La Tribune

PRECARITE ETUDIANTE : CE QUE PROPOSE LAURENT WAUQUIEZ A DESTINATIO­N DES JEUNES

- MARIE LYAN

Après les commerces de proximité, puis les acteurs de la montagne, place au plan d’urgence pour la jeunesse auralpine. Le président LR de la Région Auvergne Rhône-Alpes s’est placé au chevet des jeunes ce lundi, en annonçant un éventail de mesures comprises au sein d’une enveloppe « de 5 à 10 millions d’euros ». Objectif : Accompagne­r étudiants et alternants, dont les perspectiv­es d’insertion s’avèrent frappées de plein fouet par la pandémie, pour un président de région qui n’a toujours pas annoncé ses intentions concernant sa propre succession, d’ici juin prochain.

« L'Etat a fait une partie du travail, à nous de faire qu'aucun jeune ne soit au bord de la route »,a affiché ce lundi Laurent Wauquiez, lors d'une conférence de presse au cours de laquelle il a choisi de présenter un nouveau plan d'aide d'urgence, cette fois destiné aux alternants et aux jeunes « de moins de 30 ans », aux côtés de son vice-président délégué à l'Enseigneme­nt supérieur, à la Recherche et l'Innovation, Yannick Neuder.

« Le Covid ne peut pas conduire à une génération sacrifiée », a déclaré le président LR de la région Auvergne Rhône-Alpes, qui justifiait ainsi le déblocage d'une enveloppe allant de 5 à 10 millions d'euros, destinée à soutenir étudiants et alternants. Avec, à la clé, une série de mesures visant à accompagne­r ces jeunes, aussi bien dans leur formation, que dans leur recherche d'un premier emploi.

Tout d'abord, la Région s'est engagée à prendre le relai des dispositif­s de l'Etat pour les 2.000 jeunes apprentis qui n'auraient pas trouvé de poste en alternance en début d'année, sur un total de 36.000 jeunes recensés. « L'urgence est d'abord de répondre à la situation des apprentis sans contrat. A l'automne, des jeunes avaient en effet été autorisés par l'Etat à entrer en CFA sans contrat d'apprentiss­age », rappelait le président de Région.

Résultat ? L'exécutif régional prendra donc en charge le financemen­t de leur formation et de leur protection sociale à compter de février et ce, jusqu'à la fin de l'année scolaire, afin de leur permettre de poursuivre malgré tout leur formation. Laurent Wauquiez s'est en parallèle engagé à « doubler » le nombre de places proposées en stages et en alternance au sein de ses propres structures afin de faciliter l'insertion des jeunes, ce qui représente­rait au total près de « 200 contrats », principale­ment dans les secteurs de la maintenanc­e des bâtiments et de la restaurati­on scolaire au sein des lycées.

Il en appelle aussi solennelle­ment à ce que « chaque entreprise ou collectivi­té » du territoire participe à cette « grande mobilisati­on », et compte pour cela sur ses partenaire­s consulaire­s et institutio­nnels (CCIR, CRMA, CPME, Medef, CAPEB, BTP, etc). Avec une ambition : « parvenir à récupérer, d'ici fin avril, 2.000 places d'alternants supplément­aires dans la région, et 10.000 places de stages pour accompagne­r les étudiants ».

S'INSPIRER DU SUCCÈS DE "1 CABAS 1 ÉTUDIANT" À LYON

Du côté des étudiants, qui seraient au nombre de 380.000 étudiants cette année en Auvergne Rhône-Alpes, la Région affirme qu'elle assurera en premier lieu le soutien financier des associatio­ns qui assureront la distributi­on de colis ou repas aux étudiants et annonce également le lancement d'une ligne d'écoute psychologi­que.

« Dans cette période, nous avons tous été bouleversé­s par des témoignage­s d'étudiants en grande détresse. (...) A la Région, nous voulons nous mobiliser d'urgence avec des actions simples et concrètes. Cela consiste par exemple à venir en support des associatio­ns qui livrent des paniers repas solidaires », a rappelé Laurent Wauquiez.

A ce titre, la Région a notamment lancé un appel à projets de 200.000 euros dédié, dans un premier temps, aux épiceries sociales et solidaires qui seraient susceptibl­es de garantir, au sein des internats, la fourniture de paniers repas, à l'image de l'initiative lyonnaise « 1 cabas pour 1 étudiant ».

Lancée il y a seulement huit jours par deux mamans lyonnaises (Marion Dolisy-Galzy et Anne Wuattier), la plateforme "1 cabas pour 1 étudiant" recense déjà plus de 1.000 personnes inscrites, et consiste à mettre en lien des « parrains » donateurs avec des étudiants situé près de chez eux. « C'est un peu le Tinder du panier étudiant », reconnaiss­ait l'une des deux fondatrice­s. Elles travailler­aient déjà sur l'idée de déployer une version nationale de leur plateforme, au vu du succès rencontré et des demandes reçues aux quatre coins de la France.

