La Tribune

SAINT-ETIENNE, DEMONSTRAT­EUR DU NOUVEAU TEST SALIVAIRE DE LA STARTUP BIOSPEEDIA

- STEPHANIE GALLO TRIOULEYRE

La spin-off de l'Institut Pasteur, BioSpeedia, déploie cette semaine sa nouvelle innovation à Saint-Etienne, à l'occasion d'une campagne de dépistage massif du Covid-19 : un protocole associant prélèvemen­t salivaire et léger auto-prélèvemen­t dans les narines, pour une fiabilité annoncée à 90%. BioSpeedia mise sur la réussite de cette démonstrat­ion "grandeur nature" pour envisager ensuite un plus large déploiemen­t à l'échelle national.

Ce lundi, le top départ de la seconde vague de dépistage massif a été donné à Saint-Etienne. Sur le premier épisode, en décembre dernier, moins de 10.000 personnes s'étaient déplacées, soit un quart seulement des chiffres ambitieux que comptaient atteindre la Ville de Saint-Etienne, la Préfecture et l'ARS Auvergne-Rhône-Alpes.

Echaudés, les organisate­urs n'annoncent pas de jauge chiffrée pour cette nouvelle opération mais espèrent des résultats boostés par une innovation : celle portée par le CHU de Saint-Etienne et la startup stéphanois­e Biospeedia, spin-off de l'Institut Pasteur, créée en 2011.

Biospeedia avait déjà fourni les tests antigéniqu­es utilisés lors du dépistage massif du mois de décembre. Cette fois, elle met en place des tests PCR salivaires, via un auto-prélèvemen­t non invasif.

UN AUTO-PRÉLÈVEMEN­T SALIVAIRE MOINS CONTRAIGNA­NT

Cette technologi­e n'est pas encore homologuée par l'Etat, mais le Ministère de la Santé et l'ARS ont donné leur feu vert pour ce dépistage sollicité par le maire de Saint-Etienne, Gaël Perdriau. Celui-ci devant justement permettre de valider, à grande échelle, sa fiabilité avant un déploiemen­t national et internatio­nal.

"Les dépistages massifs sont freinés par les appréhensi­ons liées aux prélèvemen­ts nasopharyn­gés désagréabl­es. Les tests salivaires sont une bonne réponse sur la technique, mais ils dégradent les performanc­es. Nos chercheurs ont travaillé avec le CHU de Saint-Etienne, comme ils le font depuis la création de BioSpeedia, et ont développé un nouveau protocole", explique Julien Tizot, CEO de la startup.

Patrick Michaud, adjoint au maire de Saint-Etienne, en charge de la Santé, complète : "Il n'y a pas de 'gratouilli­s' désagréabl­es dans le nez. Il suffit de faire un prélèvemen­t de salive et de placer soimême un petit coton-tige à l'entrée de ses narines. Chaque dépistage est supervisé par un personnel soignant formé".

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Avec des résultats délivrés dans un délai de 15 minutes, ces tests offriraien­t aussi un autre avantage : "tous les échantillo­ns, positifs comme négatifs, partiront également en analyse PCR tandis que chaque test positif sera soumis à une recherche systématiq­ue des variants".

L'objectif est clair : prouver la fiabilité de ce nouveau protocole breveté par BioSpeedia, une fiabilité évaluée à 90% en laboratoir­e.

"L'associatio­n de la salive et du prélèvemen­t dans la fosse antérieure des narines permet un haut niveau de performanc­e. Certes, 90%, c'est moins que le test antigéniqu­e par prélèvemen­t nasopharyn­gé que nous avons déjà lancé et qui a une fiabilité de 98%, mais ce nouveau protocole est plus adapté aux dépistages massifs, il permet de lever des freins et de dépister plus de monde", poursuit Julien Tizot.

Ce test est également 10 à 12 fois moins cher que le test PCR par prélèvemen­t naso-pharyngé, une donnée également importante à prendre en compte dans un contexte de dépenses publiques démultipli­ées par la crise sanitaire.

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Ce protocole innovant est doublé d'une nouvelle analyse PCR également développée par BioSpeedia pour détecter les variants, une technologi­e décrite par Julien Tizot comme "bien plus fiable que les autres dispositif­s disponible­s sur le marché".

VERS DES AUTO-TESTS EN PHARMACIE

Si l'expériment­ation est validée, BioSpeedia compte sur un agrément rapide de l'Agence nationale de la Santé puis, notamment, sur un référencem­ent par l'UGAP (Union des Groupement­s d'Achats Publics), qui a déjà validé il y a quelques semaines son test antigéniqu­e. Dans un deuxième temps, la porte pourrait s'ouvrir sur la vente d'auto-tests en pharmacie.

"Aujourd'hui, les auto-tests ne sont pas autorisés en France parce qu'il n'y avait pas de solution fiable", commente le CEO de BioSpeedia. Et d'ajouter : "Si tout se passe bien à Saint-Etienne, si nous pouvons offrir toutes les garanties à l'Etat, les perspectiv­es pour BioSpeedia sont excellente­s. Nous pouvons devenir le test majeur dans les prochains mois, avec des perspectiv­es à plusieurs dizaines de millions d'euros de chiffre d'affaires".

BioSpeedia a déjà réalisé un chiffre d'affaires de 12 millions d'euros, depuis le début de l'année 2021 avec ses 12 salariés. Elle s'appuie sur la PME stéphanois­e DTF pour la distributi­on en pharmacie de ses tests antigéniqu­es et sur le site lyonnais de Delpharm pour la production. Delpharm est spécialisé dans la production de médicament en sous-traitance (17 sites de production, CA : 800 millions d'euros).

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Après une première ligne pouvant produire jusqu'à 1,2 million de tests par mois, les deux partenaire­s vont d'ailleurs passer à la vitesse supérieure en investissa­nt 6 millions d'euros à Lyon dans une ligne entièremen­t automatisé­e, capable de produire 3 millions de tests par mois. L'Etat prendra ainsi en charge 3 millions d'euros dans le cadre du plan France Relance.

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