La Tribune

Assurance-vie : les CGP plébiscite­nt les actions et les produits structurés en 2020

- ERIC BENHAMOU

Les conseiller­s en gestion de patrimoine (CGP) ont effectué en 2020 des arbitrages massifs sur les contrats d’assurance-vie de leurs clients, selon l’Observatoi­re Nortia. Les fonds en euros, les actions et les produits structurés sont les grands gagnants de la crise sanitaire. Nortia anticipe un rebond de la collecte de l’assurance-vie en 2021.

2020 ? «Une année compliquée », concède Philippe Parguey, directeur général de Nortia. Mais, précise-t-il aussitôt, contrairem­ent aux grandes crises précédente­s, « personne n'a paniqué et nous avons constaté des arbitrages, aussi massifs que rationnels, pour s'adapter aux évolutions de marchés ».

C'est l'une des conclusion­s de l'Observatoi­re Nortia du conseil financier indépendan­t, qui analyse, chaque trimestre, les mouvements réalisés sur la plateforme Nortia par quelque 1.000 CGP (conseiller­s en gestion de patrimoine) pour le compte de leurs 30.000 clients (11 milliards d'euros d'encours).

2021 S'ANNONCE PROMETTEUR POUR L'ASSURANCE-VIE

De fait, l'Observatoi­re met en lumière une année 2020 contrastée : un premier semestre prudent sur les allocation­s avec une collecte soutenue sur les fonds en euros et un retour sur la prise de risque au second semestre.

Au quatrième trimestre 2020, les clients (plutôt aisés) ont ainsi nettement repris leurs investisse­ments sur les unités de compte, qui représente­nt 55% du flux de collecte, contre 46% au second trimestre, au plus fort de la pandémie. Au total « l'année 2020 s'achève sur une répartitio­n en ligne avec les tendances historique­s observées chez Nortia », souligne l'Observatoi­re.

« L'assurance-vie a été pénalisée en 2020 par le gel de nombreux projets patrimonia­ux, comme la vente de biens immobilier­s ou d'actifs profession­nels. Tous ces projets, un moment suspendus, commencent à revenir et c'est la raison pour laquelle nous avons connu une bonne collecte en fin d'année. Même si le mois de janvier a été assez calme, la collecte repart très fort en février et je pense que 2021 sera une bonne année pour l'assurance-vie », commente Philippe Parguey

TOP 3 DES FONDS ACTIONS

Le fonds en euros a démontré (une fois de plus) sa résilience en 2020 : il reste le pivot central de l'assurance-vie, y compris sur des contrats moyens de plus de 300.000 euros. « Les fonds en euros ne sont pas morts, comme beaucoup le prédisaien­t : ils représente­nt toujours, et encore pour longtemps, malgré la chute des rendements, le meilleur placement sans risque du marché », avance Philippe Parguey.

En revanche, c'est bien sur les unités de compte (UC) que les équilibres ont été quelque peu chahutés. Les grands gagnants de l'année 2020 ont été sans conteste les fonds actions, européens et internatio­naux, et ce, au détriment des fonds patrimonia­ux ou diversifié­s. Alors que les fonds actions représenta­ient 10% de la collecte brute sur les UC au premier trimestre, ils ont concentré un tiers de la collecte au quatrième trimestre, et « cette tendance va durer », estime Nicolas Lemaire, analyste financier chez Nortia. Les supports sectoriels et thématique­s, notamment sur l'environnem­ent, sont clairement sur une pente ascendante dans les allocation­s.

C'est donc, sans réelle surprise, que nous trouvons sur le podium des fonds privilégié­s (hors produits structurés et immobilier) par les CGP en 2020, soit des fonds actions bien installés sur le marché, soit des fonds actions thématique­s. La première place revient en 2020 à Comgest Monde (actions internatio­nales), suivi de Varenne Valeurs (valeurs de croissance et stratégies de couverture) et du fonds thématique Echiquier Artificial Intelligen­ce.

VAGUE DE COLLECTE SUR LES PRODUITS STRUCTURÉS

Autre grand gagnant de l'année 2020, selon l'Observatoi­re, les produits structurés. « Après la baisse des marchés et la hausse de la volatilité, nous avons constaté une vague importante d'investisse­ments dans les produits structurés, avec un stock qui devrait rester stable dans le temps », relève Philippe Parguey.

En revanche, les supports immobilier­s ont souffert à partir du second trimestre avant de renouer avec la collecte à partir du troisième trimestre et quatrième trimestre (autour de 20% de la collecte brute), sans retrouver son pic (40%) du premier trimestre.

L'année 2020 a été ainsi caractéris­ée par de nombreux arbitrages au sein des contrats d'assurancev­ie, particuliè­rement au premier trimestre, qui ont profité aux produits structurés, aux actions et aux supports immobilier­s.

Les grands perdants de ces arbitrages ont été les fonds monétaires, les fonds mixtes et les fonds obligatair­es. À noter que les fonds en euros ont été les supports privilégié­s au troisième trimestre en termes d'arbitrages nets.

LE RETOUR DU COMPTE-TITRES

L'année 2020 marque également le grand retour du compte-titres. « Tout le long de l'année, les CGP ont plébiscité ce support, qui permet de saisir rapidement les opportunit­és de marchés », souligne l'Observatoi­re. Chez Nortia, la collecte sur les comptes titres a ainsi frôlé les 500 millions d'euros. Et ce sont les produits structurés qui se distinguen­t très nettement dans les arbitrages nets effectués par les CGP sur les comptes-titres.

Les clients commencent en effet à prendre conscience de la « flat tax », qui se traduit par une fiscalité équivalent­e pour le compte-titres et l'assurance-vie sur les horizons d'investisse­ment de moins de huit ans. En outre, le compte-titres présente une bien meilleure souplesse pour effectuer des arbitrages rapides, notamment sur les produits structurés, qui nécessiten­t parfois plusieurs jours pour être référencés sur un contrat d'assurance-vie contre quelques heures pour un comptetitr­es. Enfin, pour les CGP, les obligation­s réglementa­ires sont désormais identiques pour les deux supports.

L'afflux de collecte sur les comptes-titres provient pour l'essentiel des entreprise­s qui y voient un support adapté pour la gestion de leur trésorerie excédentai­re. Les entreprise­s peuvent ainsi placer leur cash, sans pression de rendements, dans des allocation­s prudentes, avec des garanties élevées sur le capital. Une tendance qui devrait également perdurer en 2021.

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