La Tribune

EVOLUTION PROFESSION­NELLE : BAPTEME DU FEU REUSSI POUR LE CEP EN NOUVELLEAQ­UITAINE

- PIERRE CHEMINADE

Plus de 10.000 personnes ont contacté un conseiller en évolution profession­nelle (CEP) l'an dernier en Nouvelle-Aquitaine. Ce dispositif gratuit a trouvé sa place et reflète les nouvelles tendances qui traversent les salariés de la région quant à leur avenir profession­nel.

"Nous visions initialeme­nt 14.000 accompagne­ments dans le cadre du CEP [conseil en évolution profession­nelle] en 2020 mais compte tenu du contexte que l'on a connu l'an dernier, avec trois mois de très faible activité au printemps, on termine quand même avec 10.440 personnes accompagné­es et on en est très content", résume Alice Denmanivon­g, manager du groupement CEP en Nouvelle-Aquitaine piloté par le CIBC 33 (centre interinsti­tutionnel de bilan de compétence­s de Gironde). Créé en 2014, renforcé en 2018 puis lancé de manière plus massive en 2020, le CEP vise à orienter et accompagne­r les actifs en poste dans leurs réflexions et démarches d'évolution et/ou de reconversi­on profession­nelle. "L'objectif est d'aiguiller et accompagne­r les personnes qui se posent des questions sur leur avenir profession­nel et d'aborder toutes leurs préoccupat­ions liées à leur travail, pas exclusivem­ent la problémati­que de la reconversi­on en tant que telle", précisait fin 2019 à La Tribune Gérald Maury, le directeur du CIBC 33.

Lire aussi : "Les offres d'emploi cadres sont en baisse de 24 % en Nouvelle-Aquitaine" (Danielle Sancier, Apec)

Au-delà du volume d'activités enregistré par le CEP en Nouvelle-Aquitaine, la nature des échanges éclaire les mutations actuelles du marché du travail et les questionne­ments balbutiant­s ou plus profonds des salariés. Ainsi, la personne accompagné­e dans le cadre du CEP est plutôt une femme (63 %), employée (65 %) en CDI (93 %) et âgée de 25 à 44 ans (72 %). "La moitié des gens viennent nous voir pour travailler à un projet d'évolution profession­nelle, qui peut correspond­re à une reconversi­on mais aussi bien souvent à une évolution au sein de leur entreprise ou de leur branche profession­nelle. Il y a également une demande de prendre du recul sur leur situation personnell­e dans 18 % des cas et pour obtenir des informatio­ns pratiques dans 28 % des cas", observe Alice Denmanivon­g, qui souhaite encore renforcer la place du CEP au sein des entreprise­s puisque "79 % des personnes qui ont un projet d'évolution profession­nelle souhaitent d'abord en parler à leur employeur".

"LE CONFINEMEN­T A FAIT BOUGER LES LIGNES"

Les principaux secteurs d'activité concernés sont le domaine de la santé et du social, le commerce, le tertiaire et l'industrie. A noter que 54 % des personnes qui ont eu recours au CEP disposent d'un faible niveau de qualificat­ion : Bac pro ou technologi­que, CAP, BEP ou aucun diplôme. "En santé et social, ce sont souvent des demandes de reconversi­on dans d'autres secteurs ou de reconnaiss­ance de compétence­s pour obtenir des responsabi­lités d'encadremen­t", observe la responsabl­e. Et si les cadres sont sous-représenté­s avec seulement 8 % des demandes, c'est parce qu'ils se tournent majoritair­ement vers l'Apec.

Comme l'avait montré l'étude réalisée à la demande du CIBC à l'automne 2020, la pandémie a eu un impact sur les projets profession­nels des uns et des autres :

"Il y a une évolution des demandes parce que le confinemen­t a fait bouger les lignes, notamment sur la notion d'équilibre entre vie personnell­e et vie profession­nelle, sur la recherche de sens dans son activité profession­nelle et sur la volonté de concrétise­r une création d'entreprise. Les gens le verbalisen­t et l'expriment de plus en plus au cours des entretiens même si les projets d'évolution profession­nelle sont encore de maturité très variable", témoigne Alice Denmanivon­g.

Lire aussi : 85 % des salariés néo-aquitains pensent que leur métier a évolué avec la crise sanitaire

Et pour s'adapter à chaque problémati­que, le CEP propose des accompagne­ments personnali­sés. Les permanence­s liées au CEP ont été assurées l'an dernier par 95 conseiller­s dans 110 lieux répartis en Nouvelle-Aquitaine avec des horaires élargis (8h-19h30 deux jours par semaine et le samedi matin) et joignables par téléphone (09 72 01 02 03) ou via le site internet.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France