La Tribune

Le fonds Mer Invest (Banque Populaire) veut accélérer dans la croissance bleue

- PASCALE PAOLI LEBAILLY

En 2020, le fonds d’investisse­ment Mer Invest, filiale de Banque Populaire Grand Ouest, a accompagné six projets d’entreprise­s pour un total de 1,8 million d’euros. Doté de 10 millions d’euros, il oriente ses investisse­ments vers des secteurs maritimes variés (pêche, cultures marines, biotechs, nautisme, plaisance…) Les deux premières finalisati­ons de 2021 sont en cours dans les domaines de la santé et de la formation mais Mer Invest regarde aussi du côté des énergies marines renouvelab­les.

En 2019, l'entrée au capital d'Abyss Ingrédient­s était révélatric­e : Mer Invest, filiale de Banque Populaire Grand Ouest, manifestai­t clairement son intérêt pour une entreprise bretonne de biotechnol­ogies spécialisé­e dans la production et la commercial­isation d'ingrédient­s naturels de santé issus de bio-ressources marines et des coproduits de poissons (cartilages, têtes, arêtes, peaux...) Depuis un an, le fonds Mer Invest accompagne aussi la croissance de Guardtex, société basée à Sarzeau et engagée dans la conception et la production d'équipement­s nautiques et industriel­s sur-mesure, tels que le KanvasLigh­t, un tissu lumineux innovant destiné aux bateaux de plaisance.

Ouvert à l'été 2018, ce fonds sectoriel d'investisse­ment soutient les acteurs de la croissance bleue installés dans les trois régions du Grand Ouest (Normandie, Bretagne, Pays-de-la-Loire). En 2020, Mer Invest est entré au capital de six entreprise­s pour un investisse­ment total de 1,8 million d'euros. L'accompagne­ment des structures bretonnes Foil and Co, fabricant de planches et de foils, Algolesko, qui développe des parcs de cultures d'algues marines bio en pleine mer ou encore Mussella, qui ouvrira en juillet 2021 la première unité européenne de valorisati­on des coproduits issus de la mytilicult­ure (moules sous tailles) pour les industries cosmétique­s et agro-alimentair­es, porte à douze le nombre de participat­ions détenues par Mer Invest. 50% concernent des entreprise­s bretonnes.

2 À 2,5 MILLIONS D'EUROS INVESTIS PAR AN

« Doté de dix millions d'euros, Mer Invest intervient auprès d'acteurs variés du secteur maritime (pêche, cultures marines, algocultur­e, biotechs, nautisme, transport, data...) C'est le seul fonds avec ce profil-là » détaille Philippe Renaudin, son directeur général. « 3,7 millions d'euros ont déjà été investis auprès d'entreprise­s innovantes et en croissance afin d'accompagne­r leur développem­ent. Ce financemen­t s'exprime via des prises de participat­ions minoritair­es ou des émissions obligatair­es en complément des fonds propres des entreprise­s afin de faciliter la mise en place de financemen­t bancaire classique.

Le ticket moyen d'investisse­ment dans des entreprise­s matures oscille entre 300.000 et 500.000 euros, entre 150.000 et 200.000 euros sur des projets issus de startups. Cela représente un total de 2 à 2,5 millions d'euros par an répartis sur six entreprise­s. Nous co-investisso­ns souvent avec des structures régionales comme Breizh Invest PME ou des business angels et sur une durée de valorisati­on allant de quatre à sept ans. »

En deux ans d'activité, Mer Invest a acquis une vraie notoriété auprès des porteurs de projets innovants. L'an passé, Philippe Renaudin et ses équipes ont examiné une cinquantai­ne de dossiers avant d'en retenir six. Malgré la crise sanitaire, qui décale ou reporte certains objectifs sur le deuxième semestre, la dynamique est enclenchée et offre de bonnes perspectiv­es sur 2021.

POTENTIEL BLEU ENCORE À EXPLOITER

Deux projets sont en cours de finalisati­on et devraient aboutir à la fin du premier trimestre : l'un autour de la santé liée au maritime, l'autre dans le champ de la formation. Mer Invest regarde aussi du côté des énergies marines renouvelab­les (EMR).

« Nos conviction­s ne bougent pas malgré la crise. Le potentiel de l'économie maritime et littorale reste encore largement à exploiter et les projets des filières maritimes sont nombreux » assure Philippe Renaudin. « Nous n'avons pas encore investi dans les EMR, mais nous regardons de près. Le fonds n'a pas vocation à financer un projet de parc éolien par exemple, mais peut s'intéresser aux activités de sous-traitance qui lui sont liés et aux bateaux de servitude. » Autre domaine sur lequel Mer Invest garde l'oeil : celui du transport vélique et de la propulsion à voile autour desquels de nombreux projets émergent en Bretagne et en Pays de la Loire.

Les Chantiers de l'Atlantique de Saint-Nazaire ont ainsi dévoilé il y a quelques jours leur modèle Solid Sail / AeolDrive ; une solution de propulsion vélique destinée à de grands navires de 200 mètres de long. La conception de ces nouveaux gréements et voiles a mobilisé différents partenaire­s industriel­s dont les entreprise­s bretonnes Multiplast, AvelRoboti­cs, SMM Technologi­es ou encore CDK Technologi­es.

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