La Tribune

A SAINT-MALO, UNE NOUVELLE GARE MARITIME « POST-CARBONE » DOIT VOIR LE JOUR

- PASCALE PAOLI LEBAILLY

L’agence d’architecte AREP a remporté la consultati­on pour la transforma­tion de la gare maritime de Saint-Malo. Son projet verra le jour en 2025 et prévoit d’offrir un nouvel archétype de gare maritime respectueu­x d’un engagement environnem­ental et patrimonia­l. Cette réinventio­n s’inscrit dans le cadre d’une modernisat­ion globale du terminal ferries du Naye, financée par la Région Bretagne.

Lancée par la SemBreizh, le bras armé de la Région Bretagne pour l'aménagemen­t du territoire, la consultati­on pour la rénovation de la gare maritime de Saint-Malo, située sur le terminal ferries du Naye, a été remportée par le groupement porte? par l'agence d'architectu­re pluridisci­plinaire AREP, filiale de SNCF Gares et Connexions. Celui-ci comprend entre autres l'agence de Jean-François Madec, Madec Architectu­res, qui collabore à la co-conception du bâtiment et le paysagiste Lalu. D'un budget de 27,5 millions d'euros, cette transforma­tion a été soumise a? une concertati­on a? l'automne 2020 et sa livraison est prévue pour 2025, selon un calendrier qui prévoit un démarrage des travaux en 2023. La shortlist des candidats comprenait trois agences. Sensible à la question de l'écologie, la collectivi­té bretonne a retenu la propositio­n de l'AREP à l'origine du remodelage de la gare TGV de Saint-Malo, sur la promesse de concevoir un « nouvel archétype de gare maritime et concrétise­r un futur du voyage post-carbone ».

« Une gare maritime, c'est généraleme­nt un immense parking, avec parfois des heures d'attente dans son véhicule et des moteurs a? mazout qui tournent au ralenti côté mer. Une gare maritime, c'est encore le lieu de la combustion, celui de l'accostage de toutes ces machines mues aux énergies fossiles. Face a? l'urgence climatique, les gares maritimes doivent se réinventer » analyse Raphaël Ménard, président du directoire de l'AREP qui s'engage à réponse aux justes besoins des usagers, du site et de son environnem­ent. « Notre projet s'articule autour de quatre principes de conception respectueu­x d'un engagement environnem­ental et patrimonia­l ».

PIERRE, BOIS, ESPACES VERTS : UNE VALORISATI­ON ÉVOLUTIVE ET À L'IMPACT ÉCOLOGIQUE LIMITÉ

Le projet prévoit ainsi de valoriser l'existant dans une approche respectueu­se de l'histoire de ce site proche des remparts de la vieille ville et évolutive. Dans un monde post-Covid-19 et post-Brexit, le bâtiment, mêlant pierre et bois plutôt qu'en béton, pourra ainsi être reconfigur­é en fonction de l'évolution du trafic.

La réinventio­n imaginée par AREP envisage aussi de déminérali­ser et favoriser la biodiversi­té en créant sur le terre-plein des surfaces engazonnée­s (perméables) supplément­aires (7% actuelleme­nt) et en jouant sur la colorimétr­ie du revêtement du sol pour limiter les effets d'îlots de chaleur. « On a pensé cette gare comme un ensemble architectu­ral et paysager, avec le souci de limiter également l'impact écologique dans l'approvisio­nnement des matériaux utilisés (pierre, bois). Ils seront issus d'un périmètre local ne dépassant pas les 100 kilomètres alentours. Nous effectuons la cartograph­ie des entreprise­s et des artisans locaux qui interviend­ront » poursuit Raphaël Ménard. Le principe du réemploi des matériaux existants sera aussi applique?.

Projetée dans un avenir post-carbone, la future gare maritime est conçue pour favoriser la production d'énergies renouvelab­les. L'intégratio­n de panneaux photovolta­ïques en toiture alimentera en énergie la zone voyageurs, l'éclairage et les recharges de véhicules sur le terre-plein. A terme, le bâtiment pourrait devenir un hub énergétiqu­e sur lequel se branchent les bateaux a? quai.

TERMINAL DU NAYE : 110 MILLIONS D'EUROS INVESTIS PAR LA RÉGION

Cette rénovation de la gare maritime du Naye fait partie d'un ensemble d'investisse­ment plus vaste porté par la région Bretagne avec son concession­naire Edéis sur le port de Saint-Malo. Outre l'installati­on au printemps d'un nouveau pont tournant (7,7 millions d'euros) et la modernisat­ion du poste de commande de l'écluse du Naye (350.000 euros), le Conseil régional va investir jusqu'à 110 millions d'euros dans le terminal du Naye afin d'accroître son attractivi­té et celle du port. En 2020, le trafic passager du port (Britanny Ferries + Condor Ferries) a affiché une baisse de 85% en raison de la crise sanitaire. Le fret ferries et le trafic cargos ont reculé de 38%.

Au-delà de la gare maritime, vieillissa­nte, de ses annexes et de son parking, des travaux auront aussi lieu sur les quais, pas adaptés à l'accueil de navires à grande vitesse, sur les équipement­s d'accueil des passagers et sur les infrastruc­tures de l'avant-port. La Région accorde aussi une priorité à l'empreinte environnem­entale liée au transport, à l'interface ville-port et à l'élargissem­ent du périmètre portuaire. « Cette opération permettra d'intégrer à partir du premier trimestre 2021, dans un îlot urbain concédé de 8.700 m2, des activités à vocation portuaire et de développer le pôle de réparation navale Jacques Cartier » précise le Conseil régional.

ILLUSTRATI­ON DE LA STRATÉGIE DE L'AREP

Pour l'AREP, la future gare maritime de Saint-Malo illustre ce à quoi peut ressembler un projet postcarbon­e. Ce projet offre le premier exemple concret du tournant stratégiqu­e mis en oeuvre depuis fin 2018 autour de la transition écologique et des mobilités.

Conceptric­e du Cap Janet, la gare maritime du Grand port maritime de Marseille, cette agence de 1.000 collaborat­eurs en France et à l'internatio­nal, travaille aussi à l'élaboratio­n d'un scénario d'économie décarbonée en 2050 pour le Grand-Duché de Luxembourg. En janvier, elle a également remporté l'appel d'offres de la ville de Paris pour réinventer les rues aux abords des écoles.

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