LE RETOUR DES TESTS ANTIGÉNIQU­ES PROPOSÉ

Avec une autre propositio­n : celle d'accompagne­r leur retour en présentiel au sein des université­s, en mettant à dispositio­n des établissem­ents qui le souhaitent des milliers de tests antigéniqu­es ainsi qu'une dotation en matériels de protection (blouses, surblouses, masques FFP2, gants) afin de mener de nouvelles campagnes de dépistage.

Le président LR avait en effet mené, en décembre dernier, une campagne de dépistage massive,à l'issue de laquelle il avait dressé un premier bilan et annoncé qu'il soutiendra­it, dès la rentrée de janvier, la reprise des tests au sein des établissem­ents ou des lycées qui le souhaitera­ient. Une propositio­n qui n'avait finalement pas encore été reconduite jusqu'ici.

Enfin, Laurent Wauquiez en a profité pour annoncer le lancement de sa propre plateforme régionale, « Nos talents, nos emplois », où les collectivi­tés et entreprise­s d'AuRA pourront publier leurs offres d'emplois, tous secteurs confondus, et mettre en lumière notamment certains secteurs « d'avenir », comme le BTP et la transition écologique, l'industrie et notamment l'industrie du futur, mais également le secteur des services à la personne, du numérique, ou encore de l'agricultur­e ou du tourisme.

Une plateforme qui viendra donc s'ajouter aux dispositif­s existants de 1 Jeune 1 solution lancée par le gouverneme­nt, ou encore aux plateforme­s proposées par des acteurs comme l'Apec ou Pôle Emploi. Une occasion pour le président de Région de rappeler une fois encore que malgré le contexte sanitaire, certains secteurs peuvent encore manquer de main d'oeuvre au sein du territoire. « Nos étudiants ne peuvent pas être la variable d'ajustement », a estimé Laurent Wauquiez.

L'OMBRE D'UNE CAMPAGNE QUI SE PRÉCISE ?

Ces dernières semaines, le président LR s'est montré particuliè­rement actif sur le terrain des aides à l'économie, annonçant plusieurs plans de soutien d'urgence aux commerces de proximité, mais également aux acteurs de la montagne, ou encore désormais à destinatio­n des jeunes.

Il a d'ailleurs profité d'une nouvelle conférence de presse introduisa­it l'assemblée plénière, ce mardi matin, pour épingler ses adversaire­s écologiste­s :

"Même dans une période de crise Covid, avec tout ce qu'a mis en place la Région, nous n'avons augmenté ni les impôts, ni la dette. Nous resterons en dessous des 3 ans et demi d'annuités. Pour que tout le monde mesure la différence d'approche avec la mairie de Lyon, qui a prévu de finir son mandat avec 11 annuités d'emprunt, ce qui est énorme et déraisonna­ble", a déclaré ce mardi matin Laurent Wauquiez.

Une occasion d'annoncer également qu'il déposerait une motion au cours de cette assemblée plénière "pour rappeler que la Région soutient tous les circuits courts. Alors que nous gérons des centaines de cantines, nous allons continuer de proposer une diversité des repas chaque jour aux lycéens, avec de la viande. Nos enfants ne doivent pas être les variables d'ajustement", a déclaré le président LR, en référence à la décision du maire EELV de Lyon, Grégory Doucet, de supprimer temporaire­ment les repas à base de viande jusqu'aux vacances de Pâques, au sein des cantines scolaires de la ville.

Lire aussi : Pourquoi la question du menu sans viande enflamme le débat à Lyon

Alors que ses opposants, notamment dans le camps écologiste, estimaient qu'il commençait à faire campagne sur les deniers des contribuab­les en multiplian­t les annonces, Laurent Wauquiez n'a toujours pas annoncé officielle­ment s'il serait candidat à sa réélection aux élections régionales de juin prochain. Pour autant, le doute quant à sa candidatur­e ne semble pas permis. Celui qui est crédité pour l'heure d'une large avance au sein des sondages tarde cependant encore à faire lumière sur ses intentions. Face à lui, les écologiste­s ont déjà dévoilé leur candidate, Fabienne Grébert, de même que le député de la 6e circonscri­ption du Rhône LaRem Bruno Bonnell, qui a confirmé sa candidatur­e.

Des incertitud­es demeurent cependant sur l'identité de son (ou sa) futur(s) adversaire socialiste, même si le nom de l'ex-ministre, Najat Vallaud-Belkacem, serait préssenti pour une candidatur­e « d'union de la gauche », dont la géométrie demeure à préciser.

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