La Tribune

IMMOBILIER : POURQUOI TOURS ET ORLEANS FLAMBENT

- GUILLAUME FISCHER, A TOURS

Les deux « capitales » du Centre-Val de Loire, ont vu le prix de l’immobilier grimper respective­ment de 5% et 3% en moyenne en 2020. Cette hausse, favorisée par le Covid 19, devrait encore s’accélérer.

Plus de 3.000 euros du mètre carré en moyenne dans l'habitat ancien pour un particulie­r tourangeau, la maison locale type, et 2.650 euros pour un appartemen­t. L'année dernière, les prix de l'immobilier à Tours intra-muros ont cru de 5% après une hausse ininterrom­pue depuis 2016. Et encore, ces chiffres cachent de fortes disparités. « Les tarifs des logements anciens peuvent atteindre 4.500 euros dans l'hypercentr­e résidentie­l comme les quartiers des Prébendes et de la cathédrale, explique Vincent Briand, président délégué de la FNAIM en Indre et Loire. « Dans le neuf, cela peut même grimper jusqu'à 5.000 euros ».

En attestent les trois programmes majeurs de promotion immobilièr­es actuelleme­nt en cours dans le centre-ville de Tours, rue nationale, rue Emile Zola et rue Berthelot dans les anciens locaux de la chambre de commerce et d'industrie. Les futurs appartemen­ts auraient déjà tous trouvé preneurs à ce prix, comparable à celui de résidences de bonne facture à Lyon et à Marseille.

TÉLÉTRAVAI­L ET VALEUR REFUGE

L'explosion des tarifs de l'immobilier à Tours est due essentiell­ement à la baisse récurrente des stocks de logements disponible­s à la vente. La crise sanitaire, qui perdure depuis février 2020, a encore accru le déséquilib­re entre l'offre et la demande. Après les trois mois du premier confinemen­t, le marché est redevenu actif dès le troisième trimestre. « Cette tendance se confirme début 2021, remarque Vincent Briand. A la clé, la généralisa­tion du télétravai­l qui fait croître la demande extérieure. En période de crise, les investisse­urs et particulie­rs locaux plébiscite­nt également l'immobilier comme valeur refuge, les premiers à l'achat, les seconds à la vente ».

De leur côté, les taux bas d'emprunts et l'attractivi­té de la métropole de Tours, bien desservie grâce à son noeud autoroutie­r et au TGV - qui la situe à une heure de Paris -, sont autant d'explicatio­ns structurel­les à la tension actuelle du marché. « En 2021, nous nous attendons encore à une hausse de 5% à 10% dans le centre-ville. Pour trouver des tarifs encore abordables, il faut accepter de s'éloigner dans l'agglomérat­ion proche, comme La Riche assure Vincent Briand. Acheter dans le quartier ancien de Saint-Pierre-des-Corps, qui jouxte le quartier Velpeau de Tours, pourrait également s'avérer une bonne affaire à court terme ».

RATTRAPAGE ORLÉANAIS

La hausse de l'immobilier orléanais, entre 3% et 4% en 2020, répond aux mêmes causes structurel­les et conjonctur­elles. A la proximité de la Capitale, située à une heure par l'autoroute A10, s'ajoutent la qualité de vie et l'absence d'embouteill­ages à Orléans. La baisse de 10% des transactio­ns a conjointem­ent tendu le marché. « Mais à la différence de Tours, les prix n'avaient grosso modo pas bougé depuis la crise financière de 2.008, constate Stéphane Durand, représenta­nt de la FNAIM dans le Loiret, en guise d'explicatio­n. « On n'en n'est donc qu'au début d'un rattrapage qui pourrait atteindre 15% sur deux ans ». L'important tissu économique d'Orléans, de nature à attirer les « expatriés » parisiens, devrait encore amplifier ce phénomène.

« Avec un prix moyen du mètre carré de 2.600 euros et des biens de qualité dès 3.000 euros le m2, la ville reste pour l'instant abordable, poursuit Stéphane Durand. Pour 600.000 euros, vous pouvez acquérir une très belle maison à Orléans pour le prix d'un deux-trois pièces à Paris ».

PLAFOND DE VERRE LOINTAIN

L'augmentati­on des prix de l'immobilier à Tours et Orléans s'inscrit dans un contexte lui-même haussier à l'échelle de la région Centre-Val de Loire. Selon la dernière étude du réseau d'agences immobilièr­es Century 21 sortie en janvier, les prix des appartemen­ts et des maisons y ont cru en moyenne respective­ment de 6,5% et 8,5% l'année dernière. « Les métropoles ne sont plus à cet égard les seules concernées par la demande qui fait croître mécaniquem­ent les prix, explique Vincent Briand. Sans parler d'Amboise, qui a toujours connu un marché dynamique en raison de sa situation et de son patrimoine architectu­ral, d'autres petites villes comme Montlouis ou Mettray en Indre et Loire sont concernées par ce phénomène devenu significat­if ». Avec des prix de l'immobilier qui restent malgré tout abordables compte tenu de leurs atouts, la région Centre-Val de Loire, et Tours et Orléans en particulie­r, sont loin d'avoir atteint le plafond de verre que connaissen­t actuelleme­nt Bordeaux et Nantes, notamment.

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