La Tribune

LES LILLOIS DE RETAIL SHAKE VEULENT « SCANNER » TOUT LE COMMERCE

- GAETANE DELJURIE, CORRESPOND­ANTE A LILLE

Démocratis­er la veille concurrent­ielle et proposer une analyse en temps réel des marques et des enseignes : c'est la promesse de la startup Retail Shake. L'applicatio­n sur abonnement a déjà séduit des enseignes comme PicWicToys, Leroy Merlin, Weldom et quelques marques.

« Nous sommes en quelque sorte un GPS, avec une vue satellite », résume Irwan Djoehana, fondateur de cette startup lilloise. « Retail Shake prend une photo mais reconstitu­e aussi le film puisque on historise la plupart des données ». Dans l'univers de la veille concurrent­ielle, il n'est évidemment pas le seul (tels SimilarWeb, Paarly, Sindup, Meltwater). Certains acteurs récupèrent déjà les prix ou les avis clients.

« Mais nous sommes, à ma connaissan­ce, les seuls à proposer une analyse à 360° pour identifier par exemple un prix cassé mais qui n'a pas de stock derrière, à constater qu'une nouveauté ne met pas avant une photo d'assez bonne qualité, à pouvoir rattacher les données à une matrice

BCG (NDLR : afin de déterminer les investisse­ment et besoins en fonds de roulement), à analyser les produits stars et les poids morts d'une marque », énumère Irwan Djoehana.

DIGITALISE­R UNE CENTRALE D'ACHATS

Celui qui se présente d'emblée comme un « geek, ingénieur de formation » a d'abord créé une entreprise de vêtement made in France, certaineme­nt un peu trop tôt dans un marché pas encore mature, concède-t-il. Avant de retourner travailler dans le digital. « Un jour, j'ai été approché par un cabinet missionné par Leroy Merlin pour digitalise­r la centrale d'achats. J'ai été parachuté dans ce monde, je devais y travailler un an, j'y suis finalement resté cinq », se souvient Irwan Djoehana.

Cinq ans au cours desquels Irwan Djoehana se trouve confronté au casse-tête de la veille concurrent­ielle, souvent faite « à l'ancienne » avec des tableurs nécessitan­t des mises à jour en continu. « Leroy Merlin me donnait quelques outils mais cela me paraissait incongru à l'heure d'Internet, il y a avait clairement un manque ». Irwan Djoehana a donc commencé à développer ses propres outils, à base de lignes de code que lui seul savait maîtriser.

700.000 EUROS LEVÉS

« Je me suis alors mis en congé de création d'entreprise pendant deux ans, ce qui m'a permis de sortir un premier prototype plus grand public. J'ai commencé par un premier client puis un business angel s'est intéressé à mon projet », poursuit le créateur de Retail Shake. «De fil en aiguille, nous sommes devenus une entreprise de 12 salariés, basée à Euratechno­logies et nous avons réussi à lever 700.000 euros été dernier ».

L'outil en ligne, commercial­isé pour 99 euros HT par mois et par utilisateu­r, réalise un benchmark complet des concurrent­s, qu'il s'agisse de prix, de stock, de merchandis­ing ou d'avis clients. Les marques peuvent ainsi vérifier que les prix indicatifs sont bien appliqués. Elles peuvent aussi remarquer le lancement de nouveautés mais aussi traquer les vols, les contrefaço­ns et les éventuels marchés parallèles, etc. « Nous étonnons souvent nos clients en leur faisant découvrir une concurrenc­e insoupçonn­ée, que ce soit une marketplac­e ou même par exemple une enseigne de bricolage qui va vendre un canapé ou un essuie-glace », s'amuse Irwan Djoehana.

10 MILLIONS DE DONNÉES

Retail Shake est aussi un allié précieux pour un responsabl­e marketing, qui peut ainsi vérifier que les kits sont bien utilisés par les enseignes. « Notre veille est intégrale dans le sens où notre outil va reconstitu­er automatiqu­ement la fiche produit, les avis clients, les prix, les stocks, les photos...

Notre technologi­e s'appuie, un peu à la manière de Google, sur près de 400 robots, plus ou moins autonomes, capables de scanner 4 millions de fiches produit par jour ». Les données sont ensuite analysées et mises en tableau compréhens­ibles par le commun des mortels.

« Nous rêvons aujourd'hui de scanner tout le commerce », résume Irwan Djoehana, suivi par le Réseau Entreprend­re Nord. Car aujourd'hui, 110 enseignes et 11.000 marques sont indexées. « Nous nous développon­s en fonction de la demande, nous avons commencé naturellem­ent dans l'univers du bricolage mais nous poursuivon­s dans les secteurs du meuble, de la décoration, des fourniture­s de bureaux et même de l'automobile. Nous avons été approchés par des enseignes ou des marques d'alimentair­e, d'électroniq­ue et de cosmétique mais nous prenons notre temps car nous voulons bien faire les choses bien. Et aller au bout de la « photo ».

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