La Tribune

"LES ACTEURS DE L'EVENEMENTI­EL SE FEDERENT POUR ETRE REPRESENTE­S ET MIEUX COMPRIS"

- HELENE LERIVRAIN

Ils sont organisate­urs de salons, traiteurs, décorateur­s, scénograph­es, technicien­s ou chefs de projet et ont décidé de se regrouper au sein de L'Union des métiers de l'événementi­el en Nouvelle-Aquitaine. L’Umena a été créée en décembre dernier par des profession­nels de l’événementi­el pour défendre leurs intérêts auprès des institutio­ns régionales et nationales et réfléchir aux mutations nécessaire­s de la filière. Philippe Rondot, PDG de Co-Nect, est le vice-président de cette nouvelle associatio­n.

LA TRIBUNE - A quel moment a émergé la réflexion autour de la création d'une associatio­n d'acteurs de l'événementi­el en Nouvelle Aquitaine ?

PHILIPPE RONDOT - Un certain nombre de profession­nels de l'événementi­el appelait de leurs voeux la création d'une telle associatio­n mais la crise a souligné la nécessité de se fédérer pour être représenté et mieux compris. Les objectifs de l'Umena, qui vise plus de 500 membres, sont doubles. Il s'agit de se rendre visible et d'être bien compris, mais il y a aussi des choses à mettre en commun en particulie­r au niveau de la formation ou de l'innovation. L'intérêt de l'associatio­n, qui s'inscrit dans le droit fil de ce que fait l'Unimev (Union française des métiers de l'événement) au niveau national, sera également de faire un travail de fonds pour obtenir des chiffres stables, suivis, tracés. En Nouvelle-Aquitaine, la profession représente certaineme­nt au moins 5.000 ou 10.000 emplois directs et indirects, tandis qu'en terme de chiffre d'affaires, on devrait se situer autour des 500 millions d'euros en activité directe. Mais ce qu'il faut mesurer, c'est surtout ce qu'elle induit en attractivi­té des territoire­s.

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Qu'est ce qui vous fait dire que le secteur est méconnu des institutio­ns régionales et nationales ?

Je vais prendre un exemple pour l'illustrer. Le tourisme, la restaurati­on, l'hôtellerie sont régulièrem­ent cités au plus haut niveau de l'Etat parmi les grands perdants de la crise mais l'événementi­el n'est jamais cité. Or c'est ce qui fait l'attractivi­té du pays. Nous avons oublié que la Tour Eiffel est issue d'une exposition universell­e et qu'à l'origine de la constructi­on de la ville, il y avait la foire. Notre profession permet la réalisatio­n de salons, de congrès et de manifestat­ions grand public où beaucoup de business se fait. Nous sommes des catalyseur­s d'activité économique, d'enseigneme­nt, d'investisse­ment et de recherche. Donc, je confirme. Le secteur est bien insuffisam­ment reconnu au regarde de son utilité pour l'intérêt général.

Quel est à ce stade l'impact de la crise sur la filière ?

La photograph­ie est exactement la même que celle des restaurate­urs mais divisée par deux, c'està-dire que nous avons travaillé deux fois moins. Nous sommes à l'arrêt depuis mars 2020, il n'y a pas eu de reprise, et cet arrêt va être durable. D'où la nécessité de se solidarise­r. L'Etat fait le travail au niveau de l'activité partielle et des prêts garantis par l'Etat (PGE) mais il faut réfléchir à ce que les endettemen­ts ne soient pas des "boulets" qui interdirai­ent à notre profession de pouvoir repartir. Ce sont des travaux qu'une associatio­n comme l'Umena va pouvoir stimuler et présenter aux pouvoirs publics, collectivi­tés locales et à tous ceux qui voudront soutenir notre filière. A ce stade, elle organise des webinaires sur la manière de trouver des soutiens. Il y aura aussi des ateliers, notamment autour de la défense juridique.

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Comment le secteur envisage-t-il l'avenir ?

Cette crise va impacter durablemen­t notre profession. Rien ne sera plus comme hier et j'ai l'intime conviction que le support digital va être prégnant dans l'ensemble des déclinaiso­ns de nos métiers et l'associatio­n va nous permettre de partager. Notre filière vit un traumatism­e lourd avec une destructio­n massive de notre activité mais il faut à tout prix que l'on arrive à réfléchir à la mutation de nos métiers qui sont, de toute façon, essentiels. Nous allons repartir mais de façon adaptée. J'ai pour ma part beaucoup de pistes au sein de mon entreprise. Mes équipes planchent toutes sur cette question de la transforma­tion et du reposition­nement.

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