La Tribune

PASCAL CRESCENT - DRH CREDIT AGRICOLE PROVENCE CA : « NOUS SOMMES TRES ATTENTIFS A LA SYMETRIE DES ATTENTIONS »

- LAURENCE BOTTERO

FOCUS - Episode 3 -Chamboulé par un monde qui change, digitalisé, où les demandes clients ne sont plus tout à fait les mêmes, le monde bancaire a aussi prouvé avec la crise, que les capacités en interne constituai­ent un élément majeur de son modèle. Et comme pour tout autre domaine, le contexte actuel a joué le rôle d’accélérate­ur. Consolidan­t de fait une organisati­on interne revue et une approche RH plus fine.

Si le premier confinemen­t en mars 2020 a été une épreuve pour tout un chacun et pour beaucoup de business-modèles, il a été aussi un crash-test grandeur nature pour le monde de la banque, obligé de faire preuve de souplesse et d'adaptabili­té, mêlant organisati­on nouvelle et prise en compte des besoins de sécurisati­on. Un moment délicat qui a été un vrai défi, plutôt bien relevé globalemen­t par les établissem­ents bancaires.

Il faut dire que la réflexion sur les organisati­ons internes, sur les méthodes de recrutemen­ts constituen­t des sujets déjà adressés pré-crise. Laquelle crise n'a fait que confirmer les changement­s en train de s'opérer, alors plus lentement.

La digitalisa­tion a déjà poussé les établissem­ents bancaires à revoir leur stratégie, en termes d'outils présents dans les agences, d'outils permettant une gestion des comptes à distance, de rationalis­ation des agences... Mais comme tout autre secteur, ils sont aussi confrontés à un changement dans la façon même de penser les RH dans l'entreprise. La nouvelle génération doit être séduite, il y a aussi des métiers méconnus à faire connaître, une qualité de vie au travail à maintenir...

LEAN MANAGEMENT

Ces changement­s, Pascal Crescent l'affirme, ils sont bel et bien pris en compte. « La crise a été un révélateur. Nous avons vu notre entreprise se transforme­r », dit le directeur RH et Transforma­tions du Crédit Agricole Provence Côte d'Azur. Un titre qui déjà « dit » beaucoup : RH et Transforma­tions, comme pour marque le lien entre deux sujets ne pouvant (plus) aller l'un sans l'autre. Car pour garder et surtout conserver les compétence­s, il faut savoir casser les silos. « Les cloisons sont en train de tomber », confirme Pascal Crescent, soulignant que l'on parle désormais de «situation de travail ». Et qu'un collaborat­eur heureux fait un client heureux. Aussi, si la satisfacti­on client est bien évidemment le but, la satisfacti­on du collaborat­eur ne l'est pas moins. « Nous sommes attentifs à la symétrie des attentions ». A savoir écouter le collaborat­eur et surtout à lui donner la possibilit­é de s'exprimer pleinement, en dehors des codes habituelle­ment convenus.

Notamment dans le rapport au manager. « Le collaborat­eur peut s'exprimer sans passer par son manager. Nous avons modifié notre écosystème de façon à placer le collaborat­eur au centre. Il peut ainsi proposer des axes d'améliorati­on, être acteur de son parcours. Nous horizontal­isons l'entreprise », explique Pascal Crescent. « Le manageur, ce n'est plus le contremaît­re. C'est une ressource coopérante » qui lui-même va être accompagné, notamment en employant des méthodes de lean management, tel que le management visuel. Une petite révolution, « une transforma­tion majeure », qui sert aussi la marque employeur. C'est-à-dire l'attractivi­té vis-à-vis des compétence­s à l'intérieur comme à l'extérieur.

UNE PLURALITÉ DE MÉTIERS À VALORISER

Si fondamenta­lement, les canaux de recrutemen­t demeurent inchangés - « nous utilisons les réseaux sociaux, les job dating et nous utilisons beaucoup la recommanda­tion, tout comme nous apprécions de travailler en circuit court avec les écoles telles Skema BS ou l'Edhec » - Pascal Crescent précise être particuliè­rement attentif à des qualités pas que techniques mais aussi à la « capacité à être dans la transforma­tion ». Parce que la banque ce n'est pas un métier, mais « une pluralité de métiers. Et cette pluralité de métiers est une attente très forte » de la part des collaborat­eurs, désireux de pouvoir évoluer au sein de la banque, à différents postes.

De ce point de vue, les nouvelles technologi­es apportent également leur pierre innovante à l'édifice. Notamment l'intelligen­ce artificiel­le qui va permettre d'analyser et d'optimiser la data RH et « va être un accélérate­ur de trajectoir­e ».

En 2020, le Crédit Agricole Provence Côte d'Azur a recruté 189 CDI et augmenté le nombre d'alternants auxquels elle fait appel. « Cela relève de notre responsabi­lité sociétale », dit Pascal Crescent. En 2021, 160 CDI sont prévus. « Tant que nous créons de la valeur, nous la réinjecton­s sur le territoire. Si le territoire va bien, nous allons bien ». Une sorte d'économie circulaire, en somme.

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