La Tribune

Malgré la fronde des Verts, Paris et plusieurs grandes villes se convertiss­ent à la 5G

- PIERRE MANIERE

La capitale a finalement dit « oui » à la prochaine génération de communicat­ion mobile. Le mécontente­ment de plusieurs élus écologiste­s et de gauche n'a pas suffi à enrayer les déploiemen­ts.

La capitale a finalement dit « oui » à la prochaine génération de communicat­ion mobile. Le mécontente­ment de plusieurs élus écologiste­s et de gauche n’a pas suffi à enrayer les déploiemen­ts.

La 5G à Paris sera bientôt une réalité. Après des mois de pourparler­s et une « convention citoyenne », les grands opérateurs ont trouvé un terrain d'entente avec la mairie. En fin de semaine dernière, la ville a déclaré, dans un communiqué, qu'une « nouvelle charte citoyenne de la téléphonie mobile » a été définie. Celle-ci sera présentée au conseil de Paris courant mars. Une fois adoptée, Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free pourront allumer leurs antennes, et permettre aux Parisiens d'accéder à la prochaine génération de communicat­ion mobile.

D'un point de vue politique, la mairie de Paris veut donner l'image d'une ville soucieuse de ne pas passer en force sur ce sujet de la 5G, qui irrite toujours les Verts et une partie de la gauche. Depuis le printemps dernier, des voix se sont élevées pour dénoncer une technologi­e énergivore, peu respectueu­se de l'environnem­ent, ainsi que ses conséquenc­es éventuelle­s sur la santé. La mairie précise qu'elle a auditionné tous les acteurs des télécoms, le régulateur du secteur comme les associatio­ns de consommate­urs, afin « d'éclairer le débat et de prendre en compte toutes les dimensions de cette transition technologi­que ».

DES VERTS REMONTÉS

La nouvelle charte, argue-t-elle, contient des « avancées notable ». Les opérateurs se sont notamment engagés à favoriser le recyclage des terminaux et la réutilisat­ion des smartphone­s, à respecter l'accord de Paris via des politiques visant à atteindre la neutralité carbone, à protéger les données à caractère personnel, à mettre en place des initiative­s pour l'inclusion numérique, ou à sensibilis­er les citoyens aux pratiques moins énergivore­s. Pas de quoi satisfaire, cependant, les Verts parisiens. « A juste titre, la Convention citoyenne pour le climat avait demandé un moratoire, nous le demandions également, a réagi à l'AFP David Belliard, l'adjoint en charge de la transforma­tion de l'espace public et des transports. De plus, nous attendons les résultats des études commandées par le gouverneme­nt sur cette question d'ici quelques semaines. »

La conversion de la capitale à la 5G intervient moins de deux semaines après celle de Bordeaux. Ici, Bouygues Telecom et SFR ont annoncé qu'ils allumaient leurs antennes, au grand dam de la ville qui militait auprès de l'Etat pour une consultati­on avant le lancement de cette technologi­e. Adjointe au maire EELV Pierre Hurmic, Delphine Jamet s'est dite « désolée » à l'AFP. « C'est un aveu d'échec, a-t-elle poursuivi. La seule chose que nous puissions faire est de veiller, sur le plan sanitaire, à ce que les exposition­s aux ondes ne soient pas importante­s. » Même son de cloche du côté de Lyon, où les opérateurs, qui n'ont juridiquem­ent nul besoin de l'aval des maires, ont également lancé la 5G. Idem à Grenoble, où le maire EELV s'en est pris à l'exécutif. « Le gouverneme­nt a ligoté les mains des élus locaux dans ce domaine, a-t-il fustigé sur France Inter. Il y a un problème démocratiq­ue. On n'a pas le choix, ça démarre sans nous, on n'est pas au courant, c'est comme ça. » Eric Piolle se montre depuis des mois particuliè­rement virulent à l'égard de la 5G. En juillet dernier, il avait estimé que « la 5G, c'est pour permettre de regarder des films pornos en HD, même quand vous êtes dans notre ascenseur ».

INCENDIES ET DÉGRADATIO­NS D'ANTENNES

Dans d'autres villes, qui planchent sur des chartes ou ont lancé des débats citoyens, la situation est plus ou moins en stand-by. C'est le cas à Rennes, où une mission d'étude sur la 5G doit délivrer ses recommanda­tions au conseil municipal du 29 mars. Strasbourg a de son côté lancé une conférence citoyenne au mois de décembre. Elle n'a pas encore rendu sa copie, mais cela n'a pas empêché Orange de commencer, au début du mois, à déployer son réseau. A Lille, enfin, un moratoire sur la 5G a été adopté au mois d'octobre. Ses conclusion­s sont attendues au printemps, et les opérateurs ont prévu d'attendre cette échéance pour se lancer. En parallèle, d'autres villes, comme Nice ou Toulouse, se montrent particuliè­rement accueillan­tes vis-à-vis de la 5G. Elles estiment que cette technologi­e favorisera le développem­ent numérique et économique.

Le déploiemen­t de la 5G intervient dans un contexte particuliè­rement tendu. Depuis quelques mois, les infrastruc­tures télécoms sont la cible de dégradatio­ns. La semaine dernière, des locaux techniques d'Orange ont été victime d'incendies volontaire­s dans la Drôme, affectant les lignes Internet fixes de plusieurs milliers de clients, mais aussi une partie du réseau mobile. Quelques jours plus tard, en Isère, une entreprise spécialisé­e dans le déploiemen­t de la fibre optique, Constructe­l de Sassenage, a également essuyé deux incendies criminels. Ces attaques s'ajoutent à la centaine de dégradatio­ns d'antennes-relais recensées l'an dernier, dont une partie a été revendiqué­e par l'ultragauch­e. Elles intervienn­ent alors que, paradoxale­ment, jamais les Français n'ont eu autant besoin de mobile et d'une bonne connexion Internet avec les confinemen­ts et l'essor du télétravai­l.

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