aérostruct­ures était "fragmenté et complexe".

Avant crise, ce marché des aérostruct­ures était composé d'une kyrielle d'acteurs de toute taille, allant de quelques millions de dollars pour les plus petits, à plusieurs milliards dans le cas du leader du marché, Spirit. Outre Stelia, la France compte également d'autres acteurs dans ce domaine comme Latécoère et Daher.

MARCHE ARRIÈRE

En arrêtant ce choix, le constructe­ur aéronautiq­ue fait donc machine arrière. En 2009, après avoir échoué à vendre ses usines d'aérostruct­ures (Méaulte et Saint-Nazaire en France) comme le prévoyait le plan de restructur­ation Power 8 en 2007-2008, Airbus avait placé ces activités dans deux filiales détenues à 100% : Premium Aerotec en Allemagne et Aerolia en France, laquelle, à l'issue de sa fusion en 2015 avec Sogerma, est devenue Stelia Aerospace. L'idée à l'époque était de filialiser ces activités dans le but de les vendre, afin de se concentrer sur la conception, l'intégratio­n de systèmes et l'assemblage final des avions. Mais ces deux filiales n'ont jamais été vendues. Elles ne le seront pas. Le panneau "à vendre" est retiré.

Pour justifier cette décision, Guillaume Faury met en avant le besoin d'améliorati­on de la compétitiv­ité du groupe, mais aussi la place centrale qu'auront les aérostruct­ures dans la constructi­on de l'avion du futur où le lien entre conception et production sera renforcé.

"Nos futurs avions auront des architectu­res différente­s, avec de nouvelles énergies, un système de propulsion différent .... L'aérostruct­ure sera donc une partie importante de l'avion en termes de nouvelle architectu­re, de "digital design and manufactur­ing", donc de connexion entre le design et le système industriel de l'aérostruct­ure. Nous pensons donc que cela doit rester dans Airbus".

Reste à voir sous quelle forme cette activité restera dans la future organisati­on industriel­le du groupe. Reste à savoir également si Airbus voudra à l'avenir faire grossir cette activité par des acqusition­s.

Concernant les usines britanniqu­es de Broughton et Filton, spécialisé­es dans la fabricatio­n des ailes, Guillaume Faury a indiqué qu'elles avaient un rôle très important à jouer pour Airbus, malgré le Brexit.

